Badara Mamaya Sène, un maire en sursis
La coalition Rupture, qui a porté Badara Mamaya Sène à la tête de la mairie de Rufisque, s'est disloquée. Une situation inconfortable qui risque de l'affaiblir à un an des élections municipales du 26 mars 2014. D'ores et déjà, d'aucuns lui prédisent une fin de règne prématurée à la tête de l'institution municipale.
Fort de l'appui de la coalition "Rupture" en 2009 lors de son élection à la tête de la mairie de Rufisque, Badara Mamaya Sène risque de se présenter très affaibli aux joutes municipales de 2014, dans un an. Pour cause, l'entente s'est aujourd'hui disloquée, à en croire le député du département de Rufisque, Souleymane Ndoye, membre fondateur du parti Arc (Alliance pour la République et la citoyenneté) du maire. M. Ndoye a tourné le dos à M. Sène pour rallier l'Alliance pour la République (APR) au pouvoir.
"La coalition Rupture n'existe plus que de nom", dit le parlementaire, ajoutant qu'"elle ne s'est pas réunie depuis pratiquement deux ans". Selon lui, "cela est peut-être dû à des problèmes liés à la gestion du maire. Mais, je dis que la coalition Rupture en tant que telle, qui avait porté l'actuel maire au pouvoir institutionnel à Rufisque, n'existe plus". L'ancien compagnon de Badara Mamaya Sène fait remarquer aussi que "l'éclatement de Rupture est sans doute dû à des problèmes de vision entre les différentes composantes de la coalition. En ce qui me concerne, c'est parce que nous n'avons plus la même vision que nous nous sommes retirés".
De l'avis d'Ousmane Samb, coordonnateur de l'Alliance des forces de progrès (AFP) et de Benno Siggil Senegaal, par ailleurs président du conseil régional, la coalition qui avait porté Badara Mamaya Sène s'est fissurée depuis fort longtemps. Il l'explique par ce que le ''programme commun'' à la base de son existence ''n'a pas été appliqué". Même discours chez le leader de la coalition Vision Rufisque, le docteur Oumar Cissé qui a tiré depuis longtemps la sonnette d'alarme pour dire que Rupture est une coquille vide, critiquant une ''gestion partisane, solitaire et gabegique du maire, accompagnée de tentatives de musellement''.
La coalition Rupture était composée de l'Arc, formation politique de Badara Mamaya Sène qui était fort de 22 conseillers, de la coalition Vision Rufisque (5 conseillers), ainsi que Benno Siggil Senegaal (10 conseillers) et 4 autres du camp de l'ancien édile Mbaye Jacques Diop. En tout, 41 conseillers sur un conseil municipal de 66 membres.
"Léthargie mais pas dislocation"
Du côté de l'Arc, on ne veut pas entendre parler de dislocation de la coalition qui a porté leur leader au poste de maire de Rufisque. Asse Mamoune Sèye, porte-parole de l'Arc, soutient qu'il "est plus objectif de dire qu'elle ne fonctionne pas (…) Une structure peut exister et être dans une léthargie".
D'après M. Sèye, "ce qui est évident, nous avions bien travaillé et avions, comme toutes les coalitions, grandi et fissuré. Ce sont des divergences qui ne sont pas conformes à l'idéal des uns. Ainsi, l'esprit de la coalition a commencé à avoir des problèmes avec certaines composantes. Ce sont des problèmes qui existent entre elles mais pas au niveau de la structure globale". Il admet que les divergences existent depuis plus d'un an alors que "les membres avaient rédigé la charte de bonne gouvernance et des plans d'action". De l'avis du porte-parole du maire de Rufisque, malgré ce qui se passe dans la coalition Rupture, "des gens, de manière informelle, sont en soutien constant au maire".
En tout cas, avec cette crise de la coalition Rupture, la guerre entre Mbaye Jacques Diop et les différents autres ouverte, le maire de Rufisque semble seul contre tous. Et il n'est pas à l'abri d'une motion de destitution.
PAPE MOUSSA GUÈYE