Publié le 10 Aug 2018 - 17:18
SENEGAL PAYS INVITE D’HONNEUR JCC

La délégation tunisienne en tournage  à Dakar

 

Le directeur général des Journées cinématographiques de Carthage (Jcc), Mouhamed Nejib Ayed, a rencontré, hier, des professionnels sénégalais du cinéma, des critiques du 7e art et des journalistes à Sup’Imax. Il est à la tête d’une délégation venue échanger avec les autorités sénégalaises autour du choix du Sénégal comme pays invité d’honneur à ces rencontres.

 

En 1966, le père de la cinématographie tunisienne, Tahar Chériaa, mettait sur pied, avec celui du cinéma sénégalais, Ousmane Sembène, les Journées cinématographiques de Carthage (Jcc). Cinquante-deux ans après, le Sénégal est, avec I’Irak, l’Inde et le Brésil, le pays invité d’honneur de la 29e édition qui se tient du 3 au 10 novembre prochain à Tunis. A cet effet, le directeur général des Jcc, Mohamed Nejib Ayed, accompagné du chargé des relations internationales du festival, Taoufik Jabeur, ont rencontré les professionnels sénégalais du 7e art, les critiques et les journalistes à Sup’Imax, en présence du directeur du cinéma Hugues Diaz.

Journaliste et critique de cinéma, Baba Diop considère que cette invitation de la Tunisie n’est pas juste ‘’cinématographique. C’est une volonté d’effacer cette frontière subsaharienne’’. Ce que confirme M. Ayed qui est content de sa mission au Sénégal. ‘’Cette visite à Dakar est une véritable réussite’’, s’est félicité M. Ayed. Il a eu une séance de travail avec les agents de la Direction de la cinématographie. Cette dernière l’a ravi, puisque l’essentiel des appréhensions qu’il avait se sont dissipées. Il avait, en outre, peur de ne pas trouver des films des premiers réalisateurs.

Il lui a été signifié et assuré qu’il y en a de disponible, même s’il reste à spécifier les conditions techniques de diffusion. Ainsi, pour le ‘’Focus’’ Sénégal, il est pour l’instant prévu les diffusions de ‘’Camp de Thiaroye’’ de Sembène Ousmane, ‘’Le prix du pardon’’ de Mansour Sora Wade, ‘’Lamb’’ de Paulin Soumano Vieira, ‘’Grand-Frère’’ de Safy Faye, ‘’Diom’’ d’Ababacar Samb Makhram, ‘’Madame Brouette’’ de Moussa Sène Absa, ‘’Tey’’ d’Alain Gomis, ‘’La pirogue’’ de Moussa Touré et ‘’Touky Bouky’’ de Djibril Diop Mambety. Une manière de rendre hommage aux anciens, mais également de saluer le travail des jeunes réalisateurs.

Les organisateurs des Jcc ont tenu à ce que, dans cette catégorie ‘’Focus’’, que des jeunes y soient présents, tel que l’a rappelé le critique de cinéma, le Pr. Maguèye Kassé. Ces films sont retenus en attendant de voir s’ils répondent tous aux normes de diffusion. Ils doivent être soit en blue ray, soit en Dcp.

En outre, la sélection des films pour le ‘’Focus’’ ne pose pas véritablement problème. Le véritable écueil est le dépôt de candidatures des réalisateurs sénégalais aux sélections officielles des Jcc. A ce jour, ‘’il n’y a pas de grands films sénégalais dans la catégorie ‘Fiction’ pour les Tanit’’, a regretté hier, en marge de la rencontre, Nejib Ayed. C’est pour cela d’ailleurs qu’il a lancé un appel à tous les cinéastes, critiques et cinéphiles sénégalais. Pas mal de documentaires sénégalais ont été inscrits et vont participer à la compétition officielle. Il n’en est pas, pour le moment, de même pour la section ‘’Fiction’’.

Fort de ce constat, M. Ayed a demandé hier à tous ceux qui étaient présents à Sup’Imax, de sensibiliser les réalisateurs qu’ils connaissent et détenteurs de longs métrages fiction à s’inscrire. Ils ont jusqu’au 15 août prochain pour le faire. Il a également appelé les jeunes à s’inscrire pour le ‘’Takmil’’ qui leur offre diverses opportunités pour le finissage de leurs projets, par exemple.

