Comment le chambellan a dévalisé la femme de Cheikh Béthio Thioune
Le compagnonnage entre Aida Diallo et son homme de confiance se termine devant la barre du tribunal correctionnel de Mbour. Le chambellan a volé les bijoux de la femme de Cheikh Béthio Thioune pour les bazarder à un bijoutier, avec la complicité d’un charlatan.
Depuis 8 ans, O. Touré est l’homme à tout faire d’Aida Diallo, l’une des femmes du guide des Thiantacounes, Cheikh Béthio Thioune. Jusqu’à très récemment, la dame vouait une confiance aveugle à son chambellan de 35 ans, qui détenait toutes les clés de la maison. Même celle de sa chambre à coucher. Hier, devant la barre du tribunal correctionnel, elle a dit tout son dépit et sa peine devant l’ampleur de la trahison de son chambellan. ‘’Oumar est un talibé. Il détenait toutes les clés de ma maison. Je suis partie en voyage en Chine. Je suis revenue le dimanche. Je devais me rendre à Dakar, le mardi, pour assister à une réunion. J’ai dit à ma fille de m’apporter l’un des bijoux que je voulais porter. Elle m’a dit qu’il n’y avait aucun bijou dans le coffre. J’étais abasourdie, parce que tous bijoux se trouvaient dans le coffre‘’, explique Aida Diallo.
Sur le champ, elle a appelé O. Touré qui était parti voir sa famille. Elle lui a demandé où se trouvaient ses bijoux. ‘’Il m’a dit qu’il ne savait pas. Je lui ai alors demandé de rentrer à la maison pour qu’on s’explique. Il m’a dit qu’il viendrait, le lendemain. Le matin, je l’ai appelé pour lui demander où il était. Il m’a dit qu’il était en route et qu’il sera bientôt à la maison. Mais, il n’est pas venu’’. Ne voyant pas son homme de confiance arriver, après quelques jours d’attente, l’épouse de Béthio dit avoir appelé sa femme pour lui demander si elle savait quelque chose sur la disparition de mes bijoux. ‘’Elle m’a dit que non‘’, dit-elle. Ainsi, lorsqu’O. Touré est finalement rentré, Aida Diallo l’a appelé afin qu’ils discutent. ‘’Il m’a dit qu’il n’avait pas vu mes bijoux. Pendant des jours, il a continué à vaquer à ses occupations, comme d’habitude’’, raconte Aida Diallo.
‘’Pourquoi autant de confiance à l’égard de O. Touré ?’’, lui a demandé le juge. ‘’Je ne pouvais qu’avoir confiance en lui. Quelqu’un que tu héberges, nourris, habilles. Quand, il devait se marier, je lui ai trouvé une femme. Je lui donne de l’argent que même un salarié peine à avoir, à la fin du mois. Cette personne-là, on ne peut qu’avoir confiance en elle’’, a répondu Aida Diallo.
‘’Il a brulé la mallette et les factures des bijoux’’
Toujours est-il que le chambellan a été perdu par un appel anonyme à la gendarmerie de Mbour. Selon le procureur, les pandores sont allés chez Aida Diallo procéder à son arrestation. A la gendarmerie, il a reconnu avoir volé les bijoux et dit qu’il les avait remis à Masserigne Touré, un charlatan qu’il venait de connaitre, il y a six mois. O. Touré avait requis ses prières, parce que, selon ses explications, sa sœur avait disparu. Depuis lors, ils ont gardé le contact. Puis un jour, le charlatan a dit à O. Touré que, grâce à ses prières, même s’il vole les bijoux d’Aida Diallo, cela n’aura jamais de conséquence pour lui.
Il venait de lui inoculer le poison de la cupidité et de la trahison qui a fait son œuvre. Puisque, confesse le charlatan : ‘’un jour, il m’a apporté une mallette et m’a demandé de vendre l’or pour lui. Il a brulé la mallette et les factures des bijoux qui s’y trouvaient dans la maison que je garde. Je suis allé voir M. H. Niasse et je lui ai vendu les bijoux à 3.877.000 francs Cfa’’. Le juge lui a demandé, s’il avait demandé au Chambellan d’où sortez tout cet or. Il a répondu : ‘’Non’’. ‘’Pourquoi, vous ne vous êtes pas demandé comment un gardien pouvait se procurer une telle quantité en or ? ’’, a poursuivi le magistrat.
