‘’La famille politique de Me Wade devrait répondre présente à l'appel à l'unité’’
À côté des militants de l’Alliance pour la République, des alliés de Benno Bokk Yaakaar, la non-candidature de Macky Sall soulève également le sort d’anciens caciques du PDS qui avaient regagné le camp présidentiel. Ancien membre de Suqali Sopi, Babacar Gaye répond aux questions d’’’EnQuête’’.
Quelle lecture faites-vous de cette déclaration de non-candidature du président Sall ?
En renonçant à sa candidature à l'élection présidentielle du 25 février 2024, le président Macky Sall vient d'inscrire son nom de manière indélébile au panthéon de la politique. C'est toujours difficile pour un homme politique de passer la main, alors que tous les paramètres sont au vert : droit à un deuxième quinquennat, famille politique déterminée, bilan élogieux… Il vient d'administrer à la classe politique une leçon d'éthique, en s'adossant à son code d'honneur. En dépit de la forte pression de ses alliés et soutiens, le président Macky a fait preuve de résistance inouïe avant de trancher. Cette décision historique lui donne une nouvelle légitimité renforcée au service des intérêts exclusifs du Sénégal. Désormais, il a les coudées franches pour engager toutes les réformes et restaurer la sacralité de l'État à travers ses institutions. Il replace le Sénégal au cœur du projet politique et le repositionne ainsi au rang des nations démocratiques respectées dans les forums mondiaux. Ce discours l'a réconcilié avec le citoyen honnête et conscient de ses responsabilités.
Avec cette décision, il y a la question de la recomposition qui se pose avec un peu plus d’acuité dans presque toutes les familles politiques. Comment voyez-vous cette recomposition ?
Par essence, l'échiquier politique est sujet à une recomposition permanente. À chaque séquence de la vie d'une nation apparaissent des phénomènes inattendus qui imposent de nouvelles attitudes et postures. La déclaration de non-candidature du président fait partie de ces conjonctures. Il faut prendre le temps de les analyser froidement, mais profondément, afin d'en tirer toutes les conséquences. Il ne faut pas sous-estimer le séisme politique ainsi créé.
Car, comme le disait Gramsci, c'est ‘’le vieux monde (qui) se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur, surgissent les monstres’’. Quelle sera la posture politique des leaders de l'APR en particulier et ceux de la mouvance présidentielle en général ? Quel impact, la probable candidature de Khalifa Sall aura-t-elle sur la cohésion de Yewwi Askan Wi ? Quelle lecture politique, Karim Wade et le PDS auront-ils du retrait inattendu du président Sall ? Quel sera le comportement des libéraux qui constituent la majorité politique actuelle, face aux enjeux de leurs retrouvailles ? Quid de Pastef et ses satellites, eu égard à la problématique de l'inéligibilité d’Ousmane Sonko à la prochaine Présidentielle ? Ce sont autant de questions dont les réponses structurent le prisme à partir duquel tout homme politique averti devrait appréhender la nécessaire recomposition politique inéluctable.
Sans donner de leçons à personne, j'estime que la famille politique de Me Wade au sein et en dehors de Benno Bokk Yaakaar devrait répondre présente à l'appel à l'unité, à la solidarité pour préserver la République, les acquis démocratiques, l'État de droit, afin poursuivre dans la stabilité et la défense des intérêts nationaux les politiques hardies de transformation sociale entamée depuis 2000.
Quel sort pour les alliés libéraux du président dont vous avez fait partie ou dont vous faites partie ? Est-ce qu’un retour au PDS est envisageable ?
Les alliés du président Sall doivent garder une posture de dignité. Face aux enjeux, ils ne doivent pas faire moins que lui. Sacrifier leurs ambitions personnelles à l'autel de l'intérêt général sera le seul projet acceptable.
Personnellement, je réaffirme mon soutien politique au président Macky Sall en toute indépendance des entités politiques d'obédience libérale. Au demeurant, les chances de mon retour au PDS sont quasi nulles, quand bien même un homme politique de mon expérience ne doit jamais dire jamais.
À l'heure actuelle, je reste concentré sur un autre projet politique avec le citoyen au centre des préoccupations, d'autant que le président Sall a fait don de sa candidature au nom de l'intérêt supérieur de la Nation. J'entends participer à l'édification d'un Sénégal uni, solidaire, sécurisé et mis sur l'orbite de l'émergence. À cette fin, je donne rendez-vous à mes compatriotes dans les prochaines semaines.