Période de galère des mères de famille

Quarante-huit heures après la fête de Tabaski, ce ne sont pas seulement certains services de l'Administration qui fonctionnent au ralenti. Un ralentissement qui est également noté dans le secteur informel. C'est le cas dans les différents marchés et avenues commerçantes de la capitale du Nord. Une situation qui a occasionné une flambée des prix du poisson et de certains légumes.
Il est 9 h 30 mn. Le soleil darde déjà ses chauds rayons sur le grand marché Tendjiguène de Sor. Sur les lieux, l’atmosphère est diamétralement opposée à la folle ambiance d'avant-Tabaski. Il n'y a ni attroupements de ‘’bana-bana’’ et de clients ni mouvements de camions de marchandises à l'entrée du marché. Les rares commerçants trouvés sur place sont occupés à remettre de l'ordre dans le stock de leurs marchandises. Une situation qui préoccupe fortement les femmes à la recherche de poisson et de légumes frais.
D’ailleurs, elles déplorent non seulement le manque d'approvisionnement, mais également la flambée des prix de ces denrées alimentaires. Cette pénurie soudaine impacte directement la vie quotidienne des populations, en particulier des femmes qui doivent faire le marché pour la famille. La difficulté d'accéder à ces produits essentiels met en lumière les défis socioéconomiques auxquels la population doit faire face, amplifiés par des événements festifs tels que la Tabaski.
Dans les hangars de poissons et de légumes du grand marché Tendjiguène de Sor, les ruelles sont désertes et de nombreuses tables sont superposées. Les vendeuses présentes sur les lieux peuvent se compter sur les doigts d’une main et attendent désespérément les clients. Sur leurs étals sont exposés des poissons congelés et des légumes défraichis. Ce qui affecte la vie d’après-Tabaski de nombreuses mères de famille saint-louisiennes.
La rareté du poisson frais, casse-tête des ménagères
Leurs témoignages sont unanimes sur les difficultés rencontrées pour subvenir à leurs besoins alimentaires de base en cette période. “C'est une véritable catastrophe que nous vivons. Après la Tabaski, on n'arrive même pas à trouver du poisson et des légumes frais pour préparer le repas. Les prix sont triplés partout. C’est comme si les vendeuses s’étaient passé le mot. Les étals des marchés vides sont le reflet de notre frustration. Comment pouvons-nous avoir une alimentation équilibrée sans accès à des produits frais ? Mais le plus désolant dans cette affaire, est que les prix sont si élevés que faire le marché est devenu un vrai défi", a expliqué la dame Yade Awa Ba.
Une complainte qu’elle partage avec une autre jeune dame, marchandant un tas de poissons. Pour elle, les marchés post-Tabaski ont toujours été compliqués, mais cette année est la pire. “ Il faut que des solutions rapides soient mises en place pour répondre à cette situation et assurer la disponibilité d'aliments frais à des prix abordables pour tous. La rareté du poisson et des légumes nous pousse à faire des compromis sur notre alimentation. Les autorités doivent agir pour garantir à chacun la possibilité de se procurer des denrées de base à des prix accessibles. Ces lendemains de fêtes soulignent l'urgence d'améliorer notre système d'approvisionnement en produits frais", soutient Ndèye Ngoné Diop.
Mais à en croire les vendeuses de poissons et de légumes, elles ne sont pas responsables de la pénurie des denrées et de la flambée des prix. Pour elles, la situation s’explique par le repos des pêcheurs guet-ndariens et des ‘’bana-bana’’ de légumes des Niayes. “ Si les pêcheurs ne vont pas en mer, on ne peut pas avoir du poisson frais. D’ailleurs, les produits congelés dont nous disposons ont été chèrement acquis avant d’être conservés pendant des jours. Donc, ils ne peuvent être revendus qu’à ces prix, sinon nous allons subir de grosses pertes. Aucune vendeuse ne vient au marché pour vendre à perte”, a répliqué Fagui Fall aux grognes des clientes.
En attendant la reprise normale des activités dans les marchés de Saint-Louis, les ménagères galèrent.
IBRAHIMA BOCAR SENE (SAINT-LOUIS)