Publié le 24 Aug 2013 - 14:50
L'ESCROC ET LA REPUBLIQUE

Ousmane Thiam condamné à 2 ans de prison 

 

Deux ans de prison. C’est la sanction que le tribunal des flagrants délits de Dakar a finalement infligée hier à Ousmane Thiam. L'opérateur économique a été reconnu coupable d’escroquerie et de faux et usage de faux. Il doit verser une dizaine de millions à quatre individus. Se targuant d’être l’ami d’enfance de l’ex-Premier ministre Me Souleymane Ndéné Ndiaye, d’après les mentions du procès-verbal dressé par la police de Grand-Yoff, Ousmane Thiam avait, à ce titre, promis de trouver des visas pour l’Europe aux parties civiles. Même si, à la barre, il a réfuté avoir fait état de sa relation avec le maire de Guinguinéo, le prévenu a reconnu se livrer au trafic, depuis 2005, avant que ses activités ne périclitent avec le départ du régime libéral. Seulement, selon ses aveux, il n’est pas seul dans ce trafic. Il dit avoir bénéficié de complicités au niveau de toutes les institutions de la République : la Présidence, la Primature et particulièrement le Secrétariat général du gouvernement, le Conseil économique et social, la commission de la Culture et de la Communication de l’Assemblée nationale. Pour les ministères, c’est le département de l’Intérieur, avec la Direction de l’automatisation du fichier (DAF), la Direction générale de la Police qui ont été citées. De même que le défunt ministère chargé des Élections, le ministère de la Santé et celui de la Culture. Pour faire voyager les candidats, Ousmane Thiam et ses complices (?) les faisaient passer, soit pour des agents de la RTS, lorsque des officiels voyageaient. Soit pour des artistes, lorsqu’un groupe devait effectuer une tournée en Europe.

 

Policiers, fonctionaires, parlementaires cités

Selon les mentions du PV de police que nous avons parcouru, Ousmane Thiam, aidé par des policiers au niveau de la DAF, mais également de l’aéroport,  parvenait à faire voyager les candidats sous de fausses identités, moyennant de l’argent : 70.000 francs pour une carte d’identité et 250.000 francs pour un passeport. Quid du rôle des députés qu’il a cités ? Ousmane Thiam a, d’après les policiers, laissé entendre que les ex-parlementaires libéraux, Pape Meïssa Codé Diop et El Hadj Malick Guèye de Latmingué l’aidaient avec leurs passeports diplomatiques, moyennant de l’argent. Le premier jouait, selon le prévenu, le rôle de père de famille ou de mari des candidats. Quant à l’ex-parlementaire de Latmingué, son concours a consisté à être chef de mission, en sa qualité de Conseiller. Mais, malheureusement, soutient Ousmane Thiam, ‘’comme il (El Hadj Malick Guèye) est arabisant, il n’a pas pu comprendre les propos du Consul de l’Ambassade du Portugal qui l’avait appelé pour une confirmation. Cité lui aussi dans ce deal, l’adjoint au chef du protocole de la Présidence a été désigné par Ousmane Thiam comme étant celui qui octroyait les lettres d’accompagnement, moyennant également de l’argent. Lors de son procès, Ousmane Thiam a accusé l’adjoint de Bruno Diatta, de lui avoir remis le sac contenant, entre autres, les 187 passeports dont 150 numérisés, 7 passeports gambiens, 31 cartes professionnelles de la RTS (Radiodiffusion télévision), 3 cartes de la Chambre des métiers de Kaolack, 3 badges  de la Direction de l’automatisation du fichier ( DAF), 2 cartes de sous-officiers de l’armée, des cachets de la Primature, de l’Assemblée nationale, …

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