Kh. Faye a-t-elle voulu fuir les affres que lui font vivre sa famille, en voulant fuir en Gambie ? Ou bien a-t-elle réellement fait l’objet d’une tentative d’enlèvement, après avoir été envoûtée ? L’histoire ne le dira peut-être jamais, mais la dame Antis Sonko risque 6 mois de prison pour tentative d’enlèvement. Le délibéré est fixé pour jeudi prochain.

C’est une dame à la frêle silhouette, la tête enturbannée d’un voile blanc, qui a comparu hier devant le tribunal pour répondre des faits d’enlèvement de mineure. Antis Sonko, une guérisseuse, est venue au Sénégal pour soigner les personnes qui la sollicitent. Pendant des mois, elle a eu beaucoup de succès pour ses services. Elle a séjourné à Ndayane, Poponguine et Malika, au gré des sollicitations. Avant la korité, elle a décidé de rentrer chez elle en Gambie pour y célébrer la fête en famille. Dans ses bagages, elle a voulu amener Kh. Faye, une élève de 17 ans qui est en classe de 3^ème, selon les éléments de l’enquête. Hier, devant le tribunal, Antis a expliqué que Kh. Faye était maltraitée par ses parents, c’est la raison pour laquelle la jeune fille lui  disait, tout le temps, qu’elle voulait partir avec elle en Gambie. Ainsi, au moment de retourner dans son pays, l’élève l’a suivie. Elle a ajouté qu’elle a tenté, à maintes reprises, de la dissuader. Mais la fille n’a rien voulu savoir. Finalement, elle a accepté qu’elle la suive.

Mal lui en a pris car, constatant l’absence de sa fille, Modou Faye, pêcheur de son état, est allé porter l’affaire à la gendarmerie. Après cela, il a entamé des recherches qui ne se sont pas avérées vaines. Dans un premier temps, le pêcheur s’est rendu à la gare de Sindia, puis à celle Mbour où il a retrouvé la guérisseuse qui s’apprêtait à partir avec ses trois jeunes enfants. Il lui a demandé où se trouvait sa fille. La dame lui a rétorqué qu’elle ne l’avait pas vue. Une violente dispute a éclaté entre eux, avant qu’ils n’atterrissent à la gendarmerie. C’était le 05 juillet dernier, veille de korité. Ce n’est que le lendemain qu’on lui a annoncé que sa fille se trouvait à Malika. Et c’est là où l’affaire se complique.

Car les déclarations de la dame et celles de la jeune fille sont antithétiques. Selon la prévenue Antis Sonko, lorsque le jour du départ Kh. Faye a aperçu son père, elle le lui a dit. La guérisseuse dit lui avoir remis 20 000 francs et demandé de prendre la fuite. Voyant dans son acte de la bienveillance.

‘’Nous étions retenues prisonnières dans une maison à Dakar’’

Mais hier devant le tribunal,  Kh. Faye a évoqué la thèse de l’envoûtement, à travers des explications pour le moins alambiquées. ‘’Tante Antis me donnait des talismans. Je ne sais pas comment j’ai atterri avec elle à la gare. Là-bas, j’ai aperçu mon père et je l’ai dit à tante Antis qui m’a dit de fuir’’, a dit la fille. Lorsqu’elle est descendue du car, a-t-elle poursuivi : ‘’J’ai vu des gens dans un 4x4. Quelques minutes après, je ne savais plus où je me trouvais.

Car on m’a aspergé un liquide qui m’a endormie. Lorsque je me suis réveillée, je me trouvais avec d’autres personnes de mon âge. Nous étions retenues prisonnières dans une maison à Dakar.’’ Mais elle est parvenue à s’enfuir pour se réfugier chez une dame, toujours à Malika où elle a de la famille. Ainsi, c’est là, raconte le papa, que sa fille a été reconnue par une personne qui est allée informer sa grand-mère qui vit dans le quartier. Modou Faye a réclamé 75 000 francs de dommages et intérêts qui correspondent à la somme dépensée dans les recherches pour retrouver sa fille.

Toutefois, il faut s’étonner de l’attitude du tribunal qui n’a pas jugé utile de relever les incohérences voire les nombreuses interrogations que soulève le discours de la fille. Qui sont les ravisseurs qui l’ont kidnappée à Mbour pour l’amener à Malika ? Qu’en est-il des jeunes filles en captivité dans la maison évoquée par la jeune fille ? Pourquoi a-t-elle été amenée à Malika précisément où vit sa grand-mère et où la guérisseuse a séjourné ? Est-ce que réellement la fille a été maltraitée chez elle ? Autant de questions qui n’ont pas été abordées. En attendant, Antis risque une peine de 6 mois dont 2 mois ferme de prison réclamée par le parquet.

Le délibéré est fixé pour jeudi prochain.