Encore un nouveau départ !
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Le gouvernement et les enseignants sont parvenus à signer un protocole d’accord samedi, après 15 heures de négociations. Les deux parties sont plutôt satisfaites sur l’ensemble, excepté un point renvoyé à plus tard.
Le protocole d’accord mettant définitivement fin à la grève du G6 cette année a été signé hier par le gouvernement et les syndicats, non sans peine. Les deux parties se sont quittées vers deux heures du matin, après 15 tours d’horloge. Ce qui laisse deviner la difficulté des négociations pour trouver le juste milieu. Malgré tout, il n’y a pas eu consensus total, puisque le Cusems a exprimé son désaccord par rapport à l’indemnité de logement. Abdoulaye Ndoye et Cie réclament un alignement. La question a été renvoyée à la résolution générale du système de rémunération des agents de la Fonction publique.
Déjà, au mois de juin, le gouvernement va prendre le secteur de l’Education et de la Formation comme un cas test. ‘’Nous allons partager avec ce secteur l’étude réalisée par le gouvernement pour harmoniser le régime indemnitaire’’, annonce le Premier ministre. Les conclusions seront élargies par la suite aux autres agents de l’Etat, afin de corriger toutes les inégalités.
D’après le Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne, le chef de l’Etat Macky Sall a pris d’importantes mesures en faveur de la revalorisation de la fonction enseignante, à travers le relèvement de l’indemnité de logement de 60 000 F CFA à 100 000 F CFA par mois et par enseignant. Il y aura une augmentation de 15 000 F CFA au mois d’octobre 2018, s’en suivra une autre à 10 000 F CFA en janvier 2019 et 15 000 F CFA en janvier 2020. Quant aux enseignants contractuels, ils devront se contenter de 10 000 F. la première moitié payable en octobre 2018 et les autres 5 000 F en janvier 2019. Une loi de finance rectificative a été annoncée pour le respect de ces nouveaux engagements. ‘’Le chef de l’Etat a indiqué que l’enseignant est le facteur clé de la qualité de l’Education. C’est en cela qu’il a pris la décision de revaloriser avec cette amplitude de manière substantielle l’indemnité de logement. D’autres décisions ont été prises concernant les lenteurs administratives, la mise en place d’un guichet unique’’, rapporte le Premier ministre. Celui-ci reconnaît que, depuis une décennie, le Sénégal a connu énormément de lenteurs administratives dans la Fonction publique, le monde enseignant en particulier.
Parmi les mesures correctives, il y a un guichet unique trimestriel au ministère de la Fonction publique, afin d’apurer les dossiers d’enseignants en instance. ‘’A cet effet, des guichets alternatifs sont programmés au courant de l’année 2018 (mai, juin et juillet)’’, relève le protocole. L’Etat s’engage également ‘’à publier l’ensemble des arrêtés d’admission aux CEAP et CAP, actuellement dans le circuit administratif des visas, au plus tard à la fin du mois de juillet 2018’’.
Loi de finance rectificative
Le système global de gestion des ressources humaines de la Fonction publique va ainsi intégrer des procédures décentralisées et l’utilisation des technologies de l’information et de la communication. Tout cela, pour que l’enseignant puisse intégrer la Fonction publique après deux ans, au lieu de rester des années, presque une décennie, avant d’être titularisé.
Il a été retenu également de faire le monitoring des accords sous la supervision du chef du gouvernement. ‘’Désormais, auprès du Premier ministre, se tiendra, tous les trois mois, une plénière avec l’ensemble des acteurs du système éducatif de notre pays’’, a indiqué le PM lui-même. Les réunions sectorielles vont continuer à se tenir chaque mois auprès des ministres pour le suivi régulier des points d’accord. Sur le paiement des rappels, le Premier ministre fait savoir que le chef de l’Etat a décidé de quelques dotations budgétaires supplémentaires pour résorber la dette. Il s’agit précisément ‘’d’un plan d’apurement des rappels sur une période de 3 ans, à partir de 2018, à raison de 20 à 25 milliards de F CFA par an’’ (protocole).
Par ailleurs, le gouvernement et le G6 se sont livrés à la revue des points d’accord en cours d’exécution. Il s’agit d’une trentaine telle que le statut des professeurs d’éducation physique, le crédit DMC… et sur lesquels travaillent les commissions paritaires. S’agissant des prêts DMC, par exemple, les demandes de 2016 sont prises en compte en fin mars, selon le PM, et les reliquats sont attendus en fin juin… septembre. ‘’Aujourd’hui, à l’heure du bilan, les organisations syndicales ont bien compris qu’il s’agissait d’un nouveau départ. Si ce qui a été signé est suivi par le Premier ministre, comme cela se doit, en principe, nous devrions pouvoir entamer une décennie sans mouvement syndical’’, espère le PM qui relève toutefois que les enseignants leur ont signifié que dix ans, c’est trop.
Rembourser les ponctions et effacer les sanctions de 2016
Le secrétaire général du Syndicat autonome des enseignants du moyen-secondaire du Sénégal (Saemss) Saourou Sène, porte-parole du jour, a déclaré que le G6 juge le protocole d’accord pertinent. ‘’C’est la raison pour laquelle l’ensemble des organisations syndicales du G6 l’ont signé. Dans ce document, il a été cautionné et cosigné l’ensemble des points sur lesquels nous avions de fortes préoccupations pour le système éducatif sénégalais’’, se réjouit-il.
Il y a eu tout de même des points subsidiaires, les ponctions opérées sur les salaires des enseignants. ‘’Le Premier ministre a pris l’engagement de travailler en rapport avec le ministère de l’Education nationale et celui du Budget, pour que nous puissions aller vers l’apurement de ces ponctions opérées’’, soutient M. Sène. Le contexte aidant, les sanctions de 2016 également ont refait surface. Là aussi, le gouvernement a pris la décision de les effacer dans les dossiers des enseignants concernés.
L’autre point ‘’important’’ souligné par le G6 est relatif aux recalés de Thiès. Le gouvernement a décidé de les aider pour qu’ils reprennent leurs examens. ‘’A l’issue des travaux, il y a de l’espoir pour l’école sénégalaise, c’est notre conviction’’, fait savoir le secrétaire général du Saemss. Surfant sur cette note positive, le G6 approuve le réaménagement du calendrier scolaire et se dit décidé à accompagner le ministère de l’Education pour sa mise en œuvre.
AIDA DIENE