Sonko et Diomaye à l’épreuve de la théorie des contrats implicites

La théorie des contrats implicites est une théorie du marché du travail, développée en 1975 pour expliquer la manière dont les employeurs et les employés établissent une relation de long terme qui contient des clauses non écrites sur les salaires, les conditions de travail et la stabilité de l’emploi. Ces contrats implicites sont basés sur la confiance et protègent les employeurs contre les coûts de remplacement de travailleurs qualifiés mais aussi évitent aux travailleurs de supporter les coûts de recherche d’un nouvel emploi.
Sonko confronté au risque d’ajustement
Dans la théorie des contrats implicites, les parties (employeurs et employés) font face à un risque d’ajustement. En effet, si tout ce qui était espéré au moment où l’accord (non écrit) est établi, la situation peut nécessiter une révision de la démarche qui peut ne pas convenir à l’une des parties. L’exercice du pouvoir fait découvrir de nouvelles realités (comme la dette cachée) appellent une autre attitude.
Dans les contrats implicites il y a une rigidité des salaires, c’est-à-dire que les salaires ne baissent pas si la conjoncture est défavorable et ils n’augmentent pas si la conjoncture est favorable, c’est le nombre d’employés qui peut varier (risque de chômage). Donc Diomaye peut ne pas retirer des postes à des cadres de Pastef déja nommés mais il peut ne plus demander leur avis sur certaines décisions et c’est là où semble se trouver le problème. En effet, Sonko semble être un actionnaire majoritaire qui ne se contente pas seulement de la préservation de son emploi (poste de PM) et des avantages rattachés à son statut de PM; c’est donc un employé spécial puisqu’ayant déjà connu la radiation de la fonction publique. Le PR et le PM semblent ne pas avoir la même conception de l’expression "parti au pouvoir".
La théorie du salaire d’efficience, une option salvatrice pour Diomaye
La théorie du salaire d’efficience, développée dans les années 80, stipule que l’employé peut accroitre la productivité du travailleur en lui offrant une rémunération plus élevée que le salaire d’équilibre du marché. Cela aide à le fidéliser. Le salaire de Sonko, c’est la marge de manœuvre qu’on lui donne pour pouvoir peser sur les décisions à prendre.
Puisque Diomaye a intérêt à l’avoir à ses côtés, il pourrait revoir les incitations à offrir à son PM. Se séparer de lui ne serait pas bien vu par la majorité des sénégalais.
Le principal problème semble venir des effets retardés des mesures prises sur l’économie mais la théorie du déséquilibre permet d'expliquer que ça peut être dû aux imperfections de l’information, aux défauts de coordination entre les agents et même à leurs anticipations (sur l’effet des décisions sur leurs intérêts). Donc ce n’est pas forcément parce que les mesures prises ne sont pas bonnes.
Pr Abou KANE
FASEG/UCAD