Désertion partisane
Ceux qui avaient la naïveté de croire que le parti-Etat n’existe pas au Sénégal, ont dû déchanter grave, samedi dernier. L’Assemblée nationale était vide, parce que les députés du peuple étaient trop occupés à ne pas s’occuper de ce qui polarise près de 60 % de la population sénégalaise : l’agriculture. La scène est désolante.
Le ministre, Pape Abdoulaye Seck, esseulé dans son parquet en compagnie d’une dizaine de députés (de l’opposition) s’est tourné les pouces durant de longues heures avant l’arrivée des parlementaires de la majorité. Cette 13e législature n’avait pas besoin de cette démission collective pour justifier davantage son impopularité.
Déjà qu’elle est la risée de l’opinion avec ses batailles de chiffonniers, ses votes sans débat (le budget de l’Agriculture a été adopté sans débat en 2015), les députés-politiciens qui maitrisent mal les problématiques et le pouvoir censé équilibrer les rapports de force avec l’Exécutif, démontre qu’il n’est un habillage institutionnel qu’il va falloir réformer.
Dans un pays au modèle économique fortement tertiarisé, le président lui-même s’est engagé, à travers le fameux Pse (tu parles !) à sa transformation structurelle. Il est regrettable que ce soit lui, et son investiture maquillée en culte de la personnalité, qui est à l’origine de cette désertion partisane à l’Assemblée nationale. Après, comme si de rien n’était, on viendra nous vendre la rupture. A l’image d’Abdoulaye Baldé qui s’entête à se faire croire qu’il n’a pas transhumé.