La transhumance transfrontalière et ses défis
Un atelier de capitalisation et de réflexion sur les bonnes pratiques de gestions communautaires de la santé animale de proximité s’est tenu ce jeudi 27 décembre 2018 à l’hôtel Ngor Diarama. La rencontre a permis de dresser le bilan du Programme de renforcement de la résilience au Sahel, à travers la mobilité du bétail, lancé en 2015 par l’organisation Acting for Live, en partenariat avec l’Ong Braced.
‘’La santé des troupeaux dans un contexte de transhumance transfrontalière a des conséquences importantes au niveau du commerce du bétail. Quand, par exemple, les animaux ne sont pas vaccinés, ou il y a des problèmes par rapport à l’état de leur vaccination, les troupeaux n’ont pas le droit de traverser les frontières’’. Cette précision a été faite, hier, par Aliou Samba Ba, Président de l’association Billital Maroobé, lors d’un atelier de réflexion organisé par l’Ong Braced Sénégal. La rencontre a réuni les acteurs de l’élevage pour faire le bilan du projet de la résilience de 905 000 pastoraux et agropastoraux par la sécurisation de la mobilité transfrontalière du bétail dans les pays du Sahel.
Au Sénégal, le projet est porté par l’antenne Sénégal résilience Billital Maroobé. Cet atelier de réflexion et de bilan a été présidé par le ministre de l’Elevage et de la Santé animale, Aminata Mbengue Ndiaye. Au cours de la rencontre, les acteurs ont échangé sur la nécessité de la protection et la prévention de la santé animale.
Le programme de résilience a permis de cartographier les pistes à bétail stratégiques qui sont sécurisées et aménagées, et de fournir des services de base aux pasteurs et agropasteurs le long des couloirs et au niveau des services adaptés aux éleveurs mobiles. Des outils de plaidoyer ont également été élaborés et démultipliés pour permettre aux acteurs clefs de plaider la mobilité transfrontalière du bétail.
L’objectif de cet atelier, qui a tiré le bilan des 3 ans du programme, est de susciter une réflexion entre les acteurs pour mieux parfaire le schéma de la santé animale de proximité développée dans le cadre de Braced au Sénégal, en vue d’en proposer un modèle capable d’être valorisé dans les autres pays.
Zoonose
La rencontre de Dakar a permis aux participants d’échanger sur les problèmes liés à la mobilité du bétail et à la santé animale. En effet, la santé animale étant considérée comme un bien public mondial, les acteurs ont profité de l’occasion pour soulever, en présence des autorités, la question de la protection du bétail. ‘’L’approche ‘Une seule santé’’ considérant que la santé humaine, la santé animale et la santé environnementale ne peuvent pas être vues de façon séparée et que la gestion des maladies, notamment celles communes à l’homme et à l’animal, appelées zoonoses, doivent reposer sur une collaboration intersectorielle et une démarche participative. La sécurisation sanitaire du cheptel est nécessaire et indispensable, car elle permet d’évoluer et de contrôler les maladies zoonotiques qui menacent la santé humaine’’, a déclaré le ministre.
Aminata Mbengue Ndiaye considère que ‘’l’approche ‘Une seule santé’ constitue un défi majeur’’. Ainsi, le contrôle des maladies animales et les risques de zoonose constituent des préoccupations majeures pour les professionnels de la santé et les acteurs associés’’.
‘’Le défi majeur de la santé animale est d’assurer une sécurisation sanitaire et durable du cheptel dans toute la zone de transhumance, grâce à une accessibilité économique, géographique durable au service de la santé animale’’, a précisé Aliou Samba Sow de l’association Billital Maroobé. Pour rassurer les acteurs, le ministre a tenu à rappeler que ‘’le Sénégal s’est doté, depuis 2005, d’un système national de surveillance épidémiologie des maladies animales, avec comme objectif de protéger la santé animale. Les objectifs visent à détecter précocement les foyers de maladies d’origine animale avec une réaction rapide’’.
C’est dans ce cadre que le projet Praps (Projet régional d’appui au pastoralisme) prévoit l’installation de trois cabinets vétérinaires privés dans les zones pastorales.
EN MILIEU RURAL ‘’47 % des ménages tirent leurs revenus de l’élevage’’ Le ministre de l’Elevage a profité de l’atelier sur la capitalisation et la réflexion sur les bonnes pratiques de gestion communautaire de la santé animale de proximité, pour relever l’importance de son département dans l’économie sénégalaise et ses enjeux. En effet, selon Mme Aminata Mbengue Ndiaye, les données de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) de janvier 2018, montrent que le secteur de l’élevage a contribué, en 2015, pour 4,6 % au Pib, 27,2 % à la valeur ajoutée du secteur primaire. L’élevage est également pratiqué par plus de 29,5 % des ménages sénégalais. Sa place en milieu rural est plus déterminante, avec 47 % des ménages qui tirent leurs revenus sur une activité de l’élevage. Vu cet apport non négligeable du secteur dans l’économie du pays, le ministre affirme qu’il est indispensable d’assurer la protection sanitaire du cheptel contre les dominantes pathologiques qui peuvent compromettre sa productivité et sa compétitivité, à travers la vaccination de masse et la surveillance épidémiologique des maladies animales. |
ABBA BA