Les syndicats ouvrent leurs cahiers de doléances
Dialogue social, pacte de stabilité, Ipres et baisse des coûts de certains produits. Voilà un échantillon des sujets abordés hier à l’occasion de la cérémonie de remise des cahiers de doléances.
Les 12 centrales syndicales du Sénégal ont sacrifié hier au traditionnel dépôt de cahiers de doléances au palais de la République, à l’occasion du 1er mai, fête du travail. Représentativité oblige, seuls les secrétaires généraux des 5 premières centrales ont eu droit à la parole. Le reste s’est contenté de déposer le document dans lequel est confiné l’essentiel des revendications. Cette année, les interventions des syndicalistes ont porté sur l’état du dialogue social, les crises dans différents secteurs tels que l’Education, la santé et les collectivités locales et la baisse de quelques produits et services dépendant fortement du carburant.
S’agissant du social, les intervenants ont salué l’existence d’un ensemble de dispositifs mis en place en la matière. Parmi ces instruments figurent le Haut conseil pour le dialogue social, les assises sectorielles, la conférence sociale et surtout le pacte de stabilité sociale et d’émergence économique. A propos de ce dernier, les syndicalistes ont déploré le retard noté dans la mise en œuvre. Sidiya Ndiaye a rappelé que lui et ses camarades avaient salué la volonté et l’engagement du président de la République à dégager le financement nécessaire pour la mise en œuvre effective du pacte.
Mais une année après, le constat est que la réalisation n’est pas au rendez-vous. ‘’Nous déplorons l’absence de suivi. Loin de nous l’idée de remettre en cause votre engagement. Mais, nous estimons qu’il faut demander au gouvernement de prendre les dispositions pour le démarrage effectif de la mise en œuvre’’, a-t-il plaidé. Mademba Sock a lui invité le chef de l’Etat à doter de plus moyens la direction du Travail.
100 millions pour l’élection de représentativité des centrales et des syndicats de l’éducation
Mais avant le démarrage du pacte, il y a une ardoise qu’il urge d’effacer au préalable, estime Cheikh Diop. ‘’Il y a un passif social que nous devons absolument liquider’’, a-t-il soutenu. En guise de proposition, il a préconisé l’organisation des assises sur le passif social. Mamadou Diouf de la CSA lui ne comprend pas que la crise soit la règle, alors que les instruments existent. Il demande ainsi qu’on interroge les comportements pour voir les dysfonctionnements.
Dans son allocution, le Président a rappelé que le dialogue social est la seule condition pour aboutir à une stabilité durable, condition sine qua non d’un développement économique. Il a ainsi invité les centrales à s’approprier le Haut conseil du dialogue social et surtout à y siéger. Pour le financement du pacte, il assure qu’il est en bonne voie. Les 300 millions de subventions de l’année dernière des centrales sont déjà disponibles. Le gouvernement attend juste la clé de répartition devant venir des syndicats, car il ne veut pas s’immiscer dans des affaires internes aux organisations. 600 millions cfa seront inscrits dans une loi de finance rectificative en juin. 100 millions sont également prévus pour une élection de représentativité à la fois pour les centrales et les syndicats de l’éducation.
Régime fiscal spécial pour l’Ipres : Macky dit Non
Autre point abordé, la situation de l’Ipres. Mamadou Diouf et Mody Guiro de la CNTS ont insisté sur les charges fiscales qui, selon eux, pèsent lourd sur l’institution. Il en est de même des saisines dont elle fait souvent l’objet. Les deux secrétaires généraux veulent un ‘’régime fiscal spécial’’ pour l’Ipres, ainsi que ‘’l’insaisissabilité de ses biens mobiliers et immobiliers’’. Et pour mieux appuyer son plaidoyer, Mody Guiro affirme que la boîte a subi un redressement fiscal de 12 milliards et 3 milliards de droits simples et pénalités.
Malgré cette illustration pour conforter l’argumentaire, le chef de l’Etat n’a pas adhéré à la proposition. Il estime que l’Ipres doit payer des taxes pour ses placements. Une réponse qui a poussé le PCA de l’institution à glisser à Macky Sall une note dans laquelle, il lui dit que l’exonération est aujourd’hui une nécessité. Macky Sall l’a lue à haute voix, avant de terminer par dire qu’il verra ce qui peut être fait. Mais quelle que soit la suite réservée à cette requête, le chef de l’Etat estime que le problème est dans la cotisation qui est très basse. Pour lui, pour vivre aisément après la retraite, il faut beaucoup cotiser pendant la vie active. Puisque la pension n’est rien d’autre que le résultat d’une épargne.
Par ailleurs, la baisse des prix du transport, du pain et de l’électricité a été demandée. Le président estime qu’elle doit intervenir, étant donné que les prix du carburant ont assez baissé.
BABACAR WILLANE