Ashes to Machine & Julien Lourau
De la musique expérimentale. C’est essentiellement ce que nous ont servi (sur un plateau de notes éclectiques), les musiciens constituant, le temps d’une résidence d’une semaine au Sénégal, le groupe Ashes to Machine. Une expérience unique en son genre.
Julien Loureau, saxophoniste et pianiste français, aurait eu du mal, dans d’autres circonstances, à entraîner le public sénégalais dans son univers musical. En l’occurrence, c’est exactement le contraire qui s’est produit. Cela du fait que, lors de sa prestation de samedi dernier, il eu le flair de s’entourer de musiciens locaux de grand talent.
Ainsi le jazzman, secondé d’un DJ, a su marier avec finesse ses sonorités d’ailleurs avec celles, parfois étonnantes, d’ici. Outre la jeune cantatrice Kalsoum et le rappeur Keyti, la première chantant des hymnes folkloriques wolof et le second s’illustrant par sa prose engagée, c’est une troupe de percussionnistes, le groupe Tam, qui a ravi la vedette du concert. En effet, loin d’une approche orthodoxe, les percussionnistes ont choisi de construire leurs rythmes avec des outils du quotidien comme des marteaux, des pilions à moudre le grain et - choses inédite - ce qui semblait être une scie à métaux.
Le résultat, loin d’être discordant, fut assez surprenant de prime abord, cela juste le temps que le public, quelque peu profane, y ajuste sa perception. Une fois cela fait, on se laisse vite entraîner par les mélodies hypnotiques de la formation, entre «Afrique et France» (comme l’a signifié la promotion autour de l’événement).
Le concert, cependant, n’était pas uniquement pour plaire à l’ouïe. Le visuel était également présent, avec des jeux de lumières et transpositions de flux vidéo en direct sur le grand écran du théâtre de verdure. Collant à la musique, ils ont d’une certaine manière fait immerger le public dans une bulle, entre jazz et percussion, pour ne l’en sortir que 1h30 plus tard à la fin du concert.
Initié en 2006 au Kenya et se produisant dans une vingtaine de pays, le projet Ashes to machine s’est tenu à Dakar avec la collaboration de l’association Vives Voix, notamment connue pour l’exposition «Masques et Mémoires» qu’elle avait organisée l’année dernière à Gorée.
Julien Lourau, à l’honneur pour cette collaboration, est un saxophoniste de jazz français qui a fait ses armes dans le groupe Trash Corporation et a, entre autres, fondé le collectif musical éphémère Olympic Gramofon. Il est âgé de 43 ans.