‘’Nos premiers partenaires ne sont plus les seuls sur la scène’’
La France et les pays occidentaux sont avertis : Aujourd’hui, ils doivent faire face à une rude concurrence des Chinois, des Turcs ou des Indiens sur le continent. Les pays du Nord ne sont plus les partenaires privilégiés du continent mais doivent entrer en compétition avec les autres, à en croire Macky Sall qui présidait hier le premier forum économique de la Francophonie.
Le président de la République a envoyé un message clair aux investisseurs occidentaux et plus particulièrement à ceux de la France. Désormais, ces derniers doivent faire face à une rude concurrence avec les Asiatiques, notamment les Chinois, les Indiens, les Coréens… Le Chef de l’Etat présidait hier le 1er forum économique de la francophonie, qui s’est ouvert hier au Centre international de conférence Abdou Diouf à Diamniadio.
A l’occasion, le message de Macky Sall à l’endroit des occidentaux est sans équivoque : L’époque où les entreprises européennes régnaient en maître en Afrique est révolue. ‘’Nous ne sommes plus dans un milieu fermé, entre francophones, nous sommes dans un environnement diversifié, de compétition où les opportunités sont ouvertes à tous’’, clarifie le chef de l’Etat. Qui s’empresse d’ajouter : ‘’Il est temps que les entreprises se mettent à l’heure de la mondialisation, si elles veulent être compétitives sur le sol africain’’.
Dans la foulée, le chef de l’Etat a mis en exergue l’exemple du Centre international de conférence de Diamniadio, réalisé en partenariat avec un pays non francophone. La Turquie, dit-il, a en très peu de temps, en y mettant ‘’toute son énergie, ses opportunités financières, participé à la réalisation de cet édifice. ‘’Ce centre a été conçu et construit en 11 mois, pour dire que les Turcs et les Sénégalais qui l’ont construit ont travaillé 7 jours sur 7, 20h par jour’’, ajoutera-t-il.
La présence de la Chine dérange certains
En outre, poussant la réflexion plus loin, le Chef de l’Etat ajoute qu’en face de ce bel exemple turc, il y a les Chinois qui travaillent 7 jours sur 7. Mais cette présence des Chinois au Sénégal et partout en Afrique francophone n’est pas du goût des Français. ‘’Je sais que la présence de la Chine en Afrique dérange mais on devait plutôt la voir positivement’’, poursuit Macky Sall. Son message envers tous les hommes d’affaires francophones qui étaient présents au centre international de conférence est plus que clair : ‘’Nos pays ne peuvent plus ne pas regarder les opportunités qui s’offrent à eux puisque nos besoins sont tellement pressants en investissements, tellement importants en volumes que nos premiers partenaires ne sont plus les seuls sur la scène’’.
Les économies émergentes offrent aussi de nouvelles opportunités aux pays africains. Dès lors, il n’est pas question, selon le président de la République ‘’de cracher’’ sur ces offres ‘’quand on a besoin de construire des routes, des hôpitaux, des infrastructures’’ et qu’il ‘’y ait une possibilité d’avoir accès à des crédits moins chers. (…). Je ne vais pas traiter de sujets privés mais il faut que les entreprises du Nord et de l’Occident acceptent la compétition en Afrique’’.
La nouvelle Afrique, poursuit le chef de l’Etat, c’est celle de la compétition saine et transparente. ‘’C’est ça la nouvelle Afrique, l’Afrique de ma génération’’, persiste M. Sall.
‘’L’Afrique, ce n’est pas la guerre’’
Cependant, le Chef de l’Etat n’apprécie pas cette perception négative que les autres ont du continent africain. Là où c’est la misère, les conflits, les catastrophes… il faut l’ingérence des puissances étrangères pour y mettre de l’ordre. ‘’L’Afrique, ce n’est plus ce continent qu’on doit aider’’, rectifie-t-il. L’Afrique est ‘’une terre d’opportunités puisque tout est à construire’’, alors qu’en Europe, explique le Président Sall, les ‘’économies sont contractées’’. ‘’Aujourd’hui, on parle d’Ebola, et Ebola en Afrique, c’est une catastrophe.
Mais c’est quand même 5000 voir 6000 morts sur 800 millions d’habitants. En occident, rien que la grippe tue plus de 10 000 personnes par an. Mais on n’en parle jamais. C’est ça le problème’’, s’offusque-t-il. L’occident doit aujourd’hui avoir une autre vision du continent, mais l’Afrique doit aussi, d’un côté, indique-t-il, ‘’évoluer dans la bonne gouvernance, dans l’état de droit. C’est cela que le Sénégal est en train de mener à travers ses réformes ; les réformes politiques, juridiques mais aussi les réformes sur les politiques publiques’’.
ALIOU NGAMBY NDIAYE