‘’Je ne lui ai pas demandé, parce que j’entendais souvent les gens dire que le Cheikh ou Sokhna Aida offraient des présents à leur talibés ‘’, s’est défendu M. Touré. Le bijoutier M. H. Niasse, qui avait acheté les bijoux à 3.877.000 francs CFA, ne détenant pas toute cette somme, s’est rendu à Dakar pour vendre un bracelet provenant du butin à 1.098.900 francs CFA à un autre bijoutier, O. Hanne. Il en a vendu un autre à 18.000 francs. Et a fondu le reste qu’il a évalué à 258 grammes.
Aida Diallo évalue la valeur des bijoux à plus de 50 millions
Mais, Aida Diallo soutient mordicus que la valeur des bijoux dépasse le montant de 50 millions. A l’en croire, le coffre contenait 19 boites, qui contenait chacune un ensemble parure, 100 bagues et même un bijou en diamant. Elle explique ne pas comprendre pourquoi ses bijoux qui dépassaient plus de 50 millions aient été vendus à trois millions et quelques. ‘’Une seule parure dépasse 4 millions. La majeure partie m’a été offerte, les autres je les ai achetés. C’était une épargne pour le jour où ma fille se marierait‘’, a dit la plaignante.
Le bijoutier a qui M. H. Niasse a vendu un bracelet explique : ‘’J’ai exposé le bracelet pendant 20 jours. Le jeudi 10, j’ai reçu un appel de M. H. Niasse. Il m’a dit qu’il voulait me voir et qu’il m’attendait à mon lieu de travail. Je lui ai dit d’attendre jusqu’au lendemain, car, je rentrais chez moi. Le lendemain, quand je l’ai rappelé sur le même numéro, le commandant de la gendarmerie de Mbour a répondu. Il m’a dit que le bracelet que j’avais acheté provenait d’un vol. J’ai sur le champ pris une voiture pour venir à Mbour rendre le bracelet ’’, explique O. Hanne. Suite à cela, il a été arrêté pour les besoins de l’enquête, puis libéré.
Prenant la parole, l’avocat d’Aida Diallo, Me Vebert, a soutenu qu’O. Touré a une manière particulière de remercier sa patronne, après tout ce qu’elle a fait pour lui. Et qu’il y avait une entente entre O. Touré et M. Touré. Car, pensant que les prières de M. Touré pouvaient le protéger, O. Touré s’est transformé en voleur. D’après lui, la culpabilité de Niasse est avérée, car il s’est précipité pour fondre l’or. ‘’Il n’ignorait pas la provenance frauduleuse de ces bijoux. On peut accorder une présomption de bonne foi à O. Hanne’’, a ajouté l’avocat. Avant de demander à ce qu’on condamne les prévenus à payer solidairement la rondelette somme de 55 millions à sa cliente. Etant entendu qu’une partie des bijoux de sa cliente a une valeur affective.
Le procureur enfonce le charlatan
Dans son réquisitoire, le procureur a indiqué que si O. Touré a eu l’audace de prendre les bijoux, c’est sur encouragement de M. Touré. Qui a aidé dans la consommation de l’effraction. Si la bonne foi de O. Hanne est établie, il n’en n’est pas de même pour M. H. Niasse. ‘’Il savait pertinemment l’origine frauduleuse de ce gain facile. Il ne pouvait l’ignorer’’, a martelé le procureur qui a requis trois mois fermes contre M. H. Niasse. Et 2 ans fermes contre O. Touré et M. Touré.
Mais, Me Kane n’a pas approuvé le fait que O. Hanne ait bénéficié de la présomption d’innocence et non son client M. H. Niasse. Il a demandé sa relaxe, car il est aussi de bonne foi. Et qu’il soit libéré ne serait-ce que pour le bénéfice du doute. Pour l’avocat de M. Touré, Me Fadel Fall, la complicité n’est pas établie et qu’il n’y a aucune trace qui indique que M. Touré a conseillé à O. Touré dans la production des faits. Mais qu’on ne peut que lui reprocher une imprudence. ‘’A Madinatoul Salam, il y a une certaine opulence, une certaine richesse. C’est pour cela qu’il ne s’est pas posé la question sur la provenance de l’or. Il n’est pas au fait de ce qu’il avait entre les mains‘’, a défendu Me Fall. Qui a demandé la relaxe de son client qui s’engage à rembourser les 500 000 FCFA qu’il a reçus de O. Touré. Délibéré le 31 janvier.
KHADY NDOYE (MBOUR)