Publié le 18 Dec 2015 - 13:49
DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS A L’EX-FNPJ

Un couple risque sept ans ferme pour un trou de 66 millions 

 

Les conjoints Ch. M. Ndiaye et R. Sow risquent sept ans de prison ferme pour un présumé détournement de deniers de publics portant sur la somme de 66 millions 400 mille F CFA, du temps où ils travaillaient à l’ex-Fonds national de promotion de la jeunesse (FNPJ).

 

Ch. M. Ndiaye et R. Sow ne sont plus au Fonds national de promotion de la jeunesse (FNPJ). D’ailleurs, la structure n’existe plus. N’empêche que les deux amants devenus conjoints ont répondu hier de leur gestion devant la barre du tribunal correctionnel de Dakar. En 2005, ils ont été épinglés pour détournement, à la suite d’une mission de vérification envoyée par le ministre de la Jeunesse de l’époque, Aliou Sow. L’audit avait révélé que des chèques d’une valeur de 66 millions 400 mille F CFA avaient été décaissés sans justification. Selon l’accusation, M. Ndiaye, directeur administratif et financier au moment des faits et R. Sow, chef-comptable profitaient de l’absence d’Ibrahima Condetto Niang, administrateur de l’ex-FNPJ pour faire des décaissements qu’ils n’ont pas pu justifier. En effet, en l’absence de l’administrateur, le DAF assurait l’intérim et signait les chèques avec sa copine devenue son épouse.

A la barre comme d’ailleurs depuis l’enquête, les deux époux ont contesté avoir décaissé le plus petit centime pour leur petit compte personnel. Ils ont déclaré que les décaissements étaient destinés à l’alimentation de la caisse du FNPJ, afin de subvenir à certaines dépenses. Aussi, ils ont dénoncé l’absence du principe contradictoire, au moment de l’audit, car la contradiction aurait pu leur permettre de donner des justifications.

L’époux Ch. M. Ndiaye a nié avoir déclaré à l’enquête que son bureau a été cambriolé, mais que des documents en phase de régularisation avaient été subtilisés. Il a également confié que le vérificateur a ouvert son bureau à son insu. Sa dame, elle, a soutenu qu’il n’existe aucun décaissement sans justification. Elle a précisé que les chèques ont été signés sur la base d’une note d’intérim de l’administrateur. En revanche, elle a reconnu avoir signé deux chèques sans justification, mais c’était sous les ordres de Condetto Niang. ‘’J’ai signé deux chèques sans justificatif dont un d’un montant de 1 million remis à Aziz Samb, dans le cadre de ses activés d’Oscar des Vacances. Le second porte sur 20 millions et c’était toujours sur instruction de l’administrateur’’, s’est défendu l’ex-chef comptable.

Non convaincu par les dénégations des prévenus, l’agent judiciaire de l’Etat a réclamé des dommages et intérêts d’un montant de 1 milliard de F CFA. Le parquet est également loin d’être convaincu et estime que cette version servie depuis l’enquête ne peut disculper les prévenus. Pour la répression, il a requis sept ans ainsi que la confiscation des biens des prévenus à hauteur du montant du préjudice. Il a également demandé que la décision du tribunal soit assortie du mandat de dépôt.

Mais la défense a laissé entendre que rien n’a été détourné. Me Pape Jean Sèye reste convaincu que si ses clients avaient détourné l’argent de l’Etat, ils seraient placés sous mandat de dépôt or tel n’a pas été le cas et les prévenus n’ont même pas consigné. Me Sèye a également déploré le fait que Condetto Niang n’ait pas comparu, vu qu’il est cité comme témoin. Il a fini par demander que le rapport soit écarté pour absence de contradiction. A ce propos, l’avocat s’est étonné que Condetto Niang ait saisi la justice, alors qu’à l’époque, il avait même adressé une correspondance pour fustiger l’absence de contradiction. Compte tenu de ces arguments, il a plaidé la relaxe de ses clients. Délibéré le 4 février prochain. 

FATOU SY

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