Publié le 8 Aug 2023 - 21:48
TENSIONS ET GUÉGUERRE TAXAWU SÉNÉGAL - PASTEF

Yewwi Askan Wi au bord de l’implosion ? 

 

La brouille entre Taxawu Sénégal et Pastef, concernant l’adoption des articles L28 et L29 réhabilitant Khalifa Sall, risque d’entériner un peu plus la rupture entre les deux formations politiques. La participation de Taxawu Sénégal au Dialogue politique avait jeté de l’huile sur le feu en isolant le parti de Khalifa Sall au sein de YAW qui était opposé à ce conclave. De son côté, les responsables de Taxawu Sénégal mettent en lumière les incohérences de cette coalition qui a décidé de se mettre au service d’un homme politique, Ousmane Sonko, au détriment des autres leaders de Yewwi.

 

C’est un moment auquel tout tenant de la majorité a toujours rêvé d’assister. Devant les députés de la majorité qui comptaient les points, les membres de Pastef et ceux de Taxawu Sénégal à couteaux tirés se sont donnés en spectacle lors du vote de la modification de la loi électorale, samedi dernier, réhabilitant Karim Wade et Khalifa Sall. Cette question qui fait suite à divers événements liés au Dialogue national, l'arrestation d’Ousmane Sonko et la dissolution de Pastef, a fini par plomber les relations entre les deux grands piliers de la coalition Yewwi Askan Wi (YAW). Des échanges houleux qui ont poussé certains observateurs à penser que cette coalition de l’opposition vit ses derniers instants.

En effet, les députés de Pastef ont reproché à leurs camarades de Taxawu Sénégal leur manque de soutien dans leur volonté de faire adopter des dispositions de l’article 57 du Code électoral prévoyant une participation inclusive en vue de la Présidentielle. Les parlementaires, préoccupés par l’adoption des modifications visant les articles L28 et L29 du Code électoral, ont décidé de ne pas soutenir l’amendement déposé par Birame Soulèye Diop visant à modifier l’article 57 du Code électoral. Une disposition qui n’a pas reçu l’assentiment de ses camarades de Taxawu Sénégal. Ce qui, d'après le maire de Thiès-Nord, est en contradiction avec la charte de YAW qui prévoyait une participation inclusive pour la Présidentielle de 2024. 

Comble de la situation, les députés du Pastef ont boudé la séance au moment du vote des deux articles avec une coalition improbable regroupant Benno, Wallu et Taxawu Sénégal avec 125 voix pour une voix contre.

La coalition Yewwi Askan Wi (libérer le peuple, en français) est portée sur les fonts baptismaux en septembre 2021, sous l’impulsion des partis fondateurs comme Taxawu Sénégal, Pur et Pastef. Mais en réalité, cette coalition est portée par les deux leaders, Khalifa Sall et Ousmane Sonko. Elle a réussi à bousculer le régime en s’imposant dans plusieurs grandes villes du pays comme Ziguinchor, Rufisque, Guédiawaye, Dakar et Thiès, lors des Locales du 31 janvier 2023. Cette dynamique s’est maintenue lors des élections législatives, avec près de 56 députés, dont 13 de Taxawu Sénégal et 24 de Pastef. Les deux formations se sont taillé la part du lion dans les investitures, ce qui provoqua l’ire de plusieurs autres responsables comme Me Moussa Diop, Serigne Mansour Sy et Moustapha Guirassy qui ont dénoncé l’omnipotence des deux grandes formations politiques. 

Une coalition électorale face aux défis des ambitions présidentielles

Toutefois, cette dynamique largement entretenue par le Pastef se heurte rapidement au choc des ambitions des différents protagonistes. Une situation qui semble connaître un point de non-retour, avec la décision unilatérale de Taxawu Sénégal de participer au Dialogue politique. Ceci en contradiction avec la décision de la direction de YAW qui rejette tout dialogue avec Macky Sall tant que ce dernier continuera à bafouer les libertés publiques.

Ces attaques de la coalition envers Khalifa Sall ont fait sortir de ses gonds Barthélemy Dias qui a qualifié  YAW de club de soutien dont le seul but est de porter le combat d’Ousmane Sonko. Dans les cercles proches de YAW, on n’hésite pas à parler de trahison et même d’exclusion de Taxawu de la coalition. 

Pour Yewwi Askan Wi, la participation au Dialogue national de Taxawu Sénégal de Khalifa Sall intervient au moment où Ousmane Sonko est séquestré chez lui et que des centaines de militants et responsables de son parti sont arrêtées et emprisonnées. Pour Taxawu Sénégal, ce communiqué signé par la Conférence des leaders de Yewwi Askan Wi a été publié sans consultation et validation préalables par tous les leaders, ont déploré les camarades de Khalifa Sall.

En outre, la dissolution de Pastef et l’emprisonnement de ses cadres semblent avoir redistribué les cartes au sein de YAW. Des formations comme le Parti républicain pour le progrès (PRP) de Déthié Fall, du Grand parti de Malick Gackou se positionnent pour tenter de récupérer l’électorat d’Ousmane Sonko, s’il venait à être définitivement écarté de la course. 

Destins croisés entre Sonko et Khalifa Sall, bataille de positionnement au sein de YAW

A sept mois de la Présidentielle, Ousmane Sonko et Khalifa Sall connaissent des destins croisés. Le premier nommé observe une grève de la faim depuis qu’il est emprisonné à la prison de Sébikotane. Le second, qui est en passe d'être réhabilité, a sonné le rappel des troupes de la diaspora et de l'intérieur du pays. Macky Sall non-partant et Ousmane Sonko quasi écarté semblent redonner confiance aux partisans de l’ancien maire de Dakar qui entendent peser sur l’élection présidentielle de février 2024.

Mais ce climat de défiance pourrait pousser une partie de l'électorat à se détourner de Taxawu Sénégal, en cas de non-candidature de Sonko ou de Pastef. Même si dans la charte d'engagement de YAW, tous les partis doivent soutenir, le cas échéant, le candidat du parti ou mouvement membre de la coalition qui sera qualifié pour le second tour, la mollesse du soutien de Taxawu Sénégal face à la répression qui s’est abattue sur Pastef risque de définitivement entériner la brouille entre les deux partis.

Ainsi, d’autres leaders de YAW comme Déthié Fall, Malick Gackou, voire Aida Mbodj sont susceptibles de bénéficier de ce report de voix en février 2024. Cette course pour conquérir l’électorat de Sonko, à terme, risque d’isoler un peu plus la formation de Khalifa Sall au sein de YAW. Un Taxawu Sénégal bien disposé à s’imposer sur l’échiquier politique.

La majorité présidentielle risque d’imploser en cas de nomination d’un nouveau candidat de Benno et que YAW, privée de la dynamique de Pastef, risque de moins peser sur les débats en vue de la Présidentielle. L’ancien ministre socialiste compte miser sur un agrégat d’électorat basé sur les déçus du Parti socialiste, des cadres, des femmes et des masses populaires dans les centres urbains, pour tenter de surprendre en février prochain.  Taxawu Sénégal met souvent en avant l’expérience et la discrétion de l’ancien maire de Dakar comme argument de poids afin de séduire cet électorat. Un réservoir de voix qui risque de le mettre en concurrence avec d’autres entités de YAW qui comptent sur cet0 électorat, dans le but de chasser Benno Bokk Yaakaar du pouvoir.

Amadou Fall

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