La gendarmerie stoppe le député Serigne Khadim Thioune
Rendu tristement célèbre par le double meurtre des thiantacounes Bara Sow et Babacar Diagne, qui vaut à Serigne Béthio Thioune ses déboires judiciaires, le quartier Keur Samba Laobé, situé dans la commune rurale de Malikounda, est une nouvelle fois secoué par un problème. Un litige foncier oppose le député Serigne Khadim Thioune, le fils du guide des thiantacounes, au reste du village. Ce lundi, la gendarmerie a dû intervenir.
Le torchon brûle entre la famille de Kouly Thioune et celle de Samba Laobé Diop appuyée par le reste du village. A Keur Samba Laobé, les populations s’opposent au projet de Serigne Khadim Thioune, le fils de Serigne Béthio Thioune, qui veut détruire le château d’eau. En effet, dans le plan de lotissement du quartier, un hectare a été réservé pour une utilisation future. Dans ce périmètre se trouve le château d’eau. Il se trouve que Serigne Khadim Thioune a érigé un mur autour de la parcelle et prétend que les terres leur appartiennent. «Nous sommes opposés à ce projet du cheikh. Aujourd’hui, c’est son fils Khadim qui a pris la relève. Il a amené des engins pour détruire le château d’eau, sous prétexte que c’est leur propriété », dénonce Lahat, petit-fils de Samba Laobé.
Hier, les éléments du capitaine Pouye se sont déplacés pour calmer la population et empêcher les travaux de démolition. D’une manière générale, les villageois reprochent à la famille du Guide de vouloir s’approprier leurs terres, alors que Samba Laobé, chef de Canton de Nianing Mbayar, avait accueilli et logé Kouly Thioune, son chambellan et père de Béthio Thioune, à Keur Samba Laobé. Un village qu’il a érigé. Les villageois disent que les terres appartiennent aux héritiers de Samba Laobé Diop.
Chronique d’une désunion
En 1981, le Sénégal devait accueillir une partie de la population bissau-guinéenne, lors de la guerre du PAIGC. À la demande de Makhtar Diop, fils de Samba Laobé, le régime de Diouf avait octroyé le projet au village de Keur Samba Laobé. Ainsi, des bassins de rétention avaient été créés par les Nations unies, sur une superficie de 34 ha. Ils étaient destinés à la culture en saison sèche. Le régime avait aussi octroyé 300 ha destinés à l’agriculture et l’élevage. Un forage fut construit pour ravitailler les populations en eau potable. Lorsqu’il est tombé en panne, la population a rencontré d’énormes difficultés, parce que les Nations unies ne finançaient plus et l’Etat s’était désengagé.
Au fil des années, de nombreux refugiés sont retournés dans leur pays d’origine. Et, du fait de l’expansion fulgurante de la commune de Mbour, les hectares destinés au village ont tous été occupés. Finalement, il ne restait que les 34 ha qui étaient réservés au bassin de rétention. Les populations ont alors décidé, d’un commun accord, d’utiliser une partie de l’espace et de réserver l’autre aux générations futures.
‘’Lorsque Béthio Thioune est revenu au village…’’
«En 2007, lorsque Béthio Thioune est revenu au village, nous l’avons bien accueilli. Mais, il a voulu tout accaparer. Et il a dit que c’est l’Etat qui lui a donné les 34 ha. Or, rien n’est vrai, parce que, depuis 1981, je demeure dans le village. Il faut que la famille de Béthio arrête d’accaparer nos terres. Nous sommes partis chez le président de la communauté rurale d’alors (Tiébli Sissoko). Il nous a informés qu’il n’a jamais fait une quelconque délibération. Ousmane Guèye, qui a précédé Tiébli, a fait la même déclaration. Nous ne pouvons permettre à personne d’accaparer nos terres», avertit Lahat Diop, petit-fils de Samba Laobé.
Mais, selon le député Serigne Khadim Thioune, le terrain appartient bel et bien à son père : «40 ans après le projet, le régime avait affecté le site à la famille de Samba Laobé, la famille du cheikh et le reste de la population. Après la désaffectation au profit de la population, il y avait un terrain du cheikh dans lequel se trouvait le château d’eau. Donc, nous l’avions clôturé et puis nous avions voulu en faire un marché public pour réduire les déplacements des populations. C’est suite à leur opposition que nous avons décidé d’appeler la gendarmerie ».
André BAKHOUM (Mbour)