Publié le 7 May 2013 - 22:05
SORTIE DE L’EX-PM CONTRE SES «FRÈRES»

Souleymane Néné Ndiaye installe le malaise au Pds (Le frère Jules au poteau)

Les propos du dernier chef du gouvernement sous le régime de Me Abdoulaye Wade n'ont pas plu au sein du Parti démocratique sénégalais. Et souvent en pareille circonstance, et vu la personnalité du mis en cause, ce sont des jeunes qui montent au front pour fustiger le trahison du «frère Jules», portant officieusement la voix des «grands» pour qui une telle situation est plus compliquée à gérer.

 

La «contribution» de l’ancien Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye, parue dans la presse et très critique à l’endroit de ses frères de parti, a installé le malaise au Parti démocratique sénégalais. Le maire de Guinguinéo a en effet déploré la réaction des libéraux face à la traque des biens mal acquis qui, à ses yeux, se fait à la tête du… militant. Car, dit-il dans son adresse, il «aurait aimé, à dire vrai, voir une mobilisation de cette ampleur (NDLR : la marche des libéraux le 23 avril 2013 pour exiger la libération de Karim Wade) dès l’arrestation des premières personnalités de notre parti même si je reconnais tout ce qui a été dit et fait pour le maire de Ndioum (NDLR : Amadou Kane Diallo, mis en liberté provisoire) arrêté dans des conditions injustes, en pleine campagne électorale pour les législatives».

 

Plusieurs ténors du Pds interpellés par EnQuête ont souhaité attendre la prochaine rencontre du Comité directeur pour en parler. D’autres disent froidement n’avoir pas encore lu le texte en question ! Mais ceux qui ont accepté de parler estiment que Souleymane Ndéné Ndiaye «ne respecte pas le Pds». «Nous ne devons pas nous laisser distraire par quelqu’un qui est à des milliers de kilomètres du Sénégal (NDLR : l'ancien Premier ministre se trouve en Angleterre depuis plusieurs semaines pour apprendre, l'anglais notamment). Nous nous focalisons sur les réalités sur pays», déclare Bara Gaye, secrétaire général de l’Union des jeunesses travaillistes libérales (UJTL) et très proche de Karim Wade.

 

 

Malick Dieng, directeur de l’Institut libéral, lui, pense que cette sortie médiatique du dernier chef du gouvernement d'Abdoulaye Wade «ne relève pas de l’intelligence politique». «Vu son parcours, son comportement durant la campagne électorale et durant les premiers mois de gestion de pouvoir de Macky Sall, il y a un paradoxe», indique-t-il, soupçonneux. Pour le Dr Dieng, Souleymane Ndéné Ndiaye «aurait dû mener un combat farouche» contre l’actuel régime, ne serait-ce que pour «ce que Wade a fait pour lui». «Il est mal placé pour nous donner des leçons. Pourquoi, il ne l’a pas dit durant ces long mois ?», se demande-t-il.

 

«Lorsque ses frères ont été interpellés, on ne l’a pas vu. Il avait déclaré dans la presse qu’il n’irait jamais à la gendarmerie de Colobane pour soutenir qui que ce soit. La fraternité qu'il prône doit se manifester dans le bonheur comme dans la douleur», crache le directeur de l’Institut libéral qui soupçonne d’ailleurs ouvertement son «frère» de faire le grand écart. Soit il se prépare à une transhumance en bonne et due forme, soit il voudrait se mettre dans une posture équivoque, laisse entendre notre interlocuteur. «Il sent peut-être que le vent a tourné et qu’il veut se positionner comme une alternative (au Pds) dans un avenir proche», dit-il.

 

Même s’il partage certains points de vue avec son «frère» notamment sur la querelle interne au Pds, Dr. Malick Dieng n’en critique pas moins la démarche. «Depuis plusieurs mois, il est en exil volontaire, boudant le comité directeur. Donc, il ne doit pas faire un diagnostic des contre-performances du parti car les diagnostics se font à l’interne», déclare-t-il. Ce qui amène Bara Gaye à cette réflexion : «Nous assumons notre responsabilité face à ce régime despote qui foule aux pieds les principes démocratiques.» Interrogé hier en off, un militant de base du Parti démocratique sénégalais, très remuant, s'est énervé contre le maire de Guinguinéo : «Il nous fait perdre notre temps ! C'est juste un beau parleur !»

 

DAOUDA GBAYA

 

 

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