Publié le 18 Jan 2013 - 20:02
DRAME SOCIAL AUX HLM HANN-MARISTES

Les immeubles s’affaissent un à un !

 

 

Livrés en 2000, les immeubles des Hlm Hann-Maristes qui doivent leur célébrité au succès des anciennes Lionnes de basket, les premières à y habiter, n'inspirent plus qu'angoisse et misère chez les résidents qui se sentent floués par la Sn-Hlm qui, à son tour, met en cause les opérations de transformation des appartements sans autorisation…

 

Dans la matinée du 9 décembre dernier, une dalle d'un immeuble des Hlm Hann-Maristes s’effondre, effleurant une locataire du rez-de-chaussée. Suffisant pour que l'alerte soit lancée. Informées, les autorités compétentes rappliquent dare-dare sur les lieux. Le Préfet, la direction de la Protection civile et les techniciens de la Sn-HLM envoient une sommation aux locataires de cet immeuble, leur priant de vider les lieux, avant le 31 décembre. Propriétaires et locataires finissent par respecter l’ultimatum, empochant au passage une compensation financière couvrant trois mois de loyer et les frais de déménagement. «Nous avons été indemnisés une semaine après. On salue le pragmatisme des autorités compétentes qui nous ont également remis nos chèques avant la date échue», confie Ousmane Diallo, gérant d’une société d’assurance établie au bas de l’immeuble L.

 

Haro contre la Sn-Hlm

 

Mais tous les locataires n’auraient pas eu ce privilège de rapidité dans l'exécution de la mesure. «Nous avons fait l’objet de tracasseries administratives. En plus, ils nous ont mis dans l’obligation de chercher un appartement en moins de quinze jours. Ce qui n’est pas normal. Je juge que le préjudice est énorme. Ils nous ont mis dans l’urgence, sans faire dans l’urgence de leur côté», déplore Ousseynou Diakhaté qui logeait au troisième étage de l’immeuble L. Le drame lui est tombé sur la tête : lui et sa petite famille ont été contraints d’aller voir ailleurs, à l’image des autres locataires réunis au sein du collectif des résidents de l’immeuble en question.

 

Ils ont finalement fini par quitter l’immeuble de 28 appartements, construit en 2000, même s’ils sont quelque part soulagés de ne plus être sous la hantise permanente d'une catastrophe. Le responsable de leur désarroi, disent-ils, c'est la Sn-Hlm qui leur aurait livré des habitats de très mauvaise qualité. «On a dû tout changer, dès le début de notre installation ici. De l’étanchéité au carrelage, on a tout refait. Cela suintait de partout, les carreaux s’étaient cassés quelques mois après notre installation. On a investi beaucoup d’argent pour rénover notre appartement. Faites le tour, vous verrez que le même constat vous sera livré par nos voisins», confie Mme Sylla Djoula Kaba, très dépitée..

 

«L'immeuble des Lionnes, le seul aux normes»

 

Soutenue dans son argumentaire par son mari Abdoulaye Sylla, cadre des Assurances, la dame fait constater, à travers son appartement, l’état de délabrement d’une construction tombée en décrépitude en l'espace de 10 ans. «La durée de vie de ces immeubles devrait être de 50 à 100 ans, au moins. Mais des anomalies ont été constatées dans la construction, dès les premières années de leur livraison. Seul l’immeuble B où logent les Lionnes du Basket, qui en ont été les premières propriétaires, est épargné. Et c’est parce que leur immeuble a servi d’échantillon. C’est un immeuble témoin, le seul à être construit conformément aux normes requises», précise Ousseynou Diallo, responsable de la société des Assurances installée au bas de l’étage. Plusieurs locataires pointent un doigt accusateur sur la Sn-Hlm qui n’aurait pas respecté les termes du contrat d’achat. Pour d’autres, la société n’a pas été à la hauteur de leurs attentes et aurait fait preuve d'une malhonnêteté déconcertante à leur égard. Entre murs des pièces qui se fissurent, fers rouillés, dalles qui s’écroulent…, le désenchantement est total chez ces malheureux propriétaires.

