Le rural devenu expert
Doyen de la Faculté des sciences et techniques de l’enseignement et de la formation (FASTEF, ex École normale supérieure) depuis 2009, ce germaniste cinquantenaire qui dégage encore des stigmates de l'enfant grandi en zone rurale est un spécialiste de Napoléon Bonaparte vu à travers le lyrisme teuton.
C’est dans son bureau de la Faculté des sciences et techniques de l’enseignement et de la formation (Fastef) que nous le trouvons jeudi dernier. Costume noir assorti d’une chemise bleue reflétant quelques traits, les yeux derrière de petites lunettes blanches, le Doyen de la Fastef est concentré sur son ordinateur. Un écran plat posé sur une grande table, faisant office de bureau, plusieurs dossiers et documents à côté.
Doyen, El Hadj Ibrahima Diop, professeur titulaire des universités, l'est depuis l'année académique 2009-2010. «Je suis spécialiste de la philosophie de l’éducation et des théories contemporaines des sciences de l’éducation», dit-il, comme pour établir le lien entre ses fonctions et ses compétences. Germaniste de profession et spécialiste de l’histoire littéraire et de la littérature comparée, cet intellectuel «très attaché à son terroir», aime à rappeler, dans un brin de sourire, ses années d’enfance dans le Saloum. «Je suis né et j'ai grandi en zone rurale, dans une atmosphère de type africain, chaleureuse et humaine.» Un espace de grande migration caractérisé par un formidable brassage inter-ethnique, au cœur du bassin arachidier sénégalais. «Cela a marqué mon enfance et ma personnalité», affirme-t-il.
C’est dans ce milieu à prédominance agricole que le futur professeur des universités a fait ses études. Même s’il allait à l’école, il suivait «les saisonniers dans la culture de l’arachide et dans la surveillance des troupeaux». Il évoque le souvenir des grandes vacances scolaires en ces termes : «nous recevions les notes de composition et les résultats d'examens alors que nous étions aux champs.» Lui, le broussard et futur diplômé, l’école ne l’a jamais éloigné de son milieu. «Nos parents ne savaient pas ce que nous faisions à l’école française car ils avaient fait l’école coranique. Mais comme cette même école ne nous séparait pas de la famille et des types de comportements qu’ils voulaient que nous ayions, ça les rassurait.»
Après des études primaires et secondaires au Sénégal, Ibrahima Diop a poursuivi son cursus au pays de Goethe où il obtient un Doctorat des universités allemandes. Sujet de sa thèse soutenue en 1985 : «L’image de Napoléon Bonaparte dans le lyrisme allemand du 18e siècle». De retour à Dakar, il est formateur au département d’Allemand de l’École normale supérieure (ex-Ens). Aujourd'hui, il nourrit plein d'ambitions pour la Fastef. «Le monde de l’éducation a beaucoup changé et, avec la contribution de tout le monde, nous comptons opérer le basculement de la prestigieuse Ens à l’honorable Fastef en une Faculté-École, capable de prendre en charge les mutations intervenues dans le domaine de l’éducation», affirme-t-il avec certitude.
ALIOU NGAMBY NDIAYE
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