Deux gros dossiers transmis cette semaine à la Justice
Deux gros dossiers sur la table du Procureur. Il s'agit de l'enquête sur la gestion de l'Agence nationale pour l'aménagement du territoire (Anat), créée par décret présidentiel en novembre 2009 et la Société africaine de raffinage (Sar) dans l'affaire du ''mauvais fioul''. Pour ces deux dossiers, nous signalent des sources sûres, l'enquête préliminaire est terminée. Les conclusions seront ainsi déposées dès cette semaine au Parquet qui va les imputer au Doyen des juges, Mahawa Sémou Diouf. En tout cas, la Dic n y est pas allée du dos de la cuillère dans ces deux affaires. Et si les noms de deux anciens ministres de Me Wade sont cités, Amath Sall (Agriculture) en tant qu'ancien directeur de la structure et Samuel Sarr ex-ministre de l’Énergie, ils ne sont pas ceux qui courent les plus grands risques.
Sur le dossier du mauvais fioul de la Sar, qui aurait coûté près de 10 milliards de francs Cfa, plusieurs cadres de la société ont déjà été entendus sur procès-verbal, dont Carmelo Sagna, le dernier Directeur général de la Sar avant que Bin Laden n'impose de nouvelles règles après son entrée dans le capital. Dans sa ligne de défense, Carmelo Sagna avait expliqué que la présence de l'eau n'était pas opposable au navire M/T Olinda. Il a imputé la responsabilité de l’importante quantité d’eau retrouvée dans les réservoirs de la Sar à des défaillances internes à la société elle-même. Devant les enquêteurs de la Dic, l’ex-boss de la Sar, nous dit-on, est revenu largement sur les explications déjà fournies par lui aux Ige.
Lesquels arguments font état d’une impossibilité de décharger de l’eau à la place du combustible pour les incuber dans les réservoirs de la Sar. Pour lui, « la quantité de 2419,21 m³ constatée le 16 décembre 2008 - c’est-à-dire bien après le départ de M/T OLINDA – peut s’expliquer soit par la décantation, soit l’imprécision de la mesure ou le fait que les réservoirs de brut ont pu recevoir des "slops" (mélanges d’eau et d’hydrocarbures provenant des installations) opérations courantes en raffinerie ».
L’ex-ministre de l’Énergie, Samuel Sarr avait de son côté insisté sur le montage financier avec la Bicis et la tutelle de Bnp-Paribas qui a garanti la transaction. « J’émets une forte réserve sur vos propos de préjudice de 9.796.769.077 FCFA. Si tel était le cas, ce chiffre aurait dû être relevé par celui qui finance le cargo (Bnp), le Conseil d’administration de la Sar, et les commissaires aux comptes », indique-t-il. En tout état de cause, l'affaire va être relancée par la Justice elle-même, la Dic (qui soupçonne des collusions d'intérêts entre MT/Olinda, Carmelo et Samuel Sarr) ayant terminé son travail, sauf donc à être activée par une délégation judiciaire du Doyen des juges.
Sur le dossier de l'Anat, on évoque de grosses malversations sur plus de 250 millions de francs Cfa. Outre Amath Sall qui pourrait bien être visé par des poursuites, en tant qu'ancien boss de la structure, ils sont nombreux, les cadres de cette boîte, qui pourraient avoir des soucis avec Dame Justice. Déjà, il faut rappeler que l'actuel directeur de l'Anat, Mamadou Djigo, avait commandité un audit qui lui a permis de déceler plusieurs irrégularités dans la manière de fonctionner de cette agence. Mais, comme les limiers sont allés plus loin que les auditeurs, il faudra sans doute s'attendre à ce que ça saigne.
EnQuete