L’affaire Me Mame Adama Guèye n’est pas enterrée
Lors des travaux à huis clos de l’assemblée générale de l’Union des magistrats sénégalais (UMS), l’affaire Me Mame Adama Guèye, la sortie de Nafi Ngom Keïta contre le Premier président de la Cour suprême, Mamadou Badio Camara, et la présence de l’Exécutif au Conseil supérieur de la magistrature ont été au menu des débats.
Même si tout semble s’estomper, le différend entre l’Union des magistrats sénégalais (UMS) et Me Mame Adama Guèye est loin de connaître son épilogue. Du moins, c’est qui ressort des débats à huis clos de l’Assemblée générale ordinaire de l’UMS, tenue le week-end passé à Saly. En fait, dans son rapport moral d’activités, le Bureau exécutif de l’instance dirigeante des magistrats a exprimé ses inquiétudes quant à l’issue du différend né des accusations de corruption portées contre des magistrats. Le président Magatte Diop et ses collègues du bureau ont confié à l’assemblée qu’ils ignorent la suite réservée à leur plainte adressée au Procureur général près la Cour d’appel de Dakar qui ensuite a saisi la Section de recherches de la gendarmerie. Et depuis l’audition du président de l’UMS, ils ne sont plus au courant de rien, y compris d’une sanction disciplinaire contre l’ancien Bâtonnier.
Cependant, d’après nos sources, le Procureur Général Lansana Diaby Siby a donné des précisions par rapport à l’affaire. Il a, dit-on, tenté de rassurer ses jeunes collègues en les invitant à ne pas avoir de craintes, car la procédure suit toujours son cours. D’après toujours nos sources, le parquetier a fait savoir à l’assemblée qu’il n’attend que la réaction du Bâtonnat qui a promis de prendre des sanctions contre Me Mame Adama Guèye. En un mot, le PG a affirmé que l’affaire, du reste ‘’très sensible’’, sera menée à son terme et en toute impartialité, puisque les droits des parties seront respectés.
La polémique suscitée par la sortie de l’ex-présidente de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC), Nafy Ngom Keïta qui reproche au Premier président de la Cour suprême de refuser de faire sa déclaration de patrimoine, a aussi été évoquée. Selon nos sources, le débat a été soulevé par le magistrat Alioune Niane qui a condamné l’attaque contre leur collègue. Aussi, a-t-il exhorté l’UMS à servir de bouclier à Mamadou Badio Camara. L’invite n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd, car le BEN compte sortir une résolution pour soutenir leur collègue.
Nafi Ngom Keïta invitée à savoir raison gardée
D’ailleurs, lors de l’interview avec les journalistes à la fin de la cérémonie d’ouverture, le président de l’UMS, le juge Magatte Diop a invité Nafy Ngom Keïta ‘’à savoir raison garder et à arrêter de polémiquer et de s’épancher sur la question et attendre que la Cour Suprême se prononce par rapport à son recours’’. Très furieux contre l’ex-vérificatrice générale, il a martelé : ‘’Nous ne permettrons à personne de raconter n’importe quoi sur les magistrats et qui plus est sur le Premier président de la Cour Suprême. (…) Ce n’est donné à personne de dire qui doit faire sa déclaration de patrimoine. C’est une loi qui le dit. Et si la loi n’est pas très claire, il faudra tout juste l’interpréter ‘’.
Lors de l’assemblée générale qui s’est déroulée dans une ambiance très calme, la question du Conseil supérieur de la magistrature a été également agitée. D’après nos sources, l’ancien président de l’UMS, le juge El Hadj Adoul Aziz Seck, a dénoncé son fonctionnement. A en croire nos informations, il a expliqué, en tant qu’ancien membre élu, que lui et ses collègues n’étaient informés qu’à la dernière minute de la tenue du conseil. Parfois, à une heure du pré-conseil. Ce qui fait qu’ils ne pouvaient pas se préparer en conséquence, afin de pouvoir de jouer pleinement leur rôle. C’est la raison pour laquelle, le juge d’instruction à la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) a préconisé des réformes visant à augmenter le nombre de magistrats élus, afin qu’ils soient majoritaires. Des critiques n’ont pas manqué et il a été suggéré à l’actuel bureau de l’UMS de se battre davantage pour l’indépendance de la justice et non pour des questions matérielles. Des critiques que le BEN a rejetées, tout en réitérant sa ferme sa volonté de défendre toujours cette indépendance.
FATOU SY