Publié le 24 Jul 2019 - 13:26
VOL AU MINISTERE DE LA GOUVERNANCE LOCALE

Des agents subtilisent du matériel informatique d’une valeur de 20 millions 

 

Un vigile et deux chauffeurs en service au ministère de la Gouvernance locale, du Développement et de l'Aménagement du territoire encourent 2 ans d’emprisonnement ferme. Attraits hier à la barre du tribunal correctionnel de Dakar, ils sont accusés d’avoir subtilisé du matériel informatique d’une valeur de 20 millions de francs Cfa.

 

En vue de faire face aux problèmes dont est confronté l’état civil sénégalais, le ministère de la Gouvernance locale, du Développement et de l'Aménagement du territoire avait, courant 2018, fait une commande de matériel informatique. Il s’agissait de 10 ordinateurs fixes et 2 imprimantes destinés au centre d’état civil national.

Seulement, avant que ce service ne reçoive la dotation, le matériel a disparu de la salle de conférence du ministère où il était gardé. Ainsi, en visionnant les vidéos de surveillance, les responsables du ministère ont découvert que les voleurs étaient des agents. Il s’agit du vigile Amadou Boiro et du chauffeur Amadou Kaba Diallo, et leur receleur Abdoulaye Niang. Le trio sera arrêté de même qu’un autre chauffeur.

Attraits, hier, à la barre du tribunal correctionnel de Dakar pour association de malfaiteurs, vol au préjudice de l’Etat, seul l’agent de sécurité a reconnu les faits, mais a tenté de minorer la valeur des objets volés, alors que ceux-ci étaient encore emballés. ’’Il s'agit juste de 2 vieilles imprimantes et 2 onduleurs. Ils n'étaient pas utilisés’’, a allégué Amadou Boiro. Son collègue et co-prévenu Amadou Kaba Diallo a plaidé non coupable.

‘’Je n’ai rien vendu à Abdoulaye Niang et je n'ai rien pris’’, a confié le chauffeur qui, devant le juge, avait reconnu avoir volé un seul ordinateur qu’il a revendu au commerçant. Interrogé, ce dernier a pris le contre-pied de Boiro. ‘’J'ai acheté 10 ordinateurs et 2 imprimantes d'une valeur 600 à 700 000 F. Je lui ai remis 500 000 F. C'était des ordinateurs neufs’’, a confié Abdoulaye Niang.

Pour faire preuve de bonne foi, il a soutenu non seulement qu’il a trouvé le prix raisonnable, car il a l'habitude d'en acheter avec les conteneurs, mais ses co-prévenus lui ont fait croire qu'on leur a offert le matériel et qu’ils lui ont montré un bon de sortie. Or, l'enquête a révélé qu'il venait nuitamment pour vérifier à l’avance l’état de la marchandise.  

Quoi qu’il en soit, l’agent judiciaire de l’Etat, Moussa Thiam, estime que les faits sont constants, même si les prévenus tentent de minorer le matériel. Pour la réparation, il a réclamé des dommages et intérêts de 20 millions de F Cfa. La représentante du parquet, qui n’a pas manqué de sermonner les agents pour leur indélicatesse, a abondé dans le même. Elle estime que compte tenu de la qualité des agents, le commerçant sait bien que ses co-prévenus ne pouvaient être propriétaires du matériel. Pour la parquetière, le prévenu a acheté à un vil prix.

Ainsi, elle a requis 1 an ferme contre le receleur et 2 ans contre les agents.

Conseil du commerçant, Me Abdoulaye Sène estime que le délit de recel suppose que la personne a acheté en connaissance de cause. Compte tenu que la somme de 2 millions 600 mille francs a été consignée par les prévenus, il a plaidé la liberté provisoire.

Le parquet a requis le rejet, au regard de son réquisitoire et du risque de trouble.  

Le tribunal a rejeté la demande de liberté provisoire et a mis l’affaire en délibéré le 13 août prochain.

FATOU SY

Section: