L’Etat et le Hcr au banc des accusés
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L’Etat du Sénégal et le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (Hcr) sont accusés d’être les ‘‘responsables’’ de la situation que vivent les réfugiés mauritaniens au Sénégal.
La communauté négro-mauritanienne des ethnies wolof, soninké et pulaar tire la sonnette d’alarme. Elle revendique la mise à la disposition de ses membres des documents d’identification valables. Face à la presse, hier, au siège de la Rencontre africaine pour la défense des Droits de l’homme (Raddho), les réfugiés mauritaniens ont dénoncé, entre autres, leur statut irrégulier au Sénégal et demandé l’accompagnement de ceux qui souhaitent retourner dans leur pays d’origine. Adiouma Cissokho, porte-parole du jour, insiste sur le fait ‘‘que l’Etat du Sénégal et le Haut commissariat des Nations Unies sont responsables de la situation qu’ils vivent’’. Il déplore que depuis 2016, ces réfugiés n’ont pu acquérir les papiers qui leur permettent d’être en règle. M. Cissokho estime que cela est un droit, car le Sénégal a signé des conventions internationales. Ils considèrent qu’en ce moment, ils sont pris en otage. ‘’Nous demandons un droit élémentaire, nous ne voulons pas faire de propagande, le gouvernement du Sénégal est en train d’œuvrer, avec le Hcr, pour un pourrissement de la situation’’, a-t-il laissé entendre devant ses compatriotes.
‘‘Le gouvernement mauritanien nous accuse d’être des Sénégalais’’
En 1989, avance Adiouma Cissokho, ils avaient des documents valables pour trois mois. Par la suite, ce délai a été porté à un an. C’est en 2000, avec l’avènement du président Wade, que le Sénégal leur a octroyé des documents d’une durée de validité de dix ans. A en croire le porte-parole des refugiés, les difficultés de la communauté se sont aggravées depuis l’arrivée du nouveau régime. ‘’Les recensements se font, mais ne se terminent jamais’’, crie-t-il haut et fort, en indexant le gouvernement du Sénégal. Selon lui, c’est encore plus grave en période électorale où ils sont complètement oubliés par les pouvoirs publics. Ce qui lui fait dire qu’ils sont exclus totalement du processus d’obtention de documents valables. ‘’Nous n’avons pas le nombre exact de personnes, car aussi bien l’Etat qui a le devoir de les recenser que le Haut commissariat des Nations Unies ne parviennent pas à faire un recensement correct’’, note-il. Au minimum, croit-il savoir, 35 000 réfugiés sont là, avec les départs et les morts enregistrés. Pendant qu’ils rencontrent toutes formes de difficultés dans leur pays d’accueil, les réfugiés ne semblent guère mieux lotis dans leur pays d’origine où le gouvernement les traite de Sénégalais. Or, s’insurge leur représentant, ‘’nos ancêtres sont des Mauritaniens de souche. Si nous courons pour avoir des cartes d’identité, ils vont avoir raison sur nous’’.
Toutefois, les réfugiés mauritaniens lancent un vibrant appel à la communauté internationale pour le règlement de ce dossier. ‘’Cette violation massive orchestrée par le régime de Nouakchott a eu des conséquences désastreuses’’, selon les intervenants. Les femmes, selon le président de l’Union pour la solidarité et l’entraide des réfugiés mauritaniens veufs et orphelins au Sénégal, Abdourahmane Sy, n’arrivent pas à obtenir un travail décent. Elles peinent même à trouver un ‘’travail de domestique’’. Il en est de même pour les enfants qui, selon lui, ne partent pas à l’école.
M. Sy et ses camarades se disent toujours traumatisés par les évènements de 1989.
AIDA DIENE