Publié le 5 Aug 2013 - 19:50
MENACES DE GRÈVE DES TRANSPORTEURS DU SNTTRS

 ''L’État ne doit pas accepter que des organisations imposent leur loi'', réplique Thierno Alassane Sall

 

C'est le clash entre le gouvernement et le Syndicat national des travailleurs des transports routiers du Sénégal (SNTTRS). Accusant le pouvoir de l'avoir, entre autres, écarté de la gestion de la nouvelle gare des Baux Maraîchers à Pikine, ce syndicat affilié à la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS) a annoncé une grève à travers tout le pays les 12 et 13 août. Dans cet entretien avec EnQuête, le ministre des Infrastructures et des Transports recadre le débat. Thierno Alassane Sall déclare que les plaignants ne pensent qu’à leurs intérêts personnels.

 

 

Monsieur le ministre, le Syndicat national des travailleurs des transports routiers du Sénégal (SNTTRS) menace d'aller en grève les 12 et 13 août, pour exiger son implication dans la gestion de la nouvelle gare des Baux Maraîchers de Pikine. Qu’en pensez-vous ?

Cette déclaration me surprend parce que le processus qui est en cours consiste à consulter l’ensemble des acteurs du transport. C’est un projet d’une importance capitale pour notre pays, parce que nous n’avons pas de gare routière moderne. Nous avons souvent des parcs où on gare les voitures. Et la gare des Baux Maraîchers est extrêmement moderne avec une gestion très moderne des entrées et des sorties, puisque les véhicules, dès qu’ils y entrent, sont prises en charge de manière électronique. On connaît l’ordre d’arriver mais aussi les références des véhicules en termes de carte grise, etc. On connaît également l’ensemble des personnes qui voyagent à bord des véhicules qui partent de cette gare-là. En effet, tous les acteurs ont été consultés à plusieurs reprises et d’ailleurs la meilleur consultation, c’est qu’il y a des rencontres à la gare Pompiers. Maintenant, il y a certaines informations erronées qui circulent autour de cette affaire que je voudrais préciser très clairement.

 

Lesquelles ?

Il n’a jamais été question de ne pas admettre des bus non climatisés. Les véhicules qui opèrent actuellement à partir de la gare Pompiers pourront de la même manière venir à la gare des Beaux Maraîchers et dans les conditions meilleures pour les transporteurs et les usagers. C’est la modernisation tant appelée par les Sénégalais. Aussi, je voudrais dire que celui qui parle souvent de cette affaire (Alassane Ndoye, secrétaire général du SNTTRS, NDLR), a participé à l’appel d’offres qui a conduit à la sélection de l’opérateur de la gare. Il n’a pu gagner cet appel d’offres. Il a introduit des recours auprès de l’ARMP (Autorité de régulation des marchés publics), il a été débouté. Un opérateur a été sélectionné. Et on a investi des sommes considérables (7,5 milliards F Cfa) dans cette infrastructure et ce qu’on veut, c’est que la gare soit exploitée avec les normes de sécurité, de salubrité mais aussi de maintenance. Parce qu’on sait construire nos infrastructures mais malheureusement en général, on ne les entretient pas convenablement. Il n’est pas question d'investir des milliards du contribuable sénégalais et ne pas entretenir les infrastructures. Il faut que l’exploitation de la gare elle-même puisse générer des ressources nécessaires pour pouvoir servir à l’entretien, la maintenance, le renouvellement des équipements et payer ceux qui en ont la charge. C’est une gare moderne avec des vidéos de surveillances, etc. Cela n’a absolument rien à voir avec la gare Pompiers et j’invite les Sénégalais à comprendre le mouvement qui est en marche.

 

Quel est le véritable problème avec ces transporteurs, selon vous ?

Chaque fois qu’il y a des changements notables, il y a des gens qui ne pensent qu’à leurs intérêts personnels. Et dès que leurs intérêts sont en jeu, ils font de leur mieux pour arrêter le processus qui va apporter un mieux-être à des millions de Sénégalais. L’exemple le plus célèbre, c’est notre héros national Lat Dior qui s’était opposé à l’avancée des rails ; aujourd’hui, nous cherchons tous les rails. Il y a des causes qui semblent être des causes nationales mais qui sont souvent des causes personnelles qui ne favorisent pas l'avancement du pays. Je voudrais donc inviter, sous ce rapport, les gens à accepter l’avancement. Il n’y a plus aucun pays au monde, même les pays de la sous-région, où on a des gares comme Pompiers : l'insalubrité, l'insécurité, et les transporteurs qui sont pris en otage par quelques groupes organisés qui vivent sur le dos des transporteurs et des usagers. Et ces derniers n’y peuvent pas grand-chose. L’État ne doit pas accepter qu’il y ait des organisations qui imposent leur loi ; c’est de cela qu’il s’agit. Je rappelle que la gare de Colobane est gérée aujourd’hui par un Gie dont celui qui parle (Alassane Ndoye) est un des responsables éminents. Et c’est peut-être pour cette raison-là qu’il voudrait qu’on lui confie la gare des Baux Maraîchers.

 

L’autre pomme de discorde, c’est le permis à points. Les syndicats de transporteurs disent que le Sénégal n’est pas encore prêt à appliquer cette nouvelle disposition...

Le président de la République a engagé le gouvernement, en conseil des ministres, à réfléchir sur la mise en œuvre d’un permis à points. On est au stade de la réflexion qui commandera, comme c'est le cas pour tout ce qu’on fait, de mettre en œuvre la concertation nécessaire avec l’ensemble des opérateurs et des acteurs concernés. Nous avons un cadre consultatif dans lequel les transporteurs et les syndicats des chauffeurs sont parties prenantes. Nous sommes à la phase de réflexion, nous ne pouvons interdire à qui que ce soit d’explorer des pistes qui pourraient apporter des solutions viables à des problèmes cruciaux à notre pays. C’est là où on en est pour l’instant.

 

 

Un promoteur de transport privé est en train de faire polémique à Thiès. A-t-il les autorisations étatiques pour lancer ses activités ?

Les lois et règlements de ce pays sont très clairs : on ne peut faire du transport qu’à partir de la gare routière, à moins de disposer d’une gare routière privé homologuée par l’État. C’est pour cela que l’ouverture de la gare des Baux Maraîchers va aussi permettre d'y concentrer les différentes gares plus ou moins privés ou sauvages qui sont à Dakar. C'est pour que dans un monde normal, quand il y a un accident ou des retards, qu’on puisse savoir qui a pris le bus. Parce qu’il y a le manifeste qui permet de dire que tel bus qui a quitté la gare Pompiers à telle heure avait à son bord telle ou telle personne pour l’identification. Pour répondre sur cette question de Thiès, le promoteur doit, comme l’y ont invité les autorités administratives et locales, se conformer à la réglementation et rejoindre la gare routière.

 

 

 

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