Publié le 21 Apr 2012 - 10:34
MÉDIATTITUDE

Mariage religieux, divorce politique

 

Comme devant un tribunal, les accusés et les témoins ont défilé à la barre. Sauf que c’est dans les colonnes du journal L’Observateur que cela se passe. Le délit ? Un mariage sans autorisation parentale. Les plaignants ? Les parents de la mariée qui crient au kidnapping. Si leur fille n’avait pas été majeure - elle a clamé son âge : 28 ans - le détournement de mineure constituerait un autre motif de la plainte. Seulement, le feuilleton médiatique en trois épisodes autour de cette septième union du guide des thiantacounes, Béthio Thioune, ne réveille pas seulement les sentiments extrémistes pour un Cheikh habitué à susciter la polémique. C’est plutôt un autre fait de société récurrent qui est ainsi révélé : le problème des castes. A la question de savoir qui, entre elle ou son époux, était concerné par cette ''accusation'', la jeune mariée a refusé de répondre. Plus loin, elle avoue n’avoir personnellement aucun préjugé sur le sujet, évoquant les arguments étayés par l’Islam. Mais, hélas ! La société est parfois plus dogmatique que la religion.

 

Du mariage au divorce, il n'y a qu'un pas que l’on ne souhaite pas à ce nouveau couple, surtout que la mariée confesse son souhait de mourir auprès du Cheikh. Mais ici, il s’agit plutôt de la cascade de ruptures enregistrées dans le Parti démocratique sénégalais (PDS). Les frondes se multiplient et le chef de parti autrefois si craint par ses militants n’a plus que sa calculette pour comptabiliser leurs départs. Si les plus radicaux annoncent leur projet de création de parti et revendiquent leur foi en leur destin politique, d’autres, plus prudents, font le grand écart. Un pied dans le PDS et un autre dans une coalition qui partage une vision commune. Après Benno Bokk YaAkaar, voici (benno) Bokk Gis Gis qui regroupe des responsables politiques de l’ancien régime libéral, et non des moindres, en quête de sièges aux prochaines législatives. Les plus chanceux parmi eux échapperont sans doute aux résultats des audits annoncés pour ceux qui ont des choses à se reprocher, pour les autres, la défense se poursuit à coups de conférences de presse.

 

Ainsi, face aux accusations du nouveau régime sur la disparition et la sommation de restituer des véhicules de l’Etat, l’ancien régime a envoyé son ancien ''porteur de paroles'' aux charbons. Serigne Mbacké Ndiaye s’est engouffré dans une bataille des chiffres. Qui dit vrai ? Qui dit faux ? Certains parlent de cabale médiatique et d’une énième tentative de mettre à mal le défunt régime libéral avec l’opinion publique afin de le bouter définitivement hors du champ politique. D’autres parlent de premières bourdes de la communication du nouveau président qui aurait laissé favorisé ces fuites dans la presse. Stratégie ou maladresse, comme pour les caisses annoncées vides de l’État, la presse s’en délecte et nourrit la cabale présumée orchestrée ou non. Et pour ce feuilleton qui pourrait s’intituler : Mais où sont passées les voitures de l’État ?, ceci n’est que l’épisode pilote.

 

Karo DIAGNE-NDAW

 

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