Comme les lendemains de victoire, la maison de Siteu à Diamaguène a été prise d’assaut par une foule de fans. Il était difficile de se frayer un passage vers l’intérieur, où se trouvait le vainqueur de Malaw Séras. Entouré des siens, le sociétaire de Lansar a aussi accordé quelques minutes aux journalistes.

Comment vous sentez-vous au lendemain de cette victoire sur Malaw Séras ?

Je rends grâce au Bon Dieu qui m’a donné cette victoire et une très bonne santé. Ceci n’est que le début. Je n’ai encore rien fait dans l’arène, l’avenir est devant moi. C’est une victoire comme les autres et rien de plus. Je suis un Baye Fall (disciple mouride). Et ce n’est pas cette victoire qui va me faire changer. Je reste le même Siteu qu’avant, et avec mes amis d’avant. Je ne prendrai jamais la grosse tête à cause d'un succès.

Et comment avez-vous fait pour terrasser Malaw Séras, qui était pourtant donné favori, de par son expérience et son gabarit ?

Je n’ai fait que suivre les consignes de mon staff. Lansar est une école où on est bien formé et entouré par un staff très compétent. Pour nous, il n’y a pas de secret, il n’y a que le travail qui paie. Et on s’acharne tous les jours comme des fous sur le sable pour gagner nos combats. Je le dis et répète, cette victoire n’a rien d’extraordinaire. Battre Malaw Séras, c’est certes de bon augure pour mon palmarès et la suite de ma carrière, mais rien d’autre. Max Mbergane et les autres coachs de Lansar m’avaient donné comme consigne d’éviter la bagarre et d’imposer la lutte simple à mon adversaire. J’ai frappé pour avoir une brèche ; et dès que je l’ai eue, j’ai enchaîné par une prise qui a mis mon adversaire sur ses deux appuis. Il a essayé de se relever, mais je lui ai imposé ma force ; et à l’aide de mon bras gauche, il s’est retrouvé au sol.

''Je ne veux plus affronter des lutteurs vieux''

Après Malaw Séras, qui se dresse sur votre chemin ?

Je ne veux plus affronter des lutteurs vieux. Qu’on me donne ceux de ma génération. Lac Rose de Fass par exemple, il me plairait beaucoup de lui régler son compte. Je ne badine pas, je veux du lourd. Ils ne peuvent plus me refuser après avoir fait mes preuves. Si Lac Rose n’est pas un froussard, il doit accepter d’en découdre avec moi. Je ne veux pas attendre la saison prochaine pour lutter, je peux redescendre dans l’arène dimanche prochain s’il le faut. Je suis un compétiteur, et je ne demande qu’à lutter.

N’est-il pas trop tôt pour vous d'affronter un lutteur comme Lac Rose ?

Écoutez, je suis jeune et je crois en moi. Lac Rose ne me fait pas peur, au contraire. Je dois l’affronter et il est temps. Il n’a pas encore de combat. Qu’on me le donne et je lui règle son compte, vite fait. C’est mon adversaire potentiel. On doit s’affronter. C’est un grand lutteur et notre combat sera palpitant. Je veux marquer l’arène de mon empreinte. Et cela va passer par des lutteurs de ma génération. Toutefois, je ne fais pas de fixation sur lui, j’ai dépassé ce stade. Je peux avoir d’autres adversaires, ils sont nombreux. Mais comme il n’a pas de combat, je lui en donne l’occasion.

''Il y a des lutteurs qui ne sont forts qu’en bavardage ; moi, je travaille. Je suis jeune et j’ai l’avenir devant moi. Ils n’ont encore rien vu.''

À part votre mental incroyable, qu’est-ce qui fait la force de Siteu ?

Mes fans et personne d’autre, ils sont ma force. Et pour eux, je me tuerai à chaque combat pour les satisfaire. Ils me soutiennent jour et nuit. Ils ne dorment plus et ne mangent plus correctement à l’approche du combat. Pour tout cela, la préparation fut très difficile. Il me fallait la victoire pour leur faire plaisir. S’il fallait mourir dans l’arène, je l’aurais fait. Leur soutien, je l’ai senti au moment crucial du combat. Il y a des lutteurs qui ne sont forts qu’en bavardage ; moi, je travaille. Il n’y a plus de petit lutteur dans l’arène. J’ai cravaché dur pour en arriver là. Et les adversaires que j’ai rencontrés ne m’ont pas du tout facilité la tâche. Ce ne sont pas des paroles qui vont me faire douter. Je suis jeune et j’ai l’avenir devant moi. Ils n’ont encore rien vu. Je sais que je suis attendu au tournant. Et si le Bon Dieu le permet, je serai à la hauteur des attentes placées en moi.

KHADY FAYE