Les acteurs de la filière face à la menace marocaine
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La Fédération autonome des aviculteurs du Sénégal alerte sur la présence d’un groupe d’investisseurs marocains dans le secteur avicole au Sénégal. A travers un point de presse, les membres de cette organisation ont exposé les menaces et les dangers que cette présence étrangère fait planer sur leur filière qui, selon eux, se porte bien.
En prélude à la Journée nationale de l’élevage prévue ce samedi, la Fédération autonome des aviculteurs du Sénégal, soutenue par la coalition anti-Cfa/Ape, a tenu à alerter l’opinion nationale et l’Etat du Sénégal sur la ‘’présence menaçante’’ d’un groupe d’investisseurs marocains dans le domaine avicole dans le pays. ‘’A l’heure où nous parlons, la filière avicole est menacée. Depuis quelque temps, nous avons constaté des remous au sein de la filière, dus à la présence d’étrangers, notamment l’arrivée du plus grand groupe marocain dans la filière. Il va s’installer à Sandiara, sur 180 ha, pour lancer ses productions’’, a renseigné Papis Bakary Coly.
Le président de la Fédération autonome des aviculteurs du Sénégal, qui remercie et félicite la constance de l’Etat du Sénégal dans sa fermeté réaffirmée à propos de l’interdiction des importations de poulets au Sénégal et d’autres matériels usagers dans le domaine, exhorte le gouvernement à ne pas ouvrir les frontières. ‘’La filière avicole sénégalaise s’est battue sur de longues années. Ce sont des Sénégalais qui se sont battus pour construire cette filière, pour faire d’elle ce qu’elle est devenue aujourd’hui’’, explique-t-il. A en croire M. Coly, ce même groupe d’investisseurs marocains a créé beaucoup de dégâts en Mauritanie voisine. En instaurant une politique de dumping pour tuer et décourager les producteurs locaux, avant de revoir ses ventes à la hausse. D’où la nécessité d’être prudent à l’égard de ces multinationales au Sénégal.
Aujourd’hui, le maintien souhaité de la fermeture des frontières sénégalaises aux investisseurs étrangers dans le secteur, ne serait pas lié à un manque de compétitivité de la filière face à la concurrence internationale. Il s’agit plutôt, selon M. Coly, de donner le temps nécessaire au secteur de s’organiser et de se bâtir solidement, avant de s’ouvrir à la concurrence internationale.
D’ailleurs, le président de la Fédération autonome des aviculteurs du Sénégal en veut pour preuve la situation relativement bonne de la filière qui se porte bien. Aujourd’hui, ‘’ce ne sont pas moins de 60 000 emplois directs que la filière avicole génère dans le pays. Avec cette mesure d’interdiction des importations, la filière avicole sénégalaise est passée d’une production de volailles de 6 millions en 2005 à 24 millions de têtes en 2013. De 324 millions d’œufs en 2005 à 519 millions en 2013’’, a-t-il informé.
A titre de rappel, la décision de l’Etat d’interdire l’importation de poulets au Sénégal, prise en 2005, selon le président de la fédération, était liée à des raisons d’ordre sanitaire, avec l’apparition de la grippe aviaire.
MAMADOU YAYA BALDE