 

Abdoulaye Sylla dit avoir fini par acquérir le titre de propriétaire d’un appartement. Néanmoins, il tient à être indemnisé à la hauteur du préjudice moral et physique que lui a infligé la Sn-Hlm. A l'époque, il avait porté son choix sur cette cité qu’il assimilait à un endroit idéal pour passer sa retraite, en toute tranquillité. «Ma déception a été grande», lâche-t-il. Idem pour son épouse et sa petite famille qui trouvent «injuste» qu’on les jette dehors comme des Sans domicile fixe (SDF), alors qu’ils ont investi des millions de F Cfa pour disposer d’un toit. «J’exige que l’on me paie à la hauteur du préjudice subi. Car ce sont les économies de toute une vie qui s’envolent ainsi par l'incompétence de techniciens.''

 

Le collectif des propriétaires sur le pied de guerre

 

Si pour l’heure les projecteurs ne se sont pas encore braqués sur cette cité de la zone des Maristes, le dossier concocté par ses habitants risque d’être explosif. Les résidents de la vingtaine d’immeubles se sont réunis au sein d’un collectif des propriétaires des immeubles des Hlm Hann-Maristes, en vue de faire cesser «des pratiques malsaines» qui portent «atteinte et préjudice à d’honnêtes citoyens». Il sera question, avec cette association mise en place dimanche dernier, de «veiller aux intérêts des victimes». Si aucun plan d’action n’est établi, pour l’heure, le collectif entend réfléchir sur des stratégies efficientes, avec comme ligne de mire la Sn-Hlm, qui, pourtant, a pris sur elle l’engagement d’assurer la prise en charge de l’ensemble des locataires.

 

Début de calvaire deux ans après leur installation

 

En effet, assister à l’effondrement d’une dalle est devenu un phénomène récurrent aux Hlm Hann-Maristes. Déjà, selon plusieurs témoignages, des problèmes ont commencé par pointer le bout du nez deux ans après l’installation des premiers résidents. En 2005, l’immeuble R a été vidé de ses occupants par mesure de sécurité. Suivront l’immeuble S, en 2008, puis les immeubles T, U et K, en 2011. En phases successives, 6 immeubles sur 10 construits sur le même modèle ont fermé le verrou. Les locataires ont à peine eu le temps de contempler la beauté de leur chez-soi ou de se prélasser que la décrépitude s’est installée, avec des murs qui se lézardent, des portes et fenêtres rouillés, des réseaux de plomberie devenus passages d'eau béants.

 

C’est en mai 2004 qu’une première dalle s’est effondrée. Un mois après, la Sn-Hlm dépêche une équipe d’experts, avec des membres de son conseil d’administration sur les lieux. Ils prennent l’engagement de résoudre le problème dans les meilleurs délais, tout en intimant aux locataires l’ordre de quitter les lieux. Il fallait, disait-on, faire appel à l’expertise pour situer les responsabilités. Mais ces paroles n’ont pas été traduites en actes. A cause d’une inertie des autorités, les locataires de cet immeuble R s'en vont, au lendemain d’une catastrophe survenue dans la nuit du 22 janvier 2005. «Le toit entier d’un appartement venait de affaisser». 84 familles entières sont dédommagées par la Sn-Hlm qui débloque environ 1 milliard de F Cfa pour les reloger.

 

Selon certaines informations, la société nationale avait pris sur elle, à l’époque, l’obligation d’acheter «l’immeuble 35 chez SEBEL Invest S.A. et quelques appartements disponibles aux immeubles 33 et 34. Elle a aussi supporté, pour le recasement des locataires, comme pour les autres immeubles défaillants, toutes les dépenses y afférentes''. Ce qui n’a pas dissipé la colère des ''victimes''. Selon nos sources, les appartements ont été vendus au prix d'environ 12 millions F Cfa, une somme à laquelle il faut ajouter 5 millions au profit de la Banque de l'Habitat du Sénégal (BHS). «Et nous n'avons pas toujours de titre foncier en notre nom», râlent des propriétaires.

 

PAR MATEL BOCOUM

 

 

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