Storytelling
Devrait-on maudire les oracles d’avoir fait mumuse avec notre espoir de soulever un premier trophée continental de foot ou devrait-on sérieusement penser à reconsidérer notre rapport à la rationalité et à la foi ? Les imprécations vipérines d’après-défaite finale contre la malvoyante Selbé Ndom dénote d’une chose : les prédictions et prédications de la Pythie des temps modernes étaient (sont) prises très au sérieux dans ce pays où l’on aime jurer sur Allah, son prophète, ses saints, ses érudits, mais où l’on a foi qu’en les diseurs de bonne aventure (il faut quand même penser à féminiser l’expression). On les adore tellement que pour le plus petit projet de vie, le charlatan du coin est mis à contribution.
Selbé disait-on, (faut aussi vérifier si elle n’est pas ‘‘communicante’’ de formation), a tellement bien compris cette faiblesse domestique pour le storytelling qu’elle passe tout son temps à conjecturer sur un pronostic et son contraire. Et les crédules, heureux ou déçus en fin de partie, passent de vouloir l’aduler à vouloir la fouetter.
Nous serions-nous accrochés à la piété ou au cartésianisme que Dame Ndom n’aurait jamais aimanté autant d’attentions. Mais dans ce pays où l’on aime s’aveugler pour ne rien voir, on a même vu un quidam en caftan prendre des seaux dans la limousine présidentielle en feu sans qu’on nous une donne une explication convaincante, à défaut d’être rationnelle. Superstition pour superstition, on espère que ce n’est pas à cause de ces ‘‘sacrilèges’’ à répétition que le ciel se retient d’ouvrir ses vannes en ce juillet finissant...Allez les Lions !