Publié le 30 Oct 2013 - 17:33
DPG DE MIMI TOURÉ

 …Tableau peu reluisant, selon des leaders syndicaux

 

La plupart des leaders de syndicats d’enseignants saisis se disent non convaincus de la politique éducative du gouvernement décliné par son chef, lundi, lors de sa déclaration de politique générale.

 

Le Premier ministre est ''passé à côté de la plaque'', selon Mamadou Lamine Dianté, secrétaire général Saems/Cusems. Il dit être d'autant sur sa fin qu'il n’y aurait rien de nouveau par rapport à la déclaration de politique générale (DPG) de l'ex-PM, Abdoul Mbaye. De l'avis de M. Dianté, Aminata Touré, qui faisait sa DPG lundi, s’est contentée de commenter le Programme de l’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence (Paquet) et d'évoquer l'idée des assises sur l’éducation.

''Nous avons vu que ce qui ressort de l’intervention de Madame le Premier ministre est qu'en réalité, le Paquet, tel que conçu par le Premier ministre, c’est un recul du Pdef (le précédent programme appelé Plan décennal de l'éducation et de la formation, NDLR). En ce sens que le Pdef précède le PAQUET et, dans sa dernière phase, le Pdef avait déjà dépassé la question de l’accès à l’éducation. Or, elle semble mettre le focus sur l’accès à l’éducation'', a relevé M. Dianté. ''L’autre paradoxe est qu'au moment où elle parle de 200 écoles, 110 collèges et 15 lycées, le personnel manque. Comment peut-on créer des établissements alors que vous n’avez pas de personnel. Donc pour dire que la déclaration de politique générale du Premier ministre Aminata Touré nous laisse très sceptique'', a critiqué le syndicaliste.

En outre, Mamadou Lamine Dianté soulève un problème de liant entre le Paquet et les assises sur l’éducation. ''On ne voit pas trop la liaison entre le Paquet et les assises nationales qui sont en perspective''. Et il dit attendre des mesures fortes de la part du Premier ministre pour que l’école retrouve la paix. ''Ce discours montre que ces autorités-là n’ont pas une politique éducative pour le pays. Et je pense que si ça continue comme ça, l’objectif d’éducation universelle ne sera pas atteint avec ce gouvernement'', a noté M. Dianté, invitant le gouvernement à prendre à bras le corps la question des perturbations scolaires en instaurant un ''dialogue sincère et franc'' entre tous les acteurs.

Le tableau n'est pas plus reluisant chez le secrétaire général de Sels/A, Abdou Faty. A son avis, Aminata Touré a fait dans la ''politique politicienne qui respecte un rituel''. ''Nous les attendons sur le champ de l’application. Nous saluons l’initiative de la création d’écoles, mais nous pensons que des contraintes majeures se posent, comme l’absence de matériel'', a observé M. Faty. Pour lui aussi, l’éducation n’est pas une priorité pour le gouvernement, avançant que le Premier ministre a simplement retracé le discours ''habituel'' du ministre de l’Éducation nationale, Serigne Mbaye Thiam. A savoir la ''centralité de l’élève, la qualité des enseignements-apprentissages, sans pour autant s’appesantir sur le statut de l’enseignant. Sans pour autant s’appesantir sur l’environnement qui puisse permettre à l’enseignant de travailler dans de bonnes conditions pour avoir une école sénégalaise nouvelle avec de très bons résultats''. Le syndicaliste appelle Mme Touré à aller vers la signature du protocole d’accord avec les syndicats d'enseignants, le règlement des problèmes de gestion démocratique du système éducatif et de paiement des salaires à temps. Et concernant les assises, il signale qu’elles ont été pensées et déroulées seules par les autorités : ''On a été, nous l’association des syndicats d’enseignants, partenaires sociaux et des parents d’élèves, mis devant le fait accompli''.

''On s’attendait à des actes forts''

De même, le secrétaire général du Cusems, Abdoulaye Ndoye, estime qu’il n’y a pas grand-chose à dire concernant la déclaration de politique générale d'Aminata Touré. ''On s’attendait à des actes forts comme le recrutement des sortants de la Fastef, la signature du protocole d’accord avec les enseignants, l’ouverture des négociations, le paiement des salaires et des indemnités à temps, le respect de la taille normale pédagogique d’une classe qui est de 45 élèves, alors qu’on a des salles de classes de plus 90 à 100 élèves'', énumère M. Ndoye. S'agissant de la construction de nouveaux établissements scolaires annoncés par Mme Touré, le syndicaliste juge que la priorité est d’abord de rationaliser la carte scolaire : ''On a crée n’importe comment, n’importe où des lycées et des collèges, or cela a besoin d’être équipé''.

Cependant, le discours d'Aminata Touré a trouvé grâce auprès de l’adjoint au secrétaire général du syndicat des enseignants de l’APR, Amath Suzanne Camara. ''Nous pensons que le programme Yoonu Yokkute, qui a tellement duré et qui a tardé à se réaliser, il nous fallait une femme de cette hauteur pour le piloter surtout en matière d’éducation'', a déclaré M. Camara. Il a confié que le discours lui inspire confiance car Aminata Touré a confirmé la tenue des assises sur l'éducation : ''Aujourd’hui, nous attendons que les ministres chargés de cette question puissent traduire cela en acte.''

Amath Suzanne Camara pense en outre qu'Aminata Touré va hâter la signature du protocole d’accord avec les enseignants. ''Nous demandons aux syndicats d’enseignants d’être patients, car le Premier ministre est capable d’être à la hauteur'', a invité M. Camara, soulignant qu'il y aura toujours des revendications.

A. DIÈNE

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