Les Jcc sont plus qu’une fête du cinéma. Elles offrent diverses opportunités aux cinéastes, car l’un des objectifs de ces rencontres est de vulgariser le septième art. ‘’Les pays du Sud produisent d’excellents films, mais peinent à les faire connaître au plan international. On n’a pas réussi comme il faut sur ce plan. La culture, le cinéma est un vecteur de développement’’, a regretté M. Ayed.

Par ailleurs, les autorités sénégalaises et tunisiennes sont en train de réfléchir sur un accord de partenariat au plan cinématographique. Un tel accord pourrait être finalisé en novembre, au cours des Jcc.

REACTIONS …REACTIONS… REACTIONS

Hugues Diaz  (Directeur de la Cinématographie)

 ‘’Ce que nous pouvons apprendre des Jcc…’’

‘’Nous apprenons de vous au moment où nous lançons de grands projets. Après les Jcc, du 22 au 27, nous aurons les Rencontres cinématographiques internationales de Dakar (Recidak). Votre venue va nous permettre d’aiguiser le professionnalisme dans l’organisation. On aura l’occasion de présenter publiquement par des voix plus autorisées que la mienne. Je parle d’apprentissage, parce que tous ce qu’ont dit les représentants des Jcc sur les fondamentaux, la spécificité, parce que tous les festivals ne peuvent pas être organisés de la même manière, nous avons à apprendre des Jcc sur ces points-là. Merci pour ce partage. Nous nous sommes enrichis, je l’espère. Ce déplacement des représentants des Jcc est une marque de reconnaissance et de respect à l’égard du cinéma sénégalais. Des perspectives très grandes s’offrent à nous. Dans ce cadre, un projet d’accord de coopération et d’échange cinématographique qui ne sera pas balèze mais pragmatique, étalé dans le temps.’’

Mansour Sora Wade (Réalisateur) 

 ‘’C’est un festival bien organisé…’’

‘’Le plus grand honneur que j’ai eu avec ‘Le prix du pardon’, c’était avec les Jcc. En 2002, j’ai eu le Tanit d’or. C’était quelque chose d’extraordinaire pour moi d’avoir ce prix aussi prestigieux. Je l’ai eu 36 ans après Ousmane Sembène primé lors des premières Jcc. C’est un festival que j’aime beaucoup, parce qu’il y a énormément d’échanges et qui est devenu un très grand festival international, très bien organisé. C’est toujours un plaisir pour moi d’y prendre part. Le fait que le Sénégal soit choisi comme pays invité d’honneur est quelque chose de formidable. On peut dire que le cinéma africain est né ici. C’est grâce au Sénégal que le Fespaco a été créé. Notre pays a participé à l’organisation de la première édition des Jcc. Ces rencontres sont devenues de grands festivals. Nous ne devons pas nous sous-estimer. Nous sommes un grand pays de culture, de cinéma.’’

Moussa Sène Absa (Réalisateur) 

 ‘’C’est un juste retour’’

‘’C’est un honneur pour le Sénégal d’être pays invité d’honneur aux Journées cinématographiques de Carthage. Mais c’est également un juste retour de la présence sénégalaise en terre tunisienne, en ce qui concerne le cinéma. Tahar Cheriaa (Ndlr : père du cinéma tunisien) et Sembène Ousmane, deux piliers, deux grands amis, ont monté ensemble le festival de Carthage. Je pense que revenir plus de cinquante ans après rendre hommage à ce pays, ne fait que nous honoré. Je garde des souvenirs assez fantastiques de l’édition de 1988. Je venais de faire mon premier film. Je ne savais même pas c’était quoi un festival. Quand je suis arrivé, j’ai trouvé à Tunis tous les grands noms du cinéma dont Sembène, Cissé (Ndlr : le réalisateur malien Souleymane Cissé), etc. Quand on m’a appelé pour me donner le prix, je pensais devenir fou. C’est une des plus belles expériences de festival que j’ai eues. J’y ai rencontré des cinéastes que je ne connaissais pas. J’y ai échangé avec des réalisateurs sud-africains par exemple. A l’époque, on parlait peu de l’Afrique du Sud. C’était, pour moi, la première fenêtre.’’

BIGUE BOB

 

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