Rsf/ Pape Alé Niang
Le directeur du site d’information Dakarmatin, Pape Alé Niang, est placé sous mandat de dépôt depuis mardi dernier. Dans un communiqué, Reporters sans frontières (RSF) ‘’dénonce la persécution judiciaire d’un journaliste critique incarcéré pour la troisième fois en moins d’un an et appelle à sa libération immédiate’’.
Une fois encore, il lui est reproché un live Facebook sur le compte de son médium pour commenter l’arrestation, le 28 juillet, de l'opposant politique Ousmane Sonko. “Pape Alé Niang est particulièrement ciblé par les autorités en raison de son travail journalistique et de son ton critique (...) Cet acharnement judiciaire doit cesser et Pape Alé Niang doit être immédiatement libéré”, demande le Directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF, Sadibou Marong. RSF souligne que ‘’cette nouvelle traque de Pape Alé Niang a commencé le 29 juillet, date à laquelle il reçoit une convocation de la police pour le 30 juillet.
Pourtant, le jour même, il est arrêté chez lui. Sa maison est perquisitionnée. Placé en garde à vue, le journaliste démarre aussitôt une grève de la faim, sa troisième depuis le début de la série d’arrestations le concernant depuis novembre 2022’’. L’organisation rappelle également que ‘’Pape Alé Niang a déjà été injustement arrêté pour, entre autres, ”diffusion d’informations nuisant à la sécurité”. Le journaliste d’investigation a alors entamé, en prison, une grève de la faim. Remis en liberté provisoire en décembre, il a de nouveau été arrêté six jours plus tard et a alors entamé une deuxième grève de la faim pour dénoncer ces procédures abusives. Il a finalement été libéré le 10 janvier 2023, mais a été placé sous un contrôle judiciaire strict, avec interdiction de s’exprimer publiquement sur son dossier et de quitter le territoire sénégalais’’.
...Cette ‘’nouvelle arrestation du journaliste intervient dans un contexte politique tendu. Ousmane Sonko, principal opposant du président de la République Macky Sall, a été arrêté le 28 juillet et placé sous mandat de dépôt ce lundi 31 juillet pour huit chefs d’inculpation dont “appels à l'insurrection et complot contre l'autorité de l'État”. Son parti, le Pastef a été dissous, selon un communiqué du ministère de l'Intérieur. Et pour la deuxième fois en moins de deux mois, sous couvert de limiter la diffusion “de messages haineux et subversifs relayés sur les réseaux sociaux dans un contexte de menace de trouble à l'ordre public”, le ministre de la Communication, des Télécommunications et de l'Économie numérique a annoncé la suspension d’Internet via les données mobiles. RSF dénonce une violation flagrante du droit du public à l’information’’, lit-on dans la note. Elle ajoute qu’en 2023, ‘’le Sénégal a perdu 31 places dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF, en occupant la 104e place sur 180 pays’’.