Le défi du savoir et de la gouvernance, une urgence à relever
C’est autour du thème ''Islam et défis contemporains : renouveau, réforme ou révolution ?'' que des experts ont débattu samedi, en prélude au grand gamou de Tivaouane. Le défi du savoir et de la gouvernance est le premier auquel l’islam doit faire face, selon l’islamologue Abdoul Aziz Kébé.
La grande nuit du Maouloud, célébrant la naissance du prophète Mohamed (PSL), se tient dans deux semaines. En prélude à cet événement organisé chaque année dans la cité religieuse de Tivaouane, la commission d’organisation de ce gamou a tenu samedi un symposium. Regroupant islamologues, autorités et l’ensemble des représentants des différentes familles religieuses, il a eu pour thème : ‘’Islam et défis contemporains : renouveau, réforme ou révolution’’. Prenant la parole, le représentant du Khalife de la famille tidiane, Pape Makhtar Kébé, a indiqué que les défis du monde contemporains interpellent au premier chef les hommes religieux. Ces derniers ne doivent plus croiser les bras face aux questions de l’heure, notamment la politique qui assure la bonne marche du pays.
Par ailleurs, les défis qui interpellent aujourd’hui l’islam sont nombreux. Le modérateur de la conférence, le professeur Serigne Mbaye, a relevé trois défis majeurs pour l’Islam : le défi du savoir, le défi de la citoyenneté et le défi de la gouvernance économique et politique. Le premier défi, le plus important, selon l’islamologue Abdoul Aziz Kébé, est le défi du savoir et de la gouvernance. ‘’La gouvernance, dit-il, demande des compétences que seul le savoir peut inculquer, mais aussi des compétences éthiques que seul l’éducation peut donner.’’
Dans la même veine, le député du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar, Mansour Sy Djamil, a déclaré que les hommes religieux doivent être au cœur des réflexions qui font la bonne marche du pays. ‘’En Allemagne, aucune loi ne passe sans consulter la commission catholique pour voir si cela est conforme aux réalités de l’église. Ceci n’existe pas en France, mais le Sénégal peut s’inspirer de ce modèle’’, a révélé Mansour Sy Djamil. Pour lui, dans un monde déshumanisé, les valeurs de justice, de tolérance et de moralité ont besoin d’être revisitées. Un rôle dévolu à l’élite intellectuelle musulmane. “Il faut que l’élite intellectuelle dans l’ensemble des confréries et surtout celle du milieu universitaire essaient de trouver des réponses à ces questions’’, a-t-il ajouté.
Ces défis interpellent aussi l’ensemble du monde musulman secoué par des guerres et des crises à caractère religieux. ‘’Le monde musulman n’est pas un monde pauvre, c’est un monde très riche, un monde immensément riche, mais les musulmans sont pauvres’’, s’est désolé Serigne Mansour Sy Djamil. Le leader du parti Bés du Ñakk appelle à une réflexion profonde sur la situation du nord Mali. ‘’Nous sommes dans une situation où les choses sont mal nommées. On entend partout des concepts comme islamisme, intégrisme, salafisme. Nous-mêmes, nous reprenons ces concepts qui sèment la confusion.’’
ALIOU NGAMBY NDIAYE
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