Le réseau Siggil Jigeen et les acteurs communautaires unissent leurs forces

Le réseau Siggil Jigeen, en collaboration avec les acteurs communautaires, intensifie son plaidoyer pour le relèvement de l’âge légal du mariage précoce. Ce projet d’envergure sous-régionale vise à lutter contre le mariage précoce au Sénégal et au Niger. Pour le Sénégal, la région de Thiès, en particulier le département, a été ciblée comme zone d’intervention prioritaire.
L’objectif de cette rencontre était de renforcer la communication et la sensibilisation sur les dispositions discriminatoires liées au mariage précoce et ses conséquences néfastes sur l’éducation, la santé et le bien-être des jeunes filles. Khady Sow Diop, secrétaire générale de l’inspection d’académie de Thiès, a souligné l’engagement de l’institution dans ce projet initié depuis 2024, qui concerne trois établissements sélectionnés : le lycée Jules Sagna, le collège Ousmane Ngom et l’école élémentaire Brigadier Manganèse Diabaté. Elle a insisté sur l’importance du rôle des chefs d’établissement et des parents d’élèves, partenaires essentiels pour accompagner les jeunes filles et les sensibiliser sur les dangers du mariage précoce.
Pour Mme Diop, ces discussions ont mis en lumière les nombreuses conséquences de cette pratique : grossesses précoces entraînant des complications à l’accouchement, malnutrition infantile, abandon scolaire et augmentation de la pauvreté. Sur le plan social, le phénomène favorise également les divorces précoces en raison du manque de maturité des jeunes filles à gérer leur ménage.
Safietou Diop Fall, présidente du réseau Siggil Jigeen, a souligné l’importance de cette initiative qui vise à créer une synergie entre les femmes et les acteurs communautaires afin d’agir sur les questions centrales liées aux droits des femmes. Elle a insisté sur la nécessité d’une approche territoriale pour une prise en charge efficace de cette problématique. Un comité de suivi sera mis en place afin de coordonner les actions et d’assurer un impact durable.
‘’Il faut castrer les coupables avant de les envoyer en prison’’
Donnant son avis sur les prédateurs sexuels, elle est d'avis que les violeurs doivent subir des sanctions radicales : ‘’Il faut castrer les coupables avant de les envoyer en prison, pour donner un signal fort à ceux qui envisageraient de commettre ces actes.’’
Elle encourage ainsi les mouvements féminins et toutes les femmes sénégalaises à s’engager davantage pour mettre fin à ces violences, en restant ancrées dans un ‘’féminisme africaniste et positiviste basé sur nos valeurs culturelles’’.
La présidente du réseau Siggil Jigeen estime que les familles doivent être plus vigilantes pour prévenir ces crimes. ‘’La responsabilité des familles est engagée. Nous devons retrouver nos valeurs familiales et éduquer nos enfants, à la maison comme à l’école. Les enseignants doivent jouer leur rôle de parent, comme à notre époque’’, suggère-t-elle.
De son côté, Aminata Fall Niang, présidente de l’Association des juristes sénégalaises (AJS), a précisé que ce projet intègre plusieurs axes d’action, notamment la sensibilisation des jeunes filles à leurs droits fondamentaux. L’objectif est de leur permettre de faire des choix éclairés, en particulier en matière d’éducation et de mariage. L’AJS milite également pour une modification du Code de la famille afin de porter l’âge légal du mariage des filles de 16 à 18 ans, alignant ainsi la législation sur l’égalité des sexes et les standards internationaux en matière de droits humains.
Elle a également évoqué le décret religieux interdisant les mariages précoces, jugeant que ‘’l’âge minimum de maturité’’ pour les jeunes filles était de 18 ans. ‘’Les croyances restent un gros problème sur le terrain parce que les gens pensent que ces pratiques sont des obligations religieuses’’, a-t-elle relevé. Les chefs religieux ou traditionnels sont invités à ‘’renforcer le dialogue au sein de leurs communautés religieuses pour remettre en cause les idées reçues de longue date, selon lesquelles les mariages d’enfants et les MGF sont des pratiques acceptables’’, indique la présidente de l'Association des juristes sénégalaises.
Ce projet ambitionne ainsi de mobiliser les communautés, les autorités locales et les organisations de la société civile pour éradiquer le mariage précoce et garantir un avenir meilleur aux jeunes filles sénégalaises, a-t-elle ajouté.
Les acteurs communautaires présents ont réaffirmé leur engagement à amplifier la sensibilisation et la communication au sein des écoles et des familles pour éradiquer ce fléau qui compromet l’avenir des jeunes filles sénégalaises.
Ndeye Diallo (Thiès)