''La défaite de Wade est un impératif de sécurité nationale''
Le cercle des soutiens au candidat de la coalition Macky 2012 s'élargit au fur et à mesure qu'approche le second tour de l'élection présidentielle, le 25 mars. Parvenue à EnQuête hier, une «Déclaration» du «Mouvement synergie énarques» (MSE) dont les composantes se réclament de plusieurs générations de diplômés de l'Ecole nationale d'administration et de magistrature (ENAM), une structure devenue ENA. Dans ledit document, le MSE appelle à voter pour le candidat Macky Sall contre le président sortant Abdoulaye Wade pour mettre fin à «des pratiques peu orthodoxes de charognarisation de l'Etat» imputables à «de petites gens d'une inculture d'Etat extraordinairement dangereuse». Qualifiant les pratiques visées de «hors-normes», le MSE se dit «abasourdi de voir comment les nouveaux tenants du pouvoir se sont acharnés à détruire l'Etat et ses fondements républicains pour finalement tout subordonner au parti dominant et au clan familial élargi».
Sous cet angle, les hauts fonctionnaires du MSE condamnent «la démultiplication des agences budgétivores», «la marginalisation de la Cour des comptes et des magistrats qui y siègent», «l'affaiblissement et l'affaissement de l'administration d'Etat» ainsi que «la déviation politicienne des politiques de décentralisation et de déconcentration». D'autre part, le Mouvement synergie énarques fustige «la banalisation de la fonction ministérielle, le saucissonnage des départements ministériels à des fins politiciennes, avec un mode désinvolte de répartition négociée des attributions et des services entre la Présidence de la République, la Primature et les Ministères, à la tête du client ministériel».
«La charognarisation de l'Etat»
Par ailleurs, après avoir relevé «la déstructuration et la mise en veilleuse des Grands corps de l'Etat au profit de gens qui bénéficient de contrats et de traitements faramineux qui jurent d'avec les salaires dans la Fonction publique», le MSE dénonce «l'utilisation politicienne de l'Inspection générale d'Etat et de son Vérificateur général nommé de manière nébuleuse en violation des règles de compétence et de hiérarchie».
Le MSE fustige de même que «la négligence», «l'abandon» et «la marginalisation» des contrôleurs inspecteurs du travail et de la sécurité sociale, des contrôleurs et inspecteurs des Impôts et Domaines et du Trésor, des administrateurs civils, sans oublier «les tentatives d'embrigadement des gouverneurs, préfets et sous-préfets, et la déclaration irresponsable d'un ministre de la République sur les gouverneurs wadistes que l'Amicale des Administrateurs civils avait fermement condamnée».
Face à tous ces actes, mais aussi au regard de «la place indûment occupée par le fils du président dans la gestion des affaires publiques alors qu'il ne tire sa légitimité d'aucun mandat des citoyens», des «tentatives d'inféodation de la Magistrature à l'Exécutif et les violations massives du principe d'indépendance» des magistrats, de «l'ingérence abusive du Pouvoir exécutif dans les affaires judiciaires», de «l'utilisation des Forces de sécurité et de défense pour protéger un parti politique...», le MSE «considère que la défaite du candidat sortant (NDLR : Abdoulaye Wade) est un impératif de sécurité nationale et que sa reconduction (alors qu'il n'a pas droit à un 3e mandat) constitue une grave menace à la paix civile et à la stabilité du Sénégal».
MOMAR DIENG