L’affaire des 5 000 milliards revient à la barre ce matin
Retour sur la rocambolesque escroquerie dont l’Etat du Sénégal a failli être victime en 2009, de la part de deux ressortissants turcs. L’affaire avait défrayé la chronique du fait du montant du préjudice qui portait sur environ 5 000 milliards. Elle revient aujourd’hui devant la Cour d’appel de Dakar.
A la barre, il y aura les deux Turcs Mehmet Yilmaz et Yahya S. Ozavci qui purgent actuellement une peine de cinq ans ferme. Munis de cinq titres au porteur, d’un milliard cinq cent millions d’euros l’unité, ils s’étaient présentés aux autorités de l’ancien régime comme des hommes d’affaires, représentant les intérêts de la Bedford international financial group, filiale de la Bedford international financial corporation, des sociétés basées au Canada et en Colombie.
Les titres au porteur étaient des documents attestant de l’existence de fonds et portaient la signature du Docteur Berdik-Albert Zvonko, Président du groupe financier. Les turcs avaient pu entrer en contact avec les autorités sénégalaises, par le biais de l’ex-sénateur Meïssa Ndiaye, grâce à l’expert immobilier et responsable à l’époque de la ‘’Génération du concret’’, Cheikh Saadibou Diack.
Obnubilés par les milliards, le chef de l’État de l’époque, Me Abdoulaye Wade, ainsi que son fils Karim, l’APIX et le ministre de l’Économie et d’autres autorités avaient entamé les démarches pour pourvoir empocher l’argent. Du moins pour l’investir dans des projets, comme la construction d’un gazoduc de l’Algérie au Sénégal, d’une unité de production de pétrole, de la réalisation d’une ligne ferroviaire entre le Sénégal et la sous-région, de compagnies aériennes et de services aéroportuaires etc. Karim Wade avait même manifesté, selon les confidences des Turcs, la volonté de faire construire 20 000 logements sociaux.
Le coup de pouce d'Interpol-Paris
Mais le 15 février 2009, voilà que Paris brisa le rêve du Sénégal. Car Interpol-Paris avait contacté Dakar pour avoir des renseignements sur l’expert sénégalais Cheikh Saadibou Diack. La Douane française avait en effet interpellé un certain Yahya Sukru Ozavci, dans la ville de Metz, en possession d’un titre au porteur d’une valeur d’un milliard cinq cent millions d’euros. Yahya était accompagné de Cheikh Saadibou Diack pour, a-t-il expliqué aux douaniers français, authentifier le titre au porteur, auprès d’un courtier du nom de Daniel Thiel. Ce coup de pouce de la police française avait permis au Sénégal de réaliser qu’il était en face de véritables escrocs.
Inculpés par le doyen des juges, les deux Turcs avaient été condamnés à cinq ans ferme par le tribunal correctionnel. Leur acolyte guinéen, Charles Thomas, avait fait l’objet d’un mandat d’arrêt. Quant à l’expert Cheikh Saadibou Ndiack, il avait été condamné à payer la somme de 29 millions de francs Cfa à la résidence hôtelière ‘’Ndiambour’’. Car, lorsque les Turcs sont arrivés au Sénégal, c’est le responsable politique qui s’était engagé à régler la note de l’hôtel.
FATOU SY