''Entre Abdou Guité Seck et moi, c'était le déclic total''
Âme sensible, Soreya Bellari n'a pu croiser les bras face aux conditions de vie des handicapés, albinos et autres enfants de la rue. Cette Belge, hôte du Sénégal depuis bientôt deux ans, a monté à cet effet un projet dont elle parle dans cet entretien.
Récemment, vous avez lancé, avec le chanteur sénégalais Abdou Guité Seck, un single plaidant la cause des enfants de la rue et de ceux qui vivent avec un handicap. Pourquoi cet engagement ?
Je suis dans l'humanitaire depuis mon arrivée au Sénégal il y a un an et huit mois. Cette chanson dont vous parlez, j'en suis l'auteur-compositeur. Je l'ai écrite pour sensibiliser les gens. Ils ne font pas attention aux enfants de la rue, aux handicapés, etc., cela ne leur fait rien. Moi, je ne trouve pas cela normal car ce sont des êtres humains comme nous. On doit s'unir et s'entraider. La religion le dit. Ils n'ont pas choisi d'être albinos ni handicapés. Ils ont droit à l'amour et à être écoutés. Je suis présidente de l'humanitaire d'une école de Pikine, Seydou Nourou Tall. On a pour but de créer une école où on va mettre les enfants handicapés qui ont l'intelligence d'étudier. Cela est un projet. Pareil pour les albinos et les enfants de la rue qui n'ont pas les moyens d'aller à l'école. On veut les rassembler pour qu'ils développent leurs capacités. Ainsi, ils pourront avoir un travail comme tout le monde demain. Je suis en train de créer une association qui va s'appeler Soreya Solidarité Africaine. Je suis en train de mettre le projet en place pour démarrer. Le but est de subvenir aux besoins des enfants handicapés, ceux de la rue et des albinos.
Que va faire cette association ?
C'est de créer une maison médicale ambulante qui va sillonner les villages oubliés du Sénégal. On va y aller bénévolement avec des médecins, des gynécologues, etc. J'ai des contacts en Belgique et des gens sont prêts à venir travailler bénévolement dans cette maison alternativement par deux semaines.
Pourquoi vous êtes-vous associée à Abdou Guité Seck et non au chanteur Pape Diouf désigné ambassadeur de la décennie africaine des handicapés ?
J'étais à TSL télévision où je faisais une émission ''mbalax promo''. Je m'amusais, ce n'était pas à but lucratif. J'étais proche des gens dans la rue, et j'aime cela. C'est là que j'ai eu l'inspiration de composer la chanson par rapport à tout ce que j'ai vécu. J'ai demandé au frère de Ousmane Masseck Ndiaye, président de la télévision, s'il connaît quelqu'un qui pourrait participer dans la chanson avec moi pour assurer la version wolof afin que les gens comprennent ce que dit la chanson. Il m'a demandé d'aller voir Pape Seydi qui connaît pas mal de chanteurs. Lequel m'a dit : ''Puisque tu adores les enfants, Abdou Guité chante beaucoup les enfants.'' Et un jour, comme par hasard, Abdou Guité est passé au siège de cette télé et on me l'a présenté. Cela a été le déclic total entre nous. Il a accepté et on avait un point commun : l'amour des enfants. Il est venu en Belgique où on a fait plus ample connaissance et je suis revenue après au Sénégal. Dans la chanson, il fait passer le message en wolof. Mon but est de créer un album avec des artistes connus et moins connus. Aux derniers, je vais leur donner la chance de se faire découvrir. Je veux chanter avec Baaba Maal, Ismaël Lô, Carlou-D, Didier Awadi... Je veux que l'album soit un mélange de mbalax, de rap, de reggae, etc. L'album va être promu au niveau international et tous les fonds iront à l'association.
A quand la sortie de l'album ?
C'est pour l'année prochaine. Là, j'assure d'abord le single sorti. Et je dois voyager pour chercher des fonds pour l'association. Cela dépend aussi des plannings des artistes.
Pourquoi avoir choisi le Sénégal pour défendre les intérêts des albinos ?
Je ne fais que commencer ici pour me déployer après dans d'autres pays. Je suis arrivée au Sénégal par hasard. Un jour en Italie, j'ai acheté un sac de paille de plage vraiment super beau. Je l'ai acheté chez un Guinéen, je crois. A quelques mètres de là où je l'ai acheté, j'ai rencontré un autre vendeur qui avait un sac identique, il était sénégalais et s'appelait Papa Touré. Je lui ai demandé le prix pour voir si j'ai été arnaqué. Surprise ! Papa Touré me donne un prix inférieur à celui que j'ai payé. J'étais étonnée et je voulais comprendre comme cela a pu se faire. Il m'a dit : ''Moi je suis un Sénégalais musulman, je suis honnête. Pourquoi vous le vendrais-je plus cher parce que vous êtes blanche, non je ne le ferai jamais.'' Il m'a touché par son honnêteté. Je lui ai parlé de mon idée de faire dans l'humanitaire et il m'a orienté vers le Sénégal en me disant que c'est un pays de la Teranga, alors que je me demandais où aller entre l’Éthiopie, la Somalie et autres. J'ai débarqué au Sénégal le mois suivant et c'est le coup de foudre. Mais j'ai découvert la famine à chaque coin de rue. Il y a plus de pauvres que de gens riches. J'ai été jusqu'à Kaolack et Matam pour découvrir, parce que pour aider des gens, il faut savoir ce qu'ils ressentent. J'ai vécu la pauvreté et la misère, je suis tombée une fois malade à cause de cela. Je suis passée par cette épreuve. C'est vital pour moi de travailler dans l'humanitaire. J'aime cette petite étincelle de joie que je vois dans les yeux des enfants. Jusqu'à la fin de mes jours, j'aimerais faire cela.
PAR BIGUÉ BOB
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