Benno Siggil Senegaal, entre adaptation ou disparition
BSS doit-elle faire sa mue ? Au regard des remous internes qui secouent la coalition qui avait soutenu Moustapha Niasse à la présidentielle de février, un aggiornamento semble s'imposer pour contourner l'absence de perspectives depuis la nomination de son chef à la tête de l'Assemblée nationale.
Le malaise gagne Benno Siggil Senegaal (BSS). La coalition de partis et d’organisations de la société civile, qui a soutenu la candidature de Moustapha Niasse à la présidentielle de 2012, est dans une léthargie depuis la fin des élections législatives du 1er juillet. Aucune réunion formelle ne se tient, encore moins des concertations. Une situation que certains responsables jugent «anormale». «Lorsqu’on est en coalition, on doit se réunir, c'est le minimum pour des gens qui se respectent», proteste Madièye Mbodji, leader du mouvement Yoonu Askan Wi (YAW). «Nous devons faire le bilan de la coalition et définir les perspectives qui s'offrent à elle. Si les gens estiment que la coalition a fini sa mission, qu’on le dise ; si on estime qu’elle est utile, on doit redéfinir une nouvelle forme d’organisation», poursuit-il.
Puisque l’élection présidentielle pour laquelle la coalition a été créée est aujourd’hui derrière nous. Seydou Guissé Sall, leader du parti Wareef (devoir), dit comprendre la «léthargie» de BSS après la formation du premier gouvernement et les investitures controversées sur les listes électorales aux députations. «Il y a beaucoup de frustrations, confie-t-il. Certains ont claqué la porte, d’autres ont gelé leurs activités.» C’est le cas Me El Hadji Diouf. Absent du gouvernement de Moustapha Niasse, l’avocat a préféré partir aux législatives sous sa propre bannière. Les résultats obtenus ont validé sa stratégie solitaire car il a été élu député à l'Assemblée nationale.
Malgré tout, Guissé Sall reste optimiste par rapport à l’avenir car «depuis quelque temps, les leaders savent que ce qui les unit est plus important que ce qui peut les séparer». A cet effet, le leader du Wareef annonce d’ailleurs un séminaire le 15 janvier à l’occasion duquel BSS «va revoir sa position sur l’échiquier politique et renouveler sa confiance à Moustapha Niasse». «Cela n’engage que Seydou», répondent d’autres leaders qui ne veulent plus du président de l’Assemblée nationale à la tête de la coalition. Ces leaders, qui ont requis l’anonymat, semblent vouloir porter leur choix sur Robert Sagna, secrétaire général du Rassemblement pour le socialisme et la démocratie (RSD). Toutefois, il n'est pas dit que l'ancien ministre socialiste et ex-maire de Ziguinchor soit intéressé après qu'il a démissionné de son poste de président de la conférence des leaders. «J’ai notifié ma démission à Moustapha Niasse compte tenu de mes activités qui m’éloignent de Dakar», dit-il.
«Benno Siggil Senegaal ? Dépassée»
Au niveau de la Ligue démocratique (LD), on estime que la question de BSS «est dépassée». «Nous avons été disqualifiés au premier tour (de la présidentielle). Je ne pense pas qu’on puisse parler aujourd’hui de BSS», déclare Karim Fall, son porte-parole. «Nous sommes dans Benno Bokk Yaakaar et nous devons travailler pour qu’elle fonctionne. Les coalitions doivent être adaptées par rapport à leur contexte. Nous ne sommes plus dans un contexte de conquête du pouvoir par rapport à Macky Sall», clarifie notre interlocuteur. Et cette adaptation de Benno Siggil Senegaal au contexte actuel permet, selon Maguette Thiam, Sg du Parti de l’indépendance et du travail (PIT) de «faire avancer la mobilisation et achever la transition» entamée le 25 mars 2012 ; de «consolider le travail de BBY», mais aussi de «constituer une muraille contre les agitateurs du PDS» qui envisagent d’organiser un rassemblement le 6 décembre prochain à la Place de l’Obélisque.
Pour sa part, le Dr. Malick Diop, porte-parole de l’Alliance des forces de progrès (AFP) dédramatise. «Les coalitions se forment en période électorale, on ne peut pas avoir le même rythme que durant la période postélectorale», explique le maire de Point E. Plutôt que d’attendre des décisions venant du sommet, M. Diop invite les leaders de BSS à travailler à l’intérieur de leur parti respectif pour élargir leur base. «On ne peut être dans une coalition et ne pas la massifier. Je sais que les leaders de BSS sont mus par l’intérêt du pays», tempère-t-il.
DAOUDA GBAYA
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