Publié le 24 Feb 2015 - 07:29
LIBRE PAROLE

Le conseil des ministres decentralise devrait commencer par Sedhiou

 

Au vu de l’écart de développement entre la région de Sédhiou et le reste du Sénégal à un niveau critique, en dépit de ses nombreuses opportunités économiques et de son grand potentiel de développement, le premier conseil des ministres décentralisé devrait revenir à cette belle contrée du Sénégal. Il devrait s’agir, à la suite de la seconde alternance dans notre pays, de corriger les erreurs du passé dans le sens de la réduction des inégalités entre régions pour une plus grande intégration nationale et la levée de certains ostracismes ou favoritismes historiques.

En effet, l’axe stratégique doit toujours être la priorisation du  développement de l’intérieur du Sénégal afin de contrecarrer l’exode rural qui est le cancer du Sénégal ; Même si le pôle économique et urbain de Diamniadio est un bon projet, qui, outre mesure, ne devrait pas impacter négativement sur les vocations écologiques des terroirs, il reste que les efforts soient toujours concentrés dans la région de Dakar ou vers certaines cités religieuses.

Pour une superficie  de 7350km2 traversée d’Est en Ouest par le fleuve Casamance dans sa partie centrale, la région de Sédhiou offre de nombreuses opportunités économiques dans les domaines aussi bien agro–silvo-pastoral, touristique, qu’industriel. Cependant, la valorisation de l’extraordinaire potentiel économique que possède cette région  est quasi inexistante, à l’image d’une riche bande de terre charriée par un puissant fleuve et ses affluents, somnolant dans une torpeur économique due à l’enclavement terrestre et fluvial.

Le paysage est presque à l’état primitif, comme à l’époque coloniale où Sédhiou ne comptaient comme infrastructures que l’unique  comptoir commercial de toute  la province Sud et le fort Pinet Laprade. Depuis, presque rien n’a changé ; L’électricité, les infrastructures routières, maritimes et les structures de santé y  sont  chimériques, nonobstant ses nombreux avantages comparatifs. Il est vrai que, le transfert de l’ancienne  capitale de la province Sud, de cette terre de  résistance  à la pénétration coloniale (Fodé Kaba Doumbia) à Ziguinchor en 1908, a contribué à l’isolement de cette contrée, mais, cela est loin d’expliquer, aujourd’hui, le décor insolite d’une région abandonnée à son propre sort .Le paradoxe est que Sédhiou est une région pauvre aux potentialités  économiques immenses, comme si cette frange du Sénégal avantagée par la nature refusait le développement.

En effet, avec une pluviométrie en moyenne de 1000mn d’eau par an, en plus de la proximité du fleuve Casamance et de ses affluents, les cultures de contre saison y sont pratiquement inexistantes, en raison de l’absence d’infrastructures hydro-agricoles, à coté d’une agriculture en sous pluie d’auto –subsistance au stade artisanal. Le réseau hydrographique assez dense inexploité, offre de sérieux atouts pour le développement rural. L’inexistence de ponts sur le soungrougou(affluent du fleuve Casamance) pouvant connecter  Marssassoum ainsi que sur Sédhiou- Sandiniéry ou Bambaly-Diattacounda sur le fleuve Casamance, empêche la circulation interne des personnes et des biens et isole ces terroirs du reste du monde, comme si nous étions  dans des ilots inaccessibles. De riches terres aptes à la culture intensive de céréales de toutes sortes, de l’arachide, du coton, de noix d’acajous, de fruits et légumes et d’huile de palme, dorment sous le soleil. Le secteur de l’élevage au stade extensif sédentaire présente de formidables possibilités de développement et pouvait connaitre des transformations structurelles ainsi que l’éco tourisme avec le riche potentiel faunique et aquatique.

La situation socio-économique de cette partie méridionale du Sénégal où 65% de la population vit en deca du seuil de pauvreté est des plus non enviables pour cette région, pourtant mieux dotée en opportunités économiques que la région de Saint Louis qui a l’avantage de connaitre deux barrages hydro-électriques en amont et en aval du fleuve Sénégal, permettant l’irrigation de plusieurs centaines milliers d’hectares de terre.

 Il commence à se faire tard, au regard de l’ampleur du retard de cette région  par rapport au reste du Sénégal , mais ,mieux vaut tard que jamais ;Toutefois, l’espoir peut renaitre avec le conseil des ministres décentralisé, ne serait-ce que dans la prise de conscience des enjeux pour une réelle volonté politique vers la nécessité et l’urgence de vaincre la pauvreté dans cette terre riche du Pakao, chargée d’histoire , de culture  et de rayonnement religieux.

Kadialy GASSAMA

Rue Faidherbe X Pierre Verger

Rufisque

 

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