Un quartier fantôme niché au cœur de Ziguinchor
Le non-lotissement de ce quartier constitue le goulot d’étranglement à partir duquel naissent tous les écueils et contraintes multiformes auxquels font face, chaque jour durant, les habitants de ce quartier fantôme niché au cœur de la capitale méridionale du pays.
Dans presque toutes les villes du pays, il existe des quartiers qui ne répondent pas du tout aux normes d’urbanisme primaire. La commune de Ziguinchor n’échappe pas à la règle. Le quartier Néma fait partie de ceux-là. Né en 1957, selon le chef de quartier, Néma 2, où vivent près de 22 000 âmes, souffre de son non-lotissement. Aucune infrastructure socio-économique de base n’a été réalisée depuis lors. Pis, le quartier fait face à un manque d’assainissement. «Nous avons l’impression d’être des non-Sénégalais. Jamais une autorité étatique ne nous a rendu visite pour s’enquérir des nombreuses difficultés auxquelles nous faisons face chaque jour. Plus le nombre d’occupants s’accroît, plus notre situation devient inquiétante», regrette le chef du quartier, Nouha Seydi Sall.
Situé sur la route qui mène au camp Sapeur-pompier et à l’Université de Ziguinchor, à quelques encablures de la Compagnie de Brigade de Ziguinchor, Néma 2 rassemble fort bien à ces quartiers sans âme. Pourtant, l’étranger qui se rend vers l’institution universitaire ou encore au quartier Kenya, à la périphérie de la capitale méridionale du pays, réalise à peine que dans ce quartier, des Ziguinchorois de toutes catégories socioprofessionnelles souffrent le martyre. Il suffit de pénétrer au plus profond de ses « entrailles » pour s’en rendre compte. A Néma 2, WC, eaux usées, puits traditionnels, habitants et bétails se côtoient, chaque jour. Évacuer un malade ou encore intervenir en cas d'incendie relève d’un vrai parcours du combattant. L’inexistence de route et les quelques raccordements sauvages d’électricité donnent l’impression de se trouver dans un « milieu exclusivement conçu pour des abandonnés de la république ».
Ce quartier qu’il urge de restructurer a reçu hier la visite du ministre en charge du Renouveau urbain, de l’Habitat et du Cadre de Vie. Diène Farba Sarr qui séjourne dans la capitale méridionale du pays depuis deux jours maintenant a décidé d’agir pour, dit-il, « transformer les larmes de douleur, de peine des populations en larmes de joie et de bonheur ». Le ministre a promis d’envoyer, après la Tabaski, une équipe technique en vue de la restructuration de ce quartier que les populations appellent de tous leurs vœux.
HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)