Le 5e recensement général de la population et de l’habitat, 2023 (RGPH-5, 2023), dans sa partie réservée à l’émigration, a livré des données importantes sur la migration interne.

 

Les informations fournies portent sur les migrations internes (migration interne durée de vie, migration il y a 5 ans, migration il y a 1 an) et les migrations internationales (immigration internationale durée de vie, immigration internationale il y a 5 ans, immigration internationale il y a 1 an, émigration au cours des 12 derniers mois et émigration au cours des 5 dernières années).

Les migrants internes durée de vie, selon le rapport du 5e recensement général de la population et de l’habitat, 2023 (RGPH-5, 2023), sont au nombre de 2 174 615. La migration interne il y a 5 ans concerne 2 842 402 individus tandis que celle interne récente (1 an) enregistre 900 388 personnes. Les soldes migratoires ainsi que les indices d’entrées et de sorties permettent de distinguer les régions les plus répulsives, c’est-à-dire celles qui enregistrent plus de sorties que d’entrées de populations, de celles plus attractives.

En effet, les soldes migratoires interrégionaux, selon le document, affichent pour les régions déficitaires (où les sorties sont supérieures aux entrées) les résultats suivants : pour la migration interne durée de vie, la région de Louga affiche le solde négatif le plus élevé (-169 502). Les immigrants internationaux durée de vie représentent 297 386 individus tandis que les immigrants internationaux il y a 5 ans et les immigrants internationaux récents sont respectivement évalués à 56 401 et 18 866 individus. En outre, les immigrants internationaux durée de vie de nationalité sénégalaise sont au nombre de 134 437 individus contre 134 456 pour ceux de nationalité Ouest-Africaine.

Au Sénégal, parmi la population résidente des ménages ordinaires qui s’établit à 17 683 038 habitants, selon la même source, les natifs résidents, constitués des individus qui résidaient dans leur lieu de naissance au moment du dénombrement, représentent 17 385 653 et les personnes nées hors de leur lieu de résidence au moment du RGPH-5 de 2023, appelées migrants internes durée de vie, sont évaluées à 2 174 615, soit une proportion de 12,5 %.

L’analyse des indices d’entrée et de sortie relatifs à la migration durée de vie montre que les régions ayant enregistré les entrées de population les plus importantes sont : Dakar (27,2%), Diourbel (15,4%) et Thiès (13,6%). En outre, pour la contribution dans la répartition des entrées de population par région, ces dernières se distinguent aussi par les plus fortes proportions, particulièrement Dakar qui concentre 46,9% des entrées. Par contre, les indices de sortie les plus élevés s’observent dans les régions de Ziguinchor (27,8%), Fatick (18,2%), Louga (17,9%), Kaolack (16,2%), Sédhiou (13,6%) et un peu moins pour Thiès (12,6%), qui attirent moins de populations.

L’analyse du différentiel entre les entrées et les sorties de population, communément appelé solde migratoire, indique que dans presque toutes les régions, le solde migratoire est négatif, sauf pour les régions de Dakar (778 746 ; +20,7%), Diourbel (79 870 ; +4,0%) et, dans une moindre mesure, Thiès (26 896 ; 1,1%), qui affichent un solde positif. En effet, ces régions ont enregistré plus d’entrées que de sorties de population. Par contre, les régions de Ziguinchor (-22,7%), Louga (-15,5%), Fatick (-13,5%), Kaolack (-12,0%) et Sédhiou (-10,1%), qui enregistrent les sorties de population les plus importantes, affichent par conséquent les soldes migratoires absolus et relatifs négatifs les plus élevés.

De plus, les contributions aux échanges interrégionaux dans la migration totale durée de vie les plus élevées sont observées respectivement en 1988, 2002, 2013 et 2023 dans les régions de Dakar (57,4%; 53,2%, 56,2% et 58,1%), Thiès 27,6% (1988) ; 27,5% (2013), et 28,6% (2023) et Diourbel (20,1%; 26,4% 26,1% et 24,6%).

L’effectif des migrants internes s’établit à 556 097 personnes. La migration interne il y a 5 ans concerne les individus âgés d’au moins cinq ans et dont le lieu de résidence au RGPH-5 est différent du lieu de résidence cinq années auparavant. Globalement, l’effectif des migrants internes il y a cinq ans s’établit à 556 097 personnes qui ont changé de région de résidence durant cette période. Ainsi, l’analyse de la migration interne il y a cinq ans met en évidence l’existence de régions d’accueil et de régions de départ de population. En effet, les régions qui ont accueilli plus de migrants internes durant les cinq (5) dernières années sont Diourbel (7,8%), Dakar (4,7%) et Thiès (3,6%). Les résultats montrent également que ces régions ont plus contribué aux entrées de migrants internes par région il y a 5 ans, avec respectivement (29,8%), (24,5%) et (13,7%).

En revanche, les régions ayant enregistré les entrées de population les plus faibles sont Kolda (1,6%), Saint-Louis (1,8%) et Sédhiou (1,9%). Par ailleurs, les régions de Ziguinchor (7,4%), Louga (6,4%), Kaolack (5,9%) et Sédhiou (5,0%) se distinguent par les indices de sortie les plus élevés.  

La migration est souvent motivée par un certain nombre de raisons qui varient dans le temps et dans l’espace. Ainsi, pour la migration interne il y a 5 ans, les raisons familiales constituent le motif de déplacement le plus important, avec 50,6% au niveau national.

L’analyse des entrées et sorties de population met en évidence l’attractivité des régions de Diourbel (8,1%), Dakar (2,3%), Tambacounda (2,1%), Matam (2,0%) et Kaffrine (2,0%). En effet, ces dernières ont enregistré plus d’entrées que de sorties de population il y a 1 an. En revanche, les régions les plus impactées par les départs de population sont : Ziguinchor (6,1%), Louga (5,6%), Kaolack (4,2%) et Sédhiou (3,9%).

La migration récente interrégionale varie d’un groupe d’âge à un autre, soit une variation de 2,5% au total. Elle concerne plus les moins de 30 ans ; en effet, les proportions les plus élevées sont observées chez les migrants âgés de 20-24 ans (3,0%) et 25-29 ans (3,1%). En revanche, les proportions de migrants interrégionaux les plus faibles sont notées chez les 65-69 ans et 85-89 ans, avec 2,1% pour chaque groupe d’âge.  

Par ailleurs, l’émigration au cours de ces 5 dernières années concerne 166 561 individus. Les principaux pays de destination sont la France (34 434), l’Italie (25 442), l’Espagne (24 823), le Maroc (13 375) et la Mauritanie (11 601). Il est à noter que les principaux motifs de déplacement demeurent le travail (71,9%), l’étude/apprentissage (12,9%) et, dans une moindre mesure, les raisons familiales (5,9%).

Les chiffres de l’immigration internationale au Sénégal

Selon le rapport, l’analyse de la répartition des immigrants internationaux selon le sexe met en évidence une prédominance des femmes âgées de moins de 30 ans et de 70 ans et plus. Cependant, la proportion d’immigrants internationaux de longue durée est plus élevée chez les hommes âgés de 30 à 69 ans.

En 2023, les immigrants internationaux de longue durée, évalués à 297 386 individus, sont majoritairement de sexe masculin, avec 53,6 % pour les hommes et 46,4 % pour les femmes. L’analyse par niveau d’instruction montre que parmi les 291 108 immigrants internationaux de longue durée âgés de 3 ans et plus, 53,0 % sont majoritairement non instruits. En revanche, les proportions les plus faibles sont observées chez ceux ayant un niveau d’instruction préscolaire (1,9 %).

