Publié le 13 Feb 2015 - 04:16
RENTREE UNIVERSITAIRE 2014-2015 A L’UCAD

Les plaintes et craintes des étudiants

 

A l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, la rentrée universitaire 2014-2015 n’est toujours pas effective. Les cours n’ont pas encore démarré dans plusieurs Facultés et départements, malgré l’instauration de la session unique l’année dernière, laquelle était censée normaliser le calendrier universitaire.

 

De l’affluence, il y en avait mardi dans le hall de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques (FSJP) de l’Ucad. Entre bousculades, échanges de coups de coude, l’ambiance était indescriptible. Tout ce beau monde voulait s’approcher des tableaux d’affichage sur lesquels venaient d’être dévoilés les résultats de la session unique. Les uns accroupis, les autres debout, calepin à la main, affichant des visages sérieux, recopiaient leurs notes inscrites sur des listes aux écritures très petites. A l’entrée principale de la Fac de Droit, même foule. Mais ici, ce sont les nouveaux bacheliers venus se renseigner auprès du service d’accueil, information et orientation qui barraient le passage.

Dans ce tumulte, difficile de voir la mine réjouie d’un étudiant ayant validé toutes ses matières. Ainsi, la désolation était le sentiment le mieux partagé. Si pour les étudiants de l’Ucad ‘’l’échec est la norme et la réussite l’exception’’, depuis quelques années, la session unique contribue grandement à aggraver le taux d’échec. ‘’La session unique était une politique pour réduire les effectifs dans les facultés. Avec ces résultats, beaucoup d’étudiants vont redoubler et d’autres seront tout simplement  exclus’’, fulmine Ibrahima Diouf. L’étudiant dénonce ‘’un manque de sérieux dans les corrections’’.

Dans cet îlot de lamentations, une voix s’élève : « Alhamdoulillah ! J’ai validé par compensation », s’exclame Maguette Guèye, étudiante très joyeuse qui passe en classe supérieure (L 2). Toutefois, se trouvant au beau milieu d’une foule mécontente, la jubilation de cette ancienne élève du lycée Limamoulaye de Guédiawaye ne dure que le temps d’une rose.

Attente insoutenable à la Faculté des Lettres

Ailleurs, à la faculté de Lettres, des étudiants sont toujours dans l’attente des résultats de leurs examens. Ici, l’anxiété règne en maître. Ibrahima Dramé, en Licence 1 au département d’anglais, fait partie de ceux qui attendent  impatiemment d’être fixés sur leur sort. Mais d’ores et déjà, il est très perplexe au regard des résultats publiés dans les autres facultés. « Cette année aussi, nous craignons la même situation que les années précédentes. Au département d’Anglais, les résultats de la Licence 1 ne sont jusqu’à présent pas donnés. L’année dernière, c’était pareil. Au mois de février, nous attendions encore nos résultats », s’offusque-t-il.  A propos de la session unique, ‘’imposée’’ aux étudiants pour sauver l’année, l’étudiant se montre fataliste. « Face à ce forcing de l’Etat, on n’y peut rien. Les rapports de forces sont tels que nous ne pouvons pas nous battre contre l’Etat », dit-il. 

‘’A quelque chose, malheur est bon’’, semblent dire d’autres étudiants, à l’instar de Maïssa Diouf. « Certes les résultats sont catastrophiques avec la session unique, mais elle permettra de gagner en temps pour cette nouvelle année académique. D’habitude, au mois de février, on se prépare pour la session de rattrapage. Mais cette année, c’est le mois pendant lequel nous allons démarrer les cours, en dépit du léger retard que nous déplorons », soutient l’étudiant.  

Au département de Lettres Modernes, les inscriptions pour les nouveaux bacheliers sont lancés depuis lundi et se poursuivront jusqu’au mercredi 11 février. Lundi très tôt, formulaires d’inscription en mains, ils formaient deux longues files devant le nouvel amphi de ladite Fac.

PETIT PORTRAIT D’UN ETUDIANT

Déboires et espoirs d’un étudiant

Agé d’une trentaine d’années, Mamadou Diandiang  Ba est un étudiant en Licence 3 au département de Géographie de la Faculté des Lettres et Sciences humaines de l’Ucad. Depuis  sa chambre au pavillon J, il attend les résultats de la session unique, sans enthousiasme.

Son dernier espoir, il pense le trouver dans les concours. Après un parcours universitaire peu reluisant à la Fac, Mamadou Diandiang Ba désire changer de cap pour aller vers de nouveaux horizons. Le secteur de la Défense et de Sécurité a toujours été le rêve de ce natif de Démabo (Kolda). ‘’J’ai tenté à deux reprises le concours des officiers d’active de Thiès, sans succès‘’, se remémore-t-il, sans pour autant donner le sentiment de s’être lassé. L’année dernière, se souvient-il, il s’apprêtait à faire le concours de la police, malheureusement, celui-ci avait coïncidé avec la session unique dans son département.

 En dépit de ses échecs consécutifs, Diandiang ne baisse pas les bras. ‘’Actuellement, j’attends les résultats des concours de la Fastef et des élèves-maîtres auxquels j’ai participé.’’ Mais en plus, il entend postuler pour les concours de la gendarmerie et de la police.

Conscient de l’avancée de son âge, cet ancien élève du lycée Alpha Mamadou Molo de Kolda regrette certaines erreurs de son passé et envisage de prendre son destin en main. ‘’Avec cette session unique, c’est notre avenir qui est en jeu, en danger. Quand votre âge avance et qu’on vous balance des sessions uniques, qu’on procède à des renvois massifs, il y a quoi s’inquiéter’’, a-t-il laissé entendre.

Haut d’1m 80, d’une mine joviale, Diandiang Ba passe l’essentiel de son temps au campus, dans une migration quotidienne entre sa chambre et le restaurant. Avec ses camarades, il vit en parfaite harmonie même si, reconnaît-il parfois, ‘’il est difficile de demander tout le temps des tickets de restaurant à ses camarades’’. C’est pourquoi, dit-il stoïquement en guise de conclusion : ‘’Je souffre parfois dans le silence, pour ne pas gêner mes amis.’’

MAMADOU YAYA BALDE (STAGIAIRE)

 

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