Le ciel s’abat sur 387 propriétaires
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La démolition de plusieurs maisons intervenue ce week-end, au quartier Route de Dakar 2, à Thiès, est très mal vécue par les victimes.
Des maisons rasées par des bulldozers, des propriétaires qui n’ont que leurs yeux pour constater les dégâts. Tel est le spectacle au quartier Route de Dakar 2 de la commune de Thiès-Ouest. Ces infortunés propriétaires, au nombre de 387, ont un contentieux avec la Soprim, une société établie à Dakar, qui s’active dans la construction et la vente de maisons. Deux cents d’entre eux avaient fini d’ériger leur demeure sur le site. Notamment Mouhamadou Lamine Massaly qui a fait sur le site une sortie au vitriol contre le chef de l’État qu’il accuse d’être derrière cet acte. Puisque, selon lui, ce n’est pas la Direction de la surveillance et du contrôle de l'occupation du sol (DSCOS), habilitée à procéder à ce genre d’opérations, qui a été la maitresse d’œuvre de ces démolitions, mais, la police.
Meurtri, il parle ‘’d’assassinat’’, avant de fondre en larmes. ‘’Vous trouvez cela normal ? Macky Sall a demandé à la police de les démolir, alors que j’ai payé toutes les redevances à la Soprim’’, s’indigne l’ex-tête de liste départementale de la coalition gagnante Wattu Senegaal. Massaly y voit, dans ces opérations, ‘’de la méchanceté’’. ‘’Nous avons fait des économies pour construire une demeure et mettre à l’abri nos enfants (...). Aujourd’hui, je n’ai que mes yeux pour verser des larmes. Combien de millions sont partis en fumée, aujourd’hui ?’’.
Convaincu que la démolition de sa maison a une connotation politique, le président de la fédération urbaine du Parti démocratique sénégalais (Pds) à Thiès promet de mener le combat sur le terrain politique. Avant d’écarter l’option judiciaire. ‘’Il n’y a pas de justice dans ce pays et je sais que si je porte plainte, je perdrai mon procès. Nous sommes des Sénégalais. Il est temps que les gens résistent. Nous ne devons plus accepter que Macky Sall utilise la police pour nous tuer’’, martèle-t-il.
‘’La Soprim n’a pas respecté sa promesse’’
Pour sa part, le coordonnateur du collectif de Route de Dakar 2, Bacary Cissé, trouve que la Soprim n’a pas tenu sa promesse. ‘’Cette affaire a commencé en 2015. Quand elle a éclaté, on a saisi l’Inspection générale d’État (Ige) et la présidence. L’affaire a atterri au tribunal. Lors du premier jugement, le tribunal a ordonné l’expulsion de 40 parcelles au profit de la Soprim. La Soprim n’a pas respecté sa promesse. La démolition ne concerne que ceux qui avaient deux rangs. Nous avons fait appel, mais l’appel a condamné tous les résidents. Les responsables de la Soprim nous avaient demandé de venir négocier autour d’une table. Les négociations sont en cours’’, informe M. Cissé. Ce dernier regrette qu’aucune sommation interpellative ne leur ait été notifiée.
Au début de cette affaire, précise Bacary Cissé, la Soprim leur avait proposé 5 000 F Cfa le mètre carré, mais eux avaient fait une contre-proposition de 15 000 F Cfa. ‘’Ce sont des Sénégalais qui sont là-bas, à la Soprim. Nous ne refusons pas de payer, mais ce n’est pas normal de réveiller les gens à 6 h du matin avec des engins démolisseurs. La Soprim avait démarré ses travaux sur l’axe de la route nationale. C’est en 2013 que j’ai eu le bail. L’autorisation de la mairie m’a été donnée en 2007’’, tempête à nouveau le coordonnateur du collectif de Route de Dakar 2.
GAUSTIN DIATTA (THIÈS)