De plus, les immigrants internationaux de longue durée ayant un niveau d’instruction préscolaire présentent les proportions les plus faibles aussi bien chez les hommes que chez les femmes. La situation dans l’occupation principale, analysée pour les immigrants internationaux de longue durée âgés de 6 ans ou plus, indique que leur effectif s’établit à 106 027 individus, composés principalement de 65,4 % de travailleurs indépendants, de 19,4 % de salariés permanents ou temporaires, et de 6,1 % d’employeurs ou patrons. Les apprentis (4,9 %) et les aides familiaux (4,1 %) affichent les proportions les plus faibles. L’examen de la situation dans l’occupation principale selon le sexe révèle que 66,7 % des immigrants internationaux de longue durée de sexe masculin sont des travailleurs indépendants, et 18,2 % sont des salariés permanents ou temporaires. Par ailleurs, les apprentis et aides familiaux représentent 8,6 % et les employeurs et patrons 6,5 %.

Par ailleurs, parmi les immigrants internationaux de longue durée qui vivent en milieu rural, 19,9 % sont des hommes et 15,9 % des femmes.

La région de Dakar concentre l’essentiel des immigrants internationaux de longue durée (58,6 %), suivie, dans une moindre mesure, par les régions de Kédougou (8,3 %), Thiès (6,4 %), Ziguinchor (5,4 %), Tambacounda (5,2 %) et Kolda (4,5 %). Les régions ayant enregistré les proportions d’immigrants internationaux de longue durée les plus faibles sont : Louga (0,5 %), Kaffrine (0,6 %), Sédhiou (1,2 %), Diourbel (1,3 %) et Matam (1,6 %).

Au niveau national, l’analyse de la répartition des immigrants internationaux de longue durée par nationalité montre que 45,2 % sont de nationalité sénégalaise et 23,4 % ont la nationalité guinéenne.

À l’échelle régionale, les immigrants internationaux de longue durée sont pour la plupart de nationalité sénégalaise dans l’ensemble des régions, sauf pour celle de Kédougou (22,7 %). Les immigrants internationaux de longue durée de nationalité guinéenne, en dehors de ceux de nationalité sénégalaise, sont bien représentés dans presque toutes les régions, sauf dans celles de Tambacounda, Matam et Kédougou. En effet, les proportions de Guinéens les plus élevées sont observées dans les régions de Dakar (28,6 %), Kolda (22,7 %), Kaolack (18,3 %), Ziguinchor (15,8 %) et Thiès (15,5 %).

Les immigrants internationaux de longue durée de nationalité malienne sont également bien présents au Sénégal, surtout dans les régions de Kédougou (39,5 %), Tambacounda (33,5 %) et Matam (9,7 %). Il convient de mentionner que, dans la région de Kédougou, la proportion des Sénégalais (22,7 %) nés à l’étranger et qui résident actuellement dans cette région est inférieure à celle des Maliens (39,5 %) et des Guinéens (23,2 %).

De plus, les immigrants internationaux il y a 5 ans de nationalité asiatique (58,5 %), européenne (43,4 %), américaine (38,3 %) et capverdienne (34,3 %) sont davantage concernés par les motifs de déplacement relatifs à des raisons purement professionnelles.

En ce qui concerne les immigrants internationaux il y a 5 ans de nationalité sierra-léonaise (53,2 %), malienne (52,8 %), burkinabé (51,2 %), nigérienne (51,0 %) et nigériane (45,6 %), un peu plus de la moitié ont immigré au Sénégal pour la recherche d’emploi.

S’agissant des immigrants internationaux il y a 5 ans qui sont de nationalité d’un autre pays africain (63,7 %), australienne (52,1 %), capverdienne (43,9 %), togolaise (38,7 %), ivoirienne (32,2 %) et mauritanienne (30,1 %), ils sont entrés au Sénégal principalement pour des raisons d’études ou un quelconque apprentissage.

Pour les immigrants internationaux il y a 5 ans de nationalité gambienne (49,3 %), guinéenne (46,3 %), américaine (43,8 %), sénégalaise (40,4 %), libérienne (39,0 %), bissau-guinéenne (35,0 %), européenne (34,2 %), ghanéenne (32,8 %) et mauritanienne (32,0 %), leur immigration au Sénégal est due principalement à des raisons familiales.

CHEIKH THIAM