Publié le 9 Nov 2016 - 17:42
MEURTRE DE NDIAGA DIOUF

Barth retrace le film des évènements…

 

Le député socialiste et maire de Mermoz-Sacre-Cœur a présenté hier une déclaration écrite à ses collègues parlementaires. Histoire de retracer les événements qui ont occasionné la mort de Ndiaga Diouf.

 

Le compte à rebours a démarré dans ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire Ndiaga Diouf. Du coup,  le député socialiste incriminé dans le meurtre de ce dernier a tenu à rappeler hier, devant ses collègues, les circonstances de cette affaire.  Dans une déclaration, Barthélémy Dias a jugé important de reprendre dans leurs grandes lignes le fil des événements afin d’éclairer la lanterne de ‘’celles et ceux d’entre vous qui ignoraient mais aussi de rafraîchir la mémoire de ceux qui auraient oublié après tout ce temps’’.

A ses pairs, le maire socialiste a déclaré qu’il était à l’époque un opposant politique face au régime en place dirigé par le président Abdoulaye Wade, Secrétaire général du Pds. ‘’Le 21 juin 2011, à la tête de mes camarades jeunes, nous avions engagé, au marché Sandaga, au cœur de Dakar, un mouvement de protestation contre le régime. Cette manifestation, réprimée, eut un grand écho, d’autant plus qu’elle avait coïncidé avec la réunion que la Raddho avait convoquée pour le 22 juin 2011, au Centre Daniel Brottier de Dakar. Cette rencontre devait rassembler l’essentiel des leaders politiques et de la société civile’’, s’est remémoré Dias fils dans sa déclaration. Avant de poursuivre : ‘’Une fois en salle, les jeunesses socialistes, ainsi que  des membres du mouvement Y’en a marre, forceront  les personnalités présentes à renoncer à discourir pour sortir affronter les gaz lacrymogènes des forces de l’ordre. L’écrasante majorité s’exfiltra par une porte dérobée mais nous autres, sortîmes pour faire face aux grenades lacrymogènes…’’.

Selon Barthélémy  Dias, tout a basculé dans la matinée du 22 décembre 2011. Il dit : ‘’Quelques centaines de nervis à bord de 6 véhicules pick-up, armés de tous les moyens (barres de fer, armes blanches, armes à feu, bidons d’essence, etc…) sont venus attaquer violement la Mairie de Mermoz Sacré-Cœur sise à la Sicap Baobab avec des jets de pierres, des propos menaçants et injurieux contre le maire que je suis.’’ Pour ne  pas se rendre justice, le maire de Mermoz renseigne avoir alerté la Police de Dieuppeul qui viendra ultérieurement avec un seul élément, à l’en croire. ‘’Quand je me rendis à l’évidence de l’incurie voulue et entretenue de l’Etat, je sortis de la mairie. Dès lors, les assaillants ont amplifié leur attaque à mon endroit. Face à cette violence, j’ai effectué, conformément à la loi, des tirs en l’air, c’est-à-dire des tirs de sommation. Automatiquement, ce furent des tirs directs de pistolets en ma direction et un échange de coups de feu s’en est suivi ainsi que le confirmeront le commissaire de Dieuppeul et le film de la Tfm’’, rappelle-t-il. Il précise toutefois que sur le théâtre des opérations,  personne n’est tombé, aucune flaque de sang n’a été constatée…

Aujourd’hui, il regrette que ce dossier soit agité au moment où, dit-il,  ‘’je prône l’indépendance du PS et souhaite aller à la compétition sous notre bannière propre ou à la tête d’une coalition autre que BBY lors des élections législatives et présidentielle à venir’’. Mais pour le maire socialiste, il n’est pas question de retourner sa veste ou de renier ses convictions. Il attend ainsi de ses collègues un rapport fidèle, notamment sur les commanditaires.

…Me Aïssata Tall Sall invite l’Assemblée nationale à faire son travail

La commission ad hoc de l’hémicycle a entendu hier le maire de Mermoz-Sacrée cœur afin de pouvoir se prononcer sur la levée de son immunité parlementaire. Pour Aïssata Tall Sall, avocate de Barthelemy Dias, l’Assemblée doit faire son travail dans cette affaire qui est plus politique que judiciaire.

  Le maire de Mermoz-Sacrée Cœur s’est présenté hier à la commission ad hoc de l’Assemblé nationale pour se faire entendre par ses collègues. Ceci, dans le cadre de la demande de la levée de son immunité parlementaire formulée par le Parquet. Qui entend traduire le parlementaire devant la barre pour le meurtre de Ndiaga Diouf survenu devant sa commune le 22 décembre 2011. Après l’audition du maire socialiste par ses collègues, son avocat a invité l’Assemblée nationale à faire son travail conformément à la loi et dans le respect des principes constitutionnels.

Pour Me Aïssata Tall Sall, la séance tenue hier à l’hémicycle a été  solennelle mais aussi très grave pour les députés à qui on demande de lever l’immunité parlementaire d’un des leurs. ‘’Vous imaginez bien ce qui peut habiter leur conscience et leur responsabilité. Et sincèrement, je crois que les députés auxquels j’ai fait face ce matin (hier) ont pleinement conscience de cette responsabilité’’, fait savoir la robe noire. L’avocate renseigne que son client a produit une déclaration liminaire consignée par écrit pour que ses idées restent et que personne ne puisse les travestir.

‘’Barthélémy a rappelé les circonstances politiques de l’époque qui ont mené à l’agression dont il avait été victime. Tout le monde sait que cette affaire est plus politique que judicaire. Il a laissé la déclaration entre les mains de ses collègues  en âme et conscience et, devant leur seule conscience et Dieu, ils jugeront ; et on attend sereinement leur décision’’, clame la mairesse de Podor.

Toutefois, Me Aïssata Tall Sall qui reconnaît qu’il y a eu mort d’homme lors ces échauffourées souhaite que la lumière soit faite sur les véritables commanditaires de cet acte. ‘’On prouvera l’innocence de Barthélémy Dias devant le Tribunal. Nous ferons le nécessaire pour que les commanditaires et tous les témoins comparaissent à la barre’’, promet l’avocate. Aussi, n’a-t-elle pas manqué de rappeler que son client avait introduit une demande de levée de son immunité parlementaire depuis 2014 mais sans succès.

Me Aïssata Tall Sall et son client seront fixés sur leur sort vendredi prochain, date des plénières, pour voir si oui ou non l’immunité de Dias fils sera levée.

HABIBATOU TRAORE

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