Publié le 23 Dec 2012 - 22:05
SPECTACLES

 Cirkafrika, une autre idée du cirque

 

Pour la première fois depuis sa création en 2000, le cirque français Phénix présente à Paris un spectacle entièrement inspiré par l’Afrique : Cirkafrika. La troupe, exclusivement composée d’artistes africains, connaît un tel succès qu’elle reviendra en France et dans plusieurs pays d’Europe dès l’hiver prochain.

 

Habité par l’envie de faire découvrir chaque année de nouvelles troupes au public français, Alain Pacherie, le fondateur du cirque Phénix, s’était lancé cette année un nouveau défi : monter un spectacle entièrement dédié à l’Afrique, continent qu’il affectionne. Après les étoiles des cirques de Moscou et de Pékin ou les vedettes tziganes et mexicaines qu’il a fait venir, au fil des ans, pelouse de Reuilly dans le bois de Vincennes à Paris, c’est donc une troupe de cinquante artistes venus des quatre coins de l’Afrique (Afrique du Sud, Tanzanie, Ghana, Congo, Guinée) qu’il a réunie pour un spectacle baptisé Cirkafrika.

 

Seulement quatre chapiteaux en Afrique

 

Défi de taille en réalité car, comme le souligne ce passionné : « il n’y a pas de véritable tradition du cirque en Afrique ». Alors que le spectacle vivant remonte à la nuit des temps ou presque sur le continent noir, seulement quatre chapiteaux se produisent dans toute l’Afrique : un en Egypte, deux en Afrique du Sud et un autre en Tanzanie, ces deux derniers pays ayant servi de pôle de recrutement à Alain Pacherie à travers l'école du cirque Mama Africa fondée par le Zimbabwéen Winston Ruddle à Dar es Salaam, et le Zip Zap Circus créé dans la ville du Cap par le Sud-Africain Brent Van Resburg et la Française Laurence Estève.

 

Née il y a sept ans lors d’un voyage aux Etats-Unis, l’idée a commencé à prendre réellement forme il y a deux ans en collaboration avec Winston Ruddle. Les artistes se sont ensuite tous retrouvés en Tanzanie pour préparer leurs numéros et ils ont effectué une toute dernière mise au point sur une semaine à Paris où Cirkafrika se produit depuis le 17 novembre et jusqu’au 13 janvier avant de partir en tournée à travers la France, la Suisse et la Belgique (cliquez ici pour connaître les lieux et les dates). Alain Pacherie, qui a misé un budget de 6 millions d’euros sur le spectacle, partait totalement dans l’inconnu mais sa prise de risque a payé, presque qu’au-delà de ses espérances car le chapiteau de 6 000 places érigé au bois de Vincennes affiche pratiquement complet depuis l’ouverture.

 

Rien d’étonnant car Cirkafrika est une franche réussite. Déjouant habilement les pièges des clichés et du folklore, le spectacle allie avec fraîcheur des numéros d’acrobaties, de jongleries et de clowns, sans oublier un contorsionniste déguisé en grenouille dont la performance est l’un des clous du spectacle. Comme Phénix a pris le parti, depuis ses débuts, de ne pas présenter de numéros d’animaux et comme, d’autre part, on ne peut pas évoquer l’Afrique sans rendre hommage à sa faune, le producteur a trouvé un compromis très réussi : des costumes (crocodile, éléphant, girafe, etc.) fabriqués par un sculpteur tanzanien avec un caoutchouc recyclé provenant du Kenya, des tenues dans lesquelles se meuvent avec grâce les artistes lors d’une parade qui clôt la première partie et donnent une touche de poésie supplémentaire à la représentation.

 

Plus de 300 000 spectateurs en cinq semaines

 

La chorégraphie (gumboots sud-africaines, danses zouloues) et la musique sont évidemment partie prenante du show avec un orchestre de huit musiciens qui reprennent certains des grands standards africains (Miriam Makeba, Youssou N’Dour, Touré Kunda etc.) et sont régulièrement rejoints par un joueur de kora, ce luth géant à vingt-et-une cordes dont les accords plongent, en quelques notes, le chapiteau dans les rêveries d’une nuit africaine. Quand on ressort dans le froid parisien, on en est presque à regretter que Cirkafrika ne soit qu’une expérience sans lendemain, un spectacle éphémère unique au monde qui n’aura pas de suite. Erreur.

 

Les représentations ont en effet connu un tel succès (déjà 300 000 spectateurs) que Cirkafrika fera une autre tournée en France l’hiver prochain. « Ensuite nous partirons en Ukraine, un producteur de là-bas a vu le spectacle et a été emballé », se réjouit Alain Pacherie. « Il y a des producteurs espagnols qui viennent à la fin de la semaine ainsi que des gens de Broadway », poursuit-il. « Ce spectacle a fait un ’buzz’ dans le monde entier et j’ai beaucoup de productions de l’étranger qui viennent nous voir. Désormais, conclut-il, le vent nous pousse ». Le vent du succès pour un pari gagné…

 

RFI

 

 

Section: 
PREMIÈRE ÉDITION SOTILAC : Le Sénégal hisse les voiles du tourisme de croisière
ATELIER ‘’DAKAR AU FIL DES ARTS’’ À L’IFD : Une ville contée en sonorités
EXPO "TRAITS ET LETTRES" AU CARRÉ CULTUREL : Le pouvoir de l'art dans l'éducation et la transformation sociale
AVANT-PREMIÈRE « AMOONAFI » DE BARA DIOKHANE : L'art, l'histoire et le droit au service de la mémoire
EXPOSITION "SYMBOLES DE LA VIE : AU-DELÀ DU REGARD" : Réflexions sur la condition humaine
LE SYNPICS ET CONI IA LANCENT UNE FORMATION : Vers une révolution technologique du secteur médiatique
LIBERTÉ DE PRESSE ET DROIT À L’INFORMATION : RSF appelle les députés à instaurer quatre réformes
BIENNALE OFF : L'Orchestre national raconté à Douta Seck
EXPOSITION FALIA La Femme dans toutes ses facettes
MUSIQUE À L’IMAGE : Plusieurs jeunes formés au Sénégal
CÉLÉBRATION 50 ANS DE CARRIÈRE : L’Orchestra Baobab enflamme l’Institut français de Dakar
15e ÉDITION DE LA BIENNALE DE DAKAR : Seulement deux prix remportés par le Sénégal
BIENNALE DE DAKAR : Un éveil artistique, selon Bassirou Diomaye Faye
CÉRÉMONIE D'OUVERTURE DE LA 15e ÉDITION DE LA BIENNALE DE DAKAR : Dak’Art pour un voyage culturel
EXPOSITION ‘’FAIRE LIEU’’ À DAKAR : Cinq lieux africains comme espaces de transformation
BIENNALE DE DAKAR   - EXPO ‘’DEVOIR DE MÉMOIRE’’ : Un modèle d’engagement culturel
Goncourt 2024
PRÉSENTATION TAARU SÉNÉGAL : La première Symphonie d'Amadeus
PARTICIPATION DES USA À LA BIENNALE DE DAKAR : Mettre en lumière l’influence de la culture africaine sur l'art américain
MARIAM SELLY KANE - JOURNALISTE : Une voix pour les femmes et les enfants