Le pari pour booster la coopération franco-africaine
La Fondation franco-africaine pour la croissance a été lancée, hier vendredi à Paris, à l'occasion du Forum regroupant la France et les pays du continent noir ouvert dans la capitale française.
Le Forum franco-africain pour une croissance partagée», a été l'occasion pour le Chef de l'Etat français François Hollande et quatre de ses pairs africains, le Sénégalais Macky Sall, le Kenyan Uhuru Kenyatta, l'Ivoirien Alassane Ouattara, le Gabonais Ali Bongo et une dizaine de Premiers ministres, d'assister au lancement de la Fondation franco-africaine pour la croissance.
Démarche d'un type nouveau, la Fondation pour la croissance n'est, selon son concepteur, le banquier d'affaires d'origine franco-béninoise Lionel Zinsou, ni une ''nouvelle administration'', ni un ''regroupement professionnel''. Elle est ''un réseau social œuvrant à la mise en commun des forces émanant du secteur public, du privé, des associations et des collectivités locales'', a indiqué l'actuel Patron du fonds d'investissement PAI-Partners.
Quelle meilleure tribune de lancement pour une fondation visant à rapprocher les entreprises africaines et françaises, qu'un forum regroupant, en plus des Chefs d'Etat, plus d'un demi-millier de sociétés du continent noir et de l'Hexagone ?
Concrètement, la fondation va d'abord labelliser dans huit pays 15 établissements de formation professionnelle. Puis, en collaboration avec les prestigieuses écoles HEC et Sciences-Po, elle va former au "leadership" 50 cadres à fort potentiel. Ensuite, elle va suivre et accompagner une trentaine de jeunes dirigeants de 25 à 35 ans -20 Africains et 10 Français-, issus du monde de l'entreprise ou de l'univers associatif.
Le défi est énorme. Le fait est que la coopération entre la France et l’Afrique s’ouvre de plusieurs maux. Les entreprises africaines reprochent à leurs homologues français de ne pas faire assez de transfert de compétences. Les entreprises françaises quant à elles reprochent aux ''africaines'' de ne pas être toujours aux normes internationales. Il s'agit donc de tordre le cou à ces faiblesses. De plus, l'Afrique comptera bientôt 1 milliard et demi d'urbains qu'il faudra loger, nourrir, vêtir et pour lesquels des infrastructures dignes de ce nom devront être construites.
Des préoccupations qui semblent être proches de celles du Président Macky Sall. Dans son discours au cours du forum, le Chef de l'Etat sénégalais a rappelé que l'Afrique est un continent où ''tout est à construire''.
''Avec une superficie de 30 millions de km², l'Afrique manque de tout. Elle manque de routes, de ponts, d'infrastructures de tout genre. Il est impératif de commencer à construire dès maintenant l'Afrique de 2060 '', a plaidé Macky Sall.
Enième initiative de la France coloniale, disent certains. Peut-être. Seulement, la présence de Sud-Africains, de Nigérians, d'Ougandais et d’Ethiopiens dans les ateliers et les échanges tente de relativiser quelque peu une telle vision qui voudrait qu'il s'agisse encore ici d'une d'histoire de pré-carré ou même d’une mutation de ce qu'on appelle trivialement la FrançAfrique.
Il est clair que l'Afrique est l'objet de toutes les convoitises et de toutes les attentions. La Chine et l'Inde, la Turquie pointent le bout de leur nez et s'invitent dans ce qui était jadis considéré comme le pré-carré français. Donc, il ne faut pas s'y tromper, la France n'a pas envie de perdre l'avantage historique et culturel qu'elle a sur les autres partenaires du continent noir d'où l'initiative de ce forum.
Finalement, l'Afrique n'a pas à se plaindre d'être tant convoitée. Elle a seulement à sauvegarder ses intérêts et tirer son épingle du jeu. Il y a longtemps qu'on a dit : le Siècle qui vient sera africain. Mais pour quelle Afrique ? Celle des multinationales où celle des peuples ? L'avenir nous le dira...
Amadou Bator Dieng