Ubeku
En résidence chez Selebe Yoon depuis deux mois, l’artiste sénégalais Alioune Diouf sera mis à l’honneur par ladite galerie dont l'inauguration est imminente. En effet, Selebe Yoon inaugurera ses murs avec ‘’Ubeku’’ (ouverture, en wolof), une exposition individuelle de M. Diouf. Elle se déroulera pendant deux mois et ouvrira officielle le 27 novembre prochain. Elle présentera, selon les promoteurs, une installation ‘’monumentale’’ en tissu à l’entrée, une série de dessins aux pigments naturels, lasérie “Gouney Jangaal” de l’artiste mêlant couture et peinture ainsi que des interventions in-situ.
‘’Rentrer dans le travail et la pensée d’Alioune Diouf, c’est rejoindre la marche en pleine route, suivre des coins et recoins imprévus. Nous ignorons où conduira le chemin qu’il prend, quelle image le trait tracé au fusain nous révélera et à quoi aboutiront ses mots dénués d’artifice. Et pourtant, son œuvre nous emporte vers une unité qui contient la variété du monde.
Le tout se tient et s’éprouve. Mais ce tout naît de pas grand-chose : d’une trace sur un mur, d’une feuille de manguier, même d’un fil à coudre, qui font éclore un nombre infini de visages’’, témoignent les promoteurs de la galerie dans un document de présentation. Qui sont ces hommes, aux allures singulières, avec une diversité de teintes, de tailles et d’apparences ?, se demande-t-on lors qu’on contemple les ouvres de l’artiste. ‘’Étrangers et semblables, ces hommes sont en marche, à l’écoute des paroles inaudibles du monde, dans une quête d’humanité’’, raconte Alioune Diouf.
...Parmi ces visages, des oiseaux, chevaux ou serpents coexistent avec des figures totémiques, des éléments cosmiques, végétaux ou floraux, des êtres hybrides tels qu’un homme-baobab ou un homme-oiseau. En effet, fait-on savoir, Alioune Diouf dissémine dans ses œuvres ‘’des symboles universels qui ont attisé l’imaginaire de chaque civilisation pour leur évocation sacrée : la croix, l’œil, l’œuf, la lune et l’oiseau’’. Aussi universelles soient-elles, souligne-t-on dans la note, ces figures sont les compagnons intimes et spirituels de l’artiste.
Ainsi, l’oiseau, intercesseur entre le ciel et la terre, souvent adossé ou immergé au sein des personnages, ‘’est un messager de l’esprit pour l’artiste’’. La croix, tel un axe représente “l’homme debout” pris d’un désir de verticalité ; l’œuf - symbole du cycle de la vie, est enveloppé dans les turbans des personnages, entre leurs sourcils ou suspendus au-dessus d’eux. Le travail d’Alioune Diouf incarne donc le débordement : ‘’chaque figure dessinée (l’oiseau, à l’arbre, à l’homme) ne s’arrête jamais à sa forme, mais se déploie et s’étire au-delà de ses contours.
Dans cette circulation ininterrompue du vivant, ces personnages sont liés par un seul fil à coudre, par le même ‘’souffle qui les anime’’. Ainsi, le monde de M. Diouf est à la fois déroutant et bienveillant, selon les promoteurs de Selebe Yoon. ‘’L’infiniment grand danse, dans ce carnaval incessant, avec les détails les plus infimes du monde. Un art qui chatouille la spiritualité, la spiritualité qui caresse l’art. Une humanité possible. Une unité. Une ouverture’’, ont-ils apprécié.
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