Les douze démineurs toujours entre les mains des ravisseurs
Les douze (12) démineurs enlevés vendredi dernier à Kaïlou seraient entre les mains des hommes du chef de guerre César Atoute Badiate dans son fief de Kassolole. Les tractations entamées pour leur libération n’ont jusque-là pas eu les résultats escomptés.
Les douze (12) démineurs de la société sud africaine Méchem, un des opérateurs de déminage en Casamance, sont toujours entre les mains de leurs ravisseurs. Des tractations sont en cours, en vue de leur libération. Ils ont été enlevés vendredi dernier en début d’après-midi par une bande armée à Kaïlou, village situé à une vingtaine de kilomètres de Ziguinchor dans l’arrondissement de Nyassia. Toutefois, les ravisseurs n’ont pas emporté le matériel de déminage.
Les démineurs dont trois (3) femmes s’étaient rendus sur les lieux pour procéder à des vérifications de qualité sur le site de Kaïlou dont le déminage avait déjà été entamé par Handicap International (HI). Une opération qui avait été, il y a deux ans de cela, suspendue pour des raisons de sécurité. En effet, des individus supposés appartenir au Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance (MFDC) s’étaient nuitamment rendus sur le site. Ils avaient détruit le balisage installé par HI et laissé sur place l’inscription : «Attention danger de mort Atika !», nom de l’aile combattante du MFDC. Selon des sources concordantes, les 12 démineurs seraient retenus à Kassolole, l’état-major principal de la faction rebelle favorable au chef de guerre César Atoute Badiate.
Lors d’une rencontre tenue à Sao-Domingo, en mars dernier entre le MFDC, le Centre National d’Anti-mines du Sénégal (CNAMS), des officiels bissau-guinéens et des Ong dont Appel de Genève et APRAN intervenant dans le processus de paix en Casamance, les représentants du mouvement séparatiste casamançais proches de César Atoute Badiate avaient clairement indiqué que le déminage avait atteint la «ligne rouge». Ils avaient précisé qu’au-delà de cette ligne «Maginot», la sécurité des démineurs n’était plus garantie. Cette position de «Atika» avait suscité beaucoup d’inquiétudes et de commentaires au sein des acteurs du processus de paix en Casamance et d’angoisse chez les populations, notamment des zones encore sous l’emprise des mines.
850 personnes victimes des mines en Casamance
Depuis le début du déminage humanitaire en Casamance entamé en 2008, c’est la première fois que des démineurs font l’objet d’attaque directe de la part des combattants du Mouvement indépendantiste. Rappelons que les opérations de dépollution de la Casamance se poursuivent, notamment dans les zones de Mpack et de Bourofaye Baïnouck, à la lisière de la frontière avec la république de la Guinée-Bissau. De même que les enquêtes non techniques qui permettent d’identifier les zones affectées par les mines.
Soulignons par ailleurs que les acteurs présents à la revue annuelle 2013 du Centre National d’Action Anti-mines (CNAMS), tenue le 25 mars dernier dans la salle de conférence de la Gouvernance de Ziguinchor, avaient plaidé pour la poursuite de ces enquêtes, notamment dans le Nord Sindian, à Diouloulou, mais aussi au sud de la région au niveau des localités comme Djirack où récemment, une personne a sauté sur une mine. Ils avaient, à l’occasion, recommandé au CNAMS d'œuvrer pour le renforcement de l’Éducation aux risques des mines dans les zones d’accès difficiles, du fait de l’insécurité. Le CNAMS avait révélé au cours de cette revue que 850 personnes au total ont été victimes de mines en Casamance, à la date du 25 mars 2013. Il avait aussi informé que 322 mines ont été découvertes, dans le cadre des opérations de dépollution de la région méridionale du pays en proie à trois (3) décennies de conflit. Et que 603 589 m2 de superficie de terres ont été déminées.
HUBERT SAGNA
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