Publié le 20 Jul 2023 - 22:57
SERVICES DE GARDE D’ENFANTS

Le plaidoyer pour aider les mères dans leurs lieux de travail

 

Le Laboratoire de recherche sur les institutions et la croissance de l’Ucad a fait face à la presse, hier, dans le but d’instaurer des services de garde privés dans les entreprises pour aider les mères une fois au travail.

 

Malgré l’émergence d’une classe moyenne féminine en Afrique, les femmes continuent d’être désavantagées face aux opportunités d’emploi, comparativement aux hommes. L’absence de services de garde d’enfants apparait comme étant l’une des contraintes majeures auxquelles se heurtent les femmes sur le marché du travail. 

La difficulté d’accès à des services de garde d’enfants (SDG) adaptés est ainsi au cœur de la problématique du temps que les femmes consacrent aux travaux domestiques, y compris quand elles sont sur leur lieu de travail. Tel est l’enjeu du laboratoire des institutions et croissances de l’université Cheikh Anta Diop. 

Selon le directeur et formateur du projet en même temps enseignant-chercheur à la Faseg, François Joseph Cabral, cette situation mérite d’être étudiée pour une réelle prise de conscience des enjeux.

Il s’agit, en effet, de permettre aux femmes de libérer le temps indispensable pour leur insertion, leur promotion et leur leadership dans le monde du travail. Il donne les raisons pour réduire le temps de travail domestique des femmes. 

‘’Le poids du travail domestique détériore la santé des femmes et les prive de l’accès au marché du travail. E*Elles occupent des emplois précaires, peu rémunérés, avec peu ou pas de protection sociale. Elles subissent une discrimination salariale, etc. Ainsi, alors qu’elles représentent plus de 50 % de la population au Sénégal, cette surcharge de travail domestique prive beaucoup de femmes de l’accès au marché du travail et/ou constitue un plafond de verre qui entrave leur progression dans le milieu du travail. Le coût économique de cette absence des femmes du marché du travail est élevé. Or, les femmes ont de fortes potentialités en matière de contribution à la création de richesses. Grâce aux opportunités de promotion économique et sociale qu’ils procurent aux femmes, les services de garde d’enfants (SDG) accélèrent l'atteinte des Objectifs de développement durable (ODD) 3, 4 et 5 et favorisent un développement inclusif’’, explique-t-il.

Dans ce sens, il souligne l’importance de mettre en place des services de garde. ‘’Les services de garde dans les lieux de travail ou de proximité sont source de multiples bénéfices pour les femmes et pour les enfants : réduction de l'absentéisme des femmes dans les secteurs publics et privés ; augmentation de la productivité des femmes ; augmentation des gains, réduction du stress de la femme ; sécurité de l'enfant ; proximité avec son enfant ; allaitement des nourrissons ; stabilité des ménages et des couples, etc. Par ailleurs, les SDG sont source de bénéfices pour l'économie nationale : secteur public et privé ; création d'emplois directs, indirects et induits ; création de valeur ajoutée ; augmentation des recettes publiques ; productivité et compétitivité des entreprises’’, démontre-t-il.

Toutefois, souligne-t-il, l’offre de services de garde formels au Sénégal est peu accessible. Seuls 17 % des enfants âgés de 0 à 6 ans ont accès aux SDG formels. Le taux d'accès est encore plus faible en zone rurale qu'en zone urbaine, où l’on constate de plus en plus un resserrement du cercle familial comme la famille nucléaire, le régime des appartements. Également, indique M. Cabral, les services de garde sont de faible qualité (infrastructures, qualités des ressources humaines, sécurité des enfants). 

Néanmoins, il y a quelques expériences réussies en Afrique : la case des tout-petits au Sénégal, le modèle Mama entrepreneuses au Kenya, le modèle Kaya au Ghana et le modèle Smart Start en Afrique du Sud.

L’atelier de dissémination se tiendra le 27 juillet prochain.

NDEYE KHOUDIA DIENG(STAGIAIRE)

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