Publié le 19 Feb 2016 - 17:43
CLINIQUE DU CAP

La guerre des associés fait rage

 

La journée d’hier n’a pas été de tout repos pour le docteur Youssoupha Diallo, un des associés de la Clinique du Cap. Traîné en justice par le médecin de Bibo Bourgi, Dr El Hadji Hachem Djap, le gynécologue-obstétricien a été jugé pour trois procédures différentes.

 

La guerre des associés de la Clinique du Cap se poursuit actuellement devant les juridictions du pays. Hier, le docteur Youssoupha Diallo a été jugé pour trois procédures différentes par le tribunal correctionnel de Dakar. Toutes les trois affaires ont été mises en délibéré au 21 avril prochain. Dans la première, Dr Diallo est poursuivie pour dénonciation calomnieuse par Dr El Hadji Hachem Djap. Le médecin de Bibo Bourgi s’est senti calomnié par son associé qui l’a traité de faux urgentiste-réanimateur. D’ailleurs, cette affaire est pendante devant la justice car Dr Diallo avait porté plainte contre Djap sous le prétexte que le certificat de spécialité en Urgence-réanimation présenté par le médecin de Bibo Bourgi devant l’ordre des médecins, et qui lui permet d’exercer comme tel à la clinique du Cap, depuis 1995, est un faux.

Hier, à la barre, Dr Youssoupha Diallo n’a pas été très prolixe. La plupart de ses réponses était : ‘’Je préfère ne pas répondre à cette question.’’ Mais ce dont le prévenu est sûr, c’est que le conseil de l’Ordre des médecins, ainsi que le ministère de la Santé, lui ont donné raison. Car le ministre Awa Marie Coll Seck a pris un arrêté, le 4 février passé, suspendant temporairement Dr Djab de ses fonctions d’urgentiste-réanimateur. N’empêche que le Dr Hachem a soutenu n’avoir qu’un seul diplôme obtenu à l’Université Houphouët Boigny de Côte d’Ivoire, en 1993, puisqu’en 1992, il avait été recalé. Il a ajouté que le diplôme de 1998 qu’on lui attribue est un faux. ‘’Ils ont fait circuler les deux diplômes pour me discréditer. J’ignorais même l’existence du diplôme de 98’’, s’est défendue la partie civile. Sur sa lancée, il a dit ne pas comprendre l’attitude de son associé qui a attendu 25 ans de collaboration pour contester ses compétences. Le plaignant a fait la même remarque à Me Yérim Thiam, un des conseils du prévenu. ‘’J’ignore pourquoi  vous doutez de mes compétences, alors qu’en 1996, lorsque je vous ai sauvé, après réanimation, vous m’aviez remercié en me demandant de vous libérer, car vous alliez portez plainte contre l’hôpital Principal’’, a ajouté la partie civile.

Pour ses avocats, la ‘’jalousie’’ et ‘’la méchanceté’’ sont les seules raisons de Diallo. Pour eux, l’arrêté ne constitue pas de preuve des allégations faites par le prévenu car il est antérieur. Idem pour la décision de suspension prise par l’Ordre des médecins, car celle-ci fait l’objet de recours pour excès de pouvoir. Au-delà de ces arguments, les conseils de la partie civile estiment ‘’qu’il y a volonté de nuire de la part d’un médecin qui veut liquider son collègue, en lui trouvant un faux diplôme’’. C’est pourquoi ils ont réclamé des dommages et intérêts d’un montant de 300 millions de F CFA.

Mais, pour le représentant du parquet, le tribunal doit surseoir à statuer, puisqu’il y a déjà une procédure pendante. La défense a estimé que cela n’est pas nécessaire, puisque le seul diplôme qui compte est celui de 1998 et il est un faux. Selon Me Yérim, qui dit avoir fait des investigations jusqu’en Côte d’Ivoire, les autorités universitaires dudit pays lui ont fait savoir que, lorsque Dr Hachem a été recalé en 1992, il a refusé de passer l’examen en 1993. L’affaire est mise en délibéré pour le 21 avril prochain.

450 millions réclamés au Dr Diallo

A peine le procès a-t-il fini que le président Bara Guèye a appelé un autre dossier concernant les mêmes parties. Dans cette affaire, Dr Youssoupha Diallo est poursuivi pour diffamation. Seulement, lorsque le juge a appelé le dossier, le prévenu avait déjà quitté la salle. A son retour, le tribunal avait déjà mis l’affaire en délibéré, au 21 avril prochain. Par la suite, le troisième dossier a été appelé. Cette fois-ci Dr Diallo, poursuivi pour usurpation de fonction et faux et usage de faux, n’a pas été jugé par défaut, car il n’avait pas encore quitté la barre, à l’évocation du dossier.

Dans cette procédure, la Clinique du Cap reproche au gynécologue de s’être fait passer pour le directeur général de ladite clinique, or un tel poste n’existe pas. Dr Diallo est également accusé d’avoir signé des conventions à ce titre. Pour les avocats de la clinique, le prévenu a passé outre ses prérogatives et a commis du faux, puisque, le gérant Adnan Sharara a nié lui avoir donné l’autorisation de signer en tant que DG. Compte tenu de tous ces arguments, ils ont réclamé la somme de 150 millions de F CFA, au titre de dommages et intérêts.

Le parquet a requis l’application de la loi. La défense a invité le tribunal à se déclarer incompétent, car le délit n’existe pas, dans la mesure où la fonction de médecine est incompatible avec celle de gérant. Il s’y ajoute que les bénéfices engendrés par les conventions sont allés dans les caisses de la Clinique. Les conseils de la défense ont ajouté que Dr Diallo a agi de la sorte parce que, non seulement il a été désigné à la place de Sharara, mais parce qu’il aussi qu’il bénéficiait de plus de crédibilité que les autres associés. 

FATOU SY   

Section: