Publié le 22 Aug 2023 - 22:56
SOCIÉTÉ DISTRICHIM

Un actionnaire pompe 171 millions F CFA dans les caisses

 

Directeur général et responsable commercial à la société Districhim, M. B. Ndong est accusé par les autres actionnaires d'avoir pompé dans les caisses un montant de 171 millions F CFA. Il a été déféré au parquet par les limiers de la Division des investigations criminelles pour les faits d'abus de confiance, faux et usage de faux.

 

M. B. Ndong est actionnaire à hauteur de 15 % dans la société dite Districhim. Il a été présenté au procureur de la République près le tribunal de grande instance hors classe de Dakar par les limiers de la Division des investigations criminelles (Dic) pour les faits d'abus de confiance, faux et usage de faux portant sur un montant de 171 717 182 F CFA. Ce sont ses autres actionnaires qui ont porté plainte contre lui.

Selon nos informations, le 11 juillet dernier, les limiers de la Dic ont reçu une plainte formulée par ladite société, représentée par C. Niang pour abus de confiance.

Dans sa plainte, M. Niang a indiqué que le sieur Ndong était chargé de l'exécution des commandes et le recouvrement des créances. Ainsi, après plusieurs mois de gestion unilatérale, M. B. Ndong s'est empêtré dans une vaste entreprise de détournement de fonds en usant de manœuvres frauduleuses pour y parvenir. L'audit interne effectué suite à une suspicion sur le paiement d'une créance de 15 millions F CFA, selon lui, a permis de déceler un gap de 171 717 182 F CFA dans les caisses de l'entreprise.

Venu confirmer les termes de la plainte, C. Niang, qui parlait pour le compte de la société Districhim, a expliqué que M. Sakho a réfléchi, depuis 2022, à la mise en place d'une société de distribution de produits chimiques, de matières premières, plastiques, cosmétiques, détergents, agroalimentaires, produits et matériel de laboratoire. Pour ce faire, il s'en est ouvert à M. B. Ndong, spécialisé dans ce domaine, pour avoir géré une société de même nature.

Dans ce cadre, dit-il, ce dernier, d'un commun accord avec les co-gérants, en l'occurrence M. Sakho (actionnaire majoritaire à hauteur de 60 %), Ma. Sakho et lui-même disposant chacun (10 %) des parts ont décidé que M. B. Ndong, disposant de 15 %, sera le directeur général de la société. Des fonctions qu'il cumule avec celles de responsable commercial chargé de l'exécution des commandes et du recouvrement des créances. Ils ont commencé à dérouler.

À la suite de cela, selon lui, un audit interne a été effectué du fait d'un écart de 15 000 000 F CFA constaté dans la caisse de la société. Il a été découvert un vaste réseau de détournement de fonds perpétré par le nommé M. B. Ndong.

En effet, dit-il, ce dernier avait ouvert parallèlement, à l'insu des co-gérants, un compte à la NSIA banque, avant de se procurer un chéquier de cette banque lui permettant de retirer des fonds dans le compte officiel de Districhim sans éveiller les soupçons, alors que la société avait domicilié, dès le début de ses activités, son compte bancaire à la BOA, avec un fonds de roulement à hauteur de 80 000 000 F CFA.

Poursuivant, M. Niang a ajouté devant les enquêteurs de la Dic que ce constat a engendré des vérifications plus poussées qui ont abouti à l'existence d'un écart de 171 717 182 F CFA dans la caisse de la société.

Interpellé, le principal suspect, M. B. Ndong, a reconnu les faits de détournement de fonds avant de rédiger une lettre d'engagement. Ainsi, il a émis un chèque de 35 000 000 F CFA revenu impayé pour défaut de provision.

M. B. Ndong évoque un envoûtement

Convoqué et entendu sur procès-verbal régulier, M. B. Ndong a reconnu devant les hommes du commissaire Adramé Sarr, chef de la Dic, l'intégralité des faits qui lui sont reprochés. Revenant sur la création de la société Districhim, il a confirmé les déclarations C. Niang. "Je voudrais souligner que l'idée de création de l'entreprise Districhim venait de moi, puisque je suis spécialisé dans ce domaine. J'avais plusieurs sollicitations de la part de gérants d'entreprise pour la fourniture de matières premières. Dans cette optique, je détiens 15 % des actions. En outre, j'ai été désigné directeur général et responsable commercial de par mon expérience et mon importante clientèle. Dans le cadre de la gestion de l'entreprise, je reconnais avoir ouvert secrètement un compte parallèle à NSIA au nom de Districhim, car voulant masquer volontairement un écart de 15 millions F CFA", a-t-il confié aux enquêteurs.

Interpellé sur les motifs de cet écart, il a soutenu que ce montant avait été volé dans son véhicule, après recouvrement auprès d'un client (Pack Africa) de l'entreprise. Ainsi, pour combler cet écart, dit-il, il a de suite ouvert ledit compte pour y effectuer discrètement le retrait afin d'effectuer un nouveau dépôt dans le compte officiel de l'entreprise.

Interpellé sur les raisons de l'écart de 171 millions F CFA constaté dans les caisses de l'entreprise, il invoque un… envoûtement. À en croire ses allégations, un marabout dénommé A. Ka aurait découvert un sortilège dans son bureau qui entrainait des disparitions inexpliquées de sommes en espèces recouvrées auprès des clients.

Cependant, il a révélé qu'un stock de 20 pieds d'acide citrique monohydrate, d'une valeur 38 000 000 F CFA est disponible dans le dépôt de l'entreprise ainsi que des créances à hauteur de 30 000 000 F CFA que les sociétés Nema Plast et AMD Plastic restent devoir. Interrogé sur le montant exact qu'il reste devoir à l'entreprise, il a évoqué une somme de 90 000 000 F CFA.

Quand il a été invité à fournir des preuves attestant du non-paiement des créances desdites entreprises, il s'est engagé à les mettre à la disposition, dans les meilleurs délais, aux enquêteurs.

Toutefois, il a confié avoir démissionné de son poste de directeur général et responsable commercial, sur recommandation de M. Sakho.

Concernant les remboursements des fonds, selon nos sources, il a rédigé une lettre d'engagement devant être exécutée après la vente de sa maison R+2 estimée à 65 millions F CFA.

CHEIKH THIAM